On pourrait reprocher au film de n’avoir aucune intrigue. De n’être qu’une suite de sketches plus ou moins bien réussis. Erreur… L’invasion de la nature sur la culture, ainsi que la réapparition et le suivi de nombreux personnages construisent une trame narrative tout à fait correcte, peut-être un peu trop ampoulée par la mise en abyme finale, mais qu’importe : on s’est bien amusés. Et, comment reprocher à un réalisateur de ne pas utiliser les œuvres d’art comme miroirs ?

Bien sûr, Musée haut Musée bas est composé de scènes mieux réussies que d’autres : les personnages de Sulki et Sulku, bien que très attachants, ont des scènes sans doute un peu longues. Idem pour les gardes du musée des mammouths, dont les dernières minutes semblent s'éterniser… Un rapport au mammouth, sans doute...

Mais Musée haut musée bas, pièce de théâtre à l’origine, condense toutes les formes d’humour possibles et imaginables. Jean-Michel Ribes réalise le pari plutôt osé de mêler aux musées habituels un musée du comique.
Le comique de répétition est là, avec par exemple la classe d’adolescents qui court et crie dans les couloirs sans tenir compte du professeur ou alors un guide qui s’escrime à faire trouver la bonne prononciation de Paul Gauguin à un groupe d’étrangers. Un comique de situation ? N’ayez pas peur, y en a plusieurs ! Des phrases cultes ? Vous en trouverez aussi… Il suffit d’imaginer Valérie Lemercier expliquer à son amie que pour elle, l’art moderne commence aux grottes de Lasco…

Finalement, les instants les plus sérieux et les plus surréalistes se révèlent dans l’approche de l’art moderne, définitivement incompréhensible ! Jusqu’où peut aller l’art contemporain ? C’est ce qu’interroge le film Musée haut musée bas en montrant par exemple une œuvre où l’œuvre est le spectateur (immersion dans une pièce de 7 personnes qui, quoiqu’elles fassent, créent de l’art en parlant, en bougeant, en éternuant, etc), ou encore un meurtre au sein même du musée, qui est perçu comme une mise en scène artistique… Bien évidemment, on peut considérer cette mort comme une disparition. Mais une œuvre apparaît au-delà de cette mort, explique le créateur : il y a apparition dans ce geste et non disparition ! Drôle à souhait !


Note : 9/10
Musée haut musée bas regorge d’imagination et de fantaisie. La brochette d’acteurs est flamboyante (Valérie Lemercier, Fabrice Luchini,Josiane Balasko, Daniel Prevost, etc), à l’image de Muriel Robin en belle bourgeoise à la recherche pendant tout le film des peintures abstraites de Kandinski !
Un film osé, qui mérite d’avoir du succès ! Oubliés Astérix aux Jeux Olympiques, Disco, et autres gros pâtés informes.
Musée haut musée bas vous réconciliera avec les comédies françaises.