Une Semaine, un Chapitre

Enfin, il y eut un matin différent des autres : un matin d’arrivée, un soleil plus proche, des rivages plus beaux. John, en jean et chemise rayée, le chapeau enfoncé sur le crane, ausculte à la longue vue les cotes bretonnes. De l’autre main, il ingurgite des haricots, piochés dans une boite de conserve avec un reste de bacon qu’il trempe dedans.
- Vous le voyez ? Vous le voyez ?
- Je cherche, répond JB à Steamer, mais il est encore trop tôt pour le trouver.

Quel terrible discours pour John ! Il se souvient de ses propres paroles : l’île inhabitée et l’habile façon avec laquelle il s’était débarrassé des pirates sans faire couler une goutte de sang. Des sueurs froides lui viennent rien que de penser à la probabilité qu’ont ses compagnons, en s’enfonçant dans la forêt, de trouver les tas de types morts, éparpillés et en pièces sur plus de cent mètres…

Capsoul, à l’orée du bois, frétille de contentement. Johanna exulte.

- Ah ! dit John, comme l’air marin me fait du bien !
Johanna, accoudée à l’avant du bateau regarde devant elle courir une eau infinie et toute bleue. Dans son esprit de grande amoureuse, elle s’est persuadée que plus l’on regarde les choses, plus on en prend la couleur. Et des yeux bleus, Johanna en rêve depuis qu’elle a vu le bel inconnu.
- Ah, soupire Johanna, portée par une mélancolie qu’elle n’a encore jamais éprouvée.
- Ça ! dit John. L’aventure nous tend les mains, nous prend par les pieds, par les jambes, et mon fils soupire ainsi !