Le film opte pour une symbolique multiple, avec un travail sur la figure de l’enfermement et du cercle : le bonnet, le piège, la cave, et surtout ces bateaux ou ce pingouin, prisonniers d’une bulle de verre, prisonniers d’un monde parfait.
Lovely Bones est peut-être l’un des films les plus personnels du réalisateur, Peter Jackson y livrant une vision du cinéma précise et rêvée : ce labyrinthe de l’entre-deux, où est coincée Susie, n’est rien d’autre que le cinéma, le film lui-même, pensé comme une étape transitoire entre l’avant et l’après où la théorie des contraires et le développement de l’imaginaire trouvent leur totale liberté.
Ainsi, au rythme de l’humeur de Susie, l’entre deux se transforme, prenant tantôt la forme boueuse et sale du cauchemar enduré, tantôt la forme colorée d’un rêve adolescent. Le cinéma, c’est la pensée, l’inconscient, le moyen ultime d’être sans plus exister.

Hélas, Lovely Bones se perd dans une esthétique glauque par-ci, kitch-new-age par là : l’usage démesuré du fondu au blanc n’apporte rien sinon une lourdeur à l’ensemble, tout comme les scènes spatiales, visant à représenter sans imagination une vision téléphonée et caricaturale de la disparition.
Quant aux paysages de l’entre-deux et du paradis, ils convainquent la plupart du temps mais sont sans doute trop utilisés, rappelant l’univers d’un certain Terry Gilliam, qu’on apprécie ou non.
Pourtant, un élément échappe à la lourdeur ambiante : la voix of, légère et aux intonations poétiques. Peter Jackson peut aussi transformer un élément narratif souvent pesant en murmure aérien.

Le problème majeur d’une mise en scène souvent ampoulée réside dans l’évaporation de l’émotion. L’histoire est tragique, les acteurs le font ressentir, et plusieurs fois, les larmes aux yeux arrivent, particulièrement au milieu du film. Mais les effets de style, qui entrecoupent ces scènes, rappellent le spectateur à la fiction et font sécher ses larmes.
Les références à Ghost, trop voyantes, ont le même effet, comme lorsque Susie appelle son père dans la rue, sans que celui-ci puisse la voir.


Mon avis sur Lovely Bones : 7/10
Lovely Bones est un film émouvant, malgré les quelques éléments de mise en scène superflus et les paysages quelquefois kitchs des mondes inventés.
Le traitement des personnages reste un très bon point du film, avec par exemple la grand mère alcoolique et maniérée, ou l’autre sœur (Lindsey) émergeant par exemple le jour où la mort de Susie est annoncée, comme pour tenter de rectifier ou d’apaiser l’horreur qui se trame, tout en amorçant une prochaine étape dans cette même horreur.
Lovely Bones est une histoire terrible, qui suit les derniers jours d’une enfant condamnée, pour ensuite l’entendre, et vivre avec elle ces instants étranges de l’entre-deux.
Un conseil : voir ce film un jour de grand moral, lorsque les étendues de champs de maïs, été comme hiver, ne peuvent pas avoir d’effet dévastateur sur vous.


Bande Annonce Lovely Bones de Peter Jackson



Anecdote sur Lovely Bones
Dans Lovely Bones, le tueur, Monsieur Harvey, incarné par le pauvre acteur Stanley Tucci est un personnage sans une once d’humanité. Difficile de jouer un tel rôle.
Mais l’acteur a au moins pu profiter de la science d’un profiler spécialiste en sciences du comportement pendant le tournage, ainsi que d’un interrogatoire face à de véritables agents du FBI pour mieux saisir toute l’étendue de son rôle…


Sur une semaine un chapitre vous pouvez aussi retrouver le billet sur la BO ''Lovely Bones''.

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