Antoine de Maximy part trois mois aux Etats Unis avec un but : rallier Los Angeles en partant de New York. Aller dormir à Hollywood, cet ouest tant espéré, tant idéalisé : le lieu où rêvent les stars. New York, Dayton, Miami, Louisiane, Nouvelle Orléans, Houston, New Mecico, Arizona, Los Angeles : Antoine de Maximy embarque ses spectateurs pour un périple de 1h40, qui aurait très bien pu se rallonger encore, tant l’idée, les rencontres et le montage, forment un cocktail détonnant et apprécié.

Le film n’est pas un documentaire, mais bien plutôt « un road movie subjectif », comme le décrit Antoine de Maximy. Et en effet, dans J’irai dormir à Hollywood, la subjectivité est reine, puisqu’avec des centaines d’heure de vidéo d’une aventure subjective, il a fallu sélectionner moins de deux heures !

Le portrait que le réalisateur dresse des Etats Unis, hors des sentiers battus, s’intéresse aux minorités : les amish, les indiens, les noirs, les juifs, et plus généralement, à des personnages dont le point commun est d’être fascinants, déroutants, hauts en couleur.
Antoine de Maximy rencontre par exemple un jeune homme tout à fait sympathique qui lui donne sa vision de la France : une France où tout le monde parle arabe, une France en guerre, qui, il l’espère, restera la plus forte. Sa référence : Charles Martel et sa puissance ; un peu lointain en ce XXIème siècle !
Il y a aussi cet homme rencontré dans le train, qui a encore une journée de liberté avant de se présenter à une quelconque prison pour 15 ans de réclusion. Son crime ? Il avait une arme, et aucun port d’arme, racontera-t-il…
Dans cette jolie galerie de portraits uniques, un homme qui demande à aller à l’hôpital, avant d’entrainer Antoine De Maximy chez lui : « Je veux te montrer ce que j’ai fais », dit-il. L’ambiance se fait oppressante et le spectateur s’attend presque à voir surgir d’un placard le cadavre de la mère : J'irai dormir à Hollywood est ainsi, puisant d'étranges et divines atmosphères dans les plus brèves rencontres.
Et comment oublier ce vieil acrobate de 95 ans qui s’étire dans les jardins et les rues de New York ?

J’irai dormir à Hollywood est un film décalé. Le spectateur le ressent dès les premières images qui suivent le générique : il s’attend à découvrir Antoine de Maximy dans un avion, et c’est à un saut en parachute qu’il assiste ! Suit une découverte, au plus près, de l’Amérique de la pauvreté, de la précarité et de l’entraide. Les sujets, difficiles, sont pourtant traités avec un certain humour, et les répliques des américains, quelquefois hautement surréalistes, ne peuvent laisser le spectateur indifférent.

La vision des Etats Unis, après ce long voyage, est ainsi, pour Antoine de Maximy : un peuple qui a le sens de l’humour et le sens de l’accueil, malgré les difficultés qu’il traverse. Et pourtant, le film ne sombre ni dans le mélo facile, ni dans la dénonciation engagée. J’irai dormir à Hollywood est un hommage au voyageur à l’aventure et aux personnes qu’il croise : un hommage à l’homme anormal, pourrait-on dire, et donc, à l’homme intéressant.


Note : 8,5/10. Certains pourraient reprocher le parti-pris trop étrange quant au choix des personnes qui figurent dans le film. Mais J’irai dormir à Hollywood n’est pas un documentaire, et l’intérêt se situe justement sur les chemins de traverse qu’il aborde. Aux Etats Unis, pas besoin d’aller à Hollywood pour rencontrer des personnes fascinantes (les stars, que l’on croit fascinantes mais le sont-elles ?). Le hors-norme, l’intriguant, ça se trouve dans la rue… Préparez vos bagages !