Une pure affaire est une comédie grinçante et acide, qui manque plusieurs fois de se transformer en drame ou en thriller.
Les situations cocasses s'enchaînent : nous suivons des héros dealers qui ont des visages de gentils, de parents. Bien vite des règles s'instaurent : on refuse de vendre à un enfant, on essaie de faire arrêter ceux qui n'ont pas assez d'argent, etc.
C'est la naissance du dealer papa, très loin des autres films consacrés à la drogue.

Le comique de situation est absolument savoureux puisqu'Alexandre Coffre met ses personnages comiques dans des situations qui tiennent presque du thriller (la rencontre avec le patron du trafic par exemple).
Le milieu de la drogue devient proche et ses règles cinématographiques tombent : le poids est mesuré n'importe comment, le dealer ne goûte pas le produit mais s'en met partout par manque d'habitude et par maladresse : le pantalon, le visage. David apprend peu à peu un autre métier, la scène de l'enregistrement du répondeur étant l'une des meilleures ! Comment communiquer avec son client sans parler du nom du produit, sans risquer de se faire attrapper. David, avocat, passe de l'autre côté de la barrière, sans regrets.

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Le couple d'acteurs est épatant. Pascale Arbillot en mère de famille limite un peu versaillaise est impeccable. Quant à François Damiens, son personnage irradie de gentillesse, de bêtise aussi. Le couple fonctionne aussi très bien et c'est un plaisir de voir l'évolution de ces personnages au fur et à mesure du film.
Impossible d'oublier Didier Flamand, le père de Christine Pelame : médecin à la retraite, il est décontracté et droit dans ses bottes. Mais jusqu'à quand dans cette famille qui habite un petit pavillon joliment décoré, avec au sous sol des parents qui pèsent les grammes de cocaïne !

Si on rit, le film aborde aussi les problèmes de la classe moyenne : la difficulté de confronter ses rêves à la vie que l'on a finalement, l'éducation des enfants où n'importe quel faux pas peut mener à désinhiber les enfants de toutes les règles déjà apprises, et aussi la difficulté de vivre en suivant les règles établies par la société. "C'est net d'impôt" répète plusieurs fois David en regardant tous ses billets de 100 et 500 euros. La répétition est drôle, avec en fond une constatation amère : quand on respecte la loi on se fait plumer.

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Une Pure affaire comporte néanmoins un souci de rythme et des passages moins réussis que d'autres. Les personnages secondaires n'intéressent pas vraiment, qu'il s'agisse de l'antipathique Brice (Laurent Lafitte) et du grand patron interprété par Gilles Cohen.
L'idée de mêler des éléments du thriller dans la comédie est excellente et parfois très réussie (la scène du restaurant) mais souvent un peu hésitante (scène finale au bureau, le patron chez la famille). Le spectateur ne sait plus vraiment s'il doit être mal à l'aise ou s'il doit rire.


Mon avis sur Une pure affaire d'Alexandre Coffre : 6,5/10
Une Pure affaire est une comédie française originale et acide : mon type de comédie préférée, loin de la potacherie ou du romantisme américain, et loin des comédies françaises au mauvais goût prononcé.


Bande annonce Une pure affaire d'Alexandre Coffre