Julien (Vincent Lindon), banal prof de français, prend le petit déjeuner avec son fils, Oscar, un an. Lisa (Diane Kruger), la mère, prend, comme tous les matins, une photo de la petite famille. Quand soudain, la police entre : elle arrête la jeune femme pour meurtre. Oscar, un an, pleure.

Bien vite, le suspense lié à l’innocence ou la culpabilité de la mère est levé, pour un suspense bien plus lourd de conséquences : Julien, parce que la demande de libération est rejetée, décide lui-même de délivrer sa femme.
Jusqu’où peut-on aller par amour ? Loin. Très loin, trop loin ? Pour elle pose la question, et y répond.

L’atmosphère du film, dès l’arrivée de la police, devient malsaine, tendue, poisseuse. Le spectateur est mal à l’aise, plongé dans une tension similaire à celle que Funny Games instaurait. De longs plans fixes sur une action quotidienne deviennent dérangeants, effrayants : tout peut s’y passer, tant l’atmosphère trouble est aigue. Pour elle, comme le film de Michael Haneke, raconte l’histoire d’une famille aux prises avec des forces plus puissantes qu’elle : de jeunes « immortels », la police.

Du coté de l’identification aux personnages, il n’y a rien à dire : Fred Cavayé fait vibrer le spectateur. Julien pourrait tout faire, que le spectateur l’apprécierait encore. Car comme lui explique le roi de l’évasion, pour parvenir à s’évader, il faut être prêt à tout, même à tuer. Comment accuser des innocents mène à la violence, raconte Pour elle.

Autant dire que la justice et la police, ne sont pas les gentils dans l’affaire… Chaque policier brille par son interchangeabilité. A l’inverse, on se souvient avec bonheur de la complicité silencieuse qui relie le père à son fils, du petit Oscar qui imite son père en dessinant sur les murs. Aucune fausse note dans le jeu des acteurs : Vincent Lindon, qui brillait déjà dans le surréaliste La Moustache, a le visage de l’emploi, un charisme imposant. Diane Kruger, magnifique et pale, joue à merveille la femme anéantie par des mois de détention, sans jamais sombrer dans le pathétique.

Pour elle est bouleversant, et laisse bouleversé. Imaginez-vous sortir d’une séance avec des courbatures, en état de choc, encore, comme si vous aviez couru des heures et joué le tout pour le tout pour sauver votre amour.


Note : 9/10
Il faut oublier les quelques incohérences du scénario, mineures. L’atmosphère de Pour Elle, tissée par Fred Cavayé et le jeu des acteurs, vaut à elle seule le déplacement.