Tom Hardy est grandiose. Il donne au personnage une texture et une complexité souvent rares au cinéma. Les gros plans sur son visage, d’une texture magnifique, interrogent avec virtuosité la nature de cet homme. Qui est-il ? Un fou ? Un grand enfant ? Un artiste de génie ? Un homme qui ne sait s’exprimer que par la violence ?
Bronson est impossible à cerner, et a conscience de cette liberté : « On ne me met pas dans une case » dit-il à son professeur de dessin. Bronson, ou l’itinéraire d’un corps enfermé durant des décennies, mais d’un esprit jamais résumé, jamais simplifié.
Et en effet, comment mettre en boite un homme qui prend soin de ses moustaches et arbore une allure vestimentaire rétro et classe, demande à sa mère où est son lit d’enfant quand il sort de plusieurs années de prison, et, toute sa vie, n’a qu’un désir : se battre ?

Chez ce personnage bigarré, on trouve un amour de la mise en scène. Bronson aime le spectacle, et ses dernières « prises d’otage », ses derniers coups d’éclat en prison se parent du voile de l’art dans plusieurs scènes de peintures corporelles ! Bronson joue des poings avec une esthétique presque dansée, Nicolas Winding Refn magnifie chaque plan : la violence est un art. Et le sang devient peinture.
Ce lien à l’art, Nicolas Winding Refn l’évoque dès le départ : l’un des espaces du film n’est autre qu’une scène de théâtre où Bronson, avec un maquillage de clown toujours différent, retrace les années de sa vie. Voilà le rêve de Bronson réalisé : devenir célèbre. Ces scènes, nourries d’humour (Bronson qui incarne tour à tour lui-même et une infirmière vaut le détour) laissent un échappatoire au personnage. Bronson ne s’est-il pas finalement guéri par le rire, parce qu’il a remplacé sa violence artistique par une nouvelle forme d’art plus policée et plus académique ? Un grand violent ne cache-t-il pas un artiste incompris ? Le film Bronson pose la question, instinctivement.

Ce film britannique, passionné d’art, entre dans la lignée directe d’ Orange mécanique de Kubrick : la musique classique dans les scènes violentes, les traitements médicaux extrêmes donnés aux incompris de la société, ou encore la forte présence du spectacle dans la mise en scène de la violence se retrouvent dans Bronson avec la même volonté de choquer et d’être artiste en même temps.


Note, Bronson: 9/10
La réalisation est magnifique, l’esthétique originale et virtuose. Nicolas Winding Refn se balade dans le dictionnaire des effets cinématographiques comme Bronson joue du point, avec classe et dynamisme, imagination et réalisme.
A ne pas rater : la scène du thé et la soirée disco dans l’asile d’état.

Petite info biographique : Michael Peterson, dit Charles Bronson, est toujours en prison au Royaume Uni. Il a aujourd’hui 57 ans.


Bande annonce Bronson de Nicolas Winding Refn




Et voici le lien pour écouter la bo "Bronson"