Terry Gilliam commence l’histoire trois jours avant les 16 ans de l’enfant (une fille : Valentina, incarnée par Lily Cole), présentant le théâtre du Dr Parnassus comme une roulotte itinérante faite de bric et de broc, qui n’attire plus personne hormis quelques alcooliques.

L’imaginarium, qu’est-ce que c’est ? La possibilité pour chacun des spectateurs de la troupe, en passant dans le miroir situé sur scène, de découvrir le visage de son imaginaire, de tous ses plus grands rêves. Ainsi, pour une jeune femme dégotée dans un grand magasin, l’imaginarium se remplit d’immenses chaussures avant de se transformer en rivière avec la gondole façon Venise.

Trois jours avant le fatidique anniversaire, le diable revient et propose un nouveau pari à Parnassus, très affaibli et imbibé d’alcool : le premier qui gagne cinq âmes choisit ce qu’il fait de Valentina.
L’arrivée de Tony, un pendu jamais mort grâce à un petit tour de passe passe, est considérée comme du pain béni par le Dr Parnassus. Il a perdu la mémoire, mais décide d’aider la petite troupe à changer son spectacle pour le mettre au goût du jour. Tout redevient possible : un public se forme, chacun rêvant de passer derrière le miroir.

L’imaginarium du Dr Parnassus joue d’un aller retour constant entre un fantastique coloré et magique situé derrière le miroir et une réalité plus miséreuse : celle d’une troupe dans le besoin, trop souvent rejetée hors des villes.
Le diable, dans le film, joué par Tom Waits a la prestance d’un comte ou d’un baron, les idées surréalistes d’un Dali, décidé à danser le tango avec la jeune Valentina avant son choix fatidique. Tony, le miraculé de la corde, lui ressemble : beaux habits, un tango à lui, partagé avec la rêveuse de chaussures géantes. Il s’agit du personnage le plus ambivalent, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre puisqu’il est interprété par trois acteurs : Heath Ledger, qu’il a fallu remplacer à sa mort par Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell. Le film articule savamment ces transformations de visage grâce au jeu du reflet, sans pour autant gêner le spectateur dans son appréhension du personnage de Tony.

Pourtant, ni l’histoire ni la texture des personnages ne sont vraiment inoubliables : il s’agit basiquement d’un combat entre le bien et le mal, dont le prix est une jeune fille, dotée d’un chevalier servant jeune et pur, mais sans grande consistance, et d’un père alcoolique à la dérive…


Mon avis sur L'imaginarium du Dr Parnassus : 6,5/10
L’imaginarium du Dr Parnassus propose un univers fantastique agréable et drôle (mention spéciale à la petite comédie musicale des policiers qui essaient d’engager des tueurs à gage pour utiliser leur violence à des fins nationales), tout droit venu du surréalisme.
Pourtant, L’imaginarium du Dr Parnassus ne vaut pas un Tim Burton, la faute peut-être à cette facilité de distinguer deux univers : l’un où tout est possible, l’imaginaire, et l’autre, la réalité, où les rêves restent toujours déçus.


Bande annonce : L'imaginarium du Dr Parnassus, Terry Gilliam