Le synopsis annonce un film entre réalité et imaginaire, réalisme et fantastique : Pénélope nait, au grand dam de ses parents, avec un groin. Malédiction familiale, et vrai manque de chance : seule la première fille de la famille est victime du sortilège. Pour contrer la malédiction, une solution : Pénélope doit épouser un jeune noble. Mais son nez, plus embêtant que le nez de Cyrano, fait fuir l’ensemble des prétendants.
Le seul problème, c’est que ce nez n’est pas si affreux, et plutôt absurde à l’écran… Difficile de rentrer dans cet univers coloré, molletonné, avec en plein milieu de l’image cette étrange protubérance, plutôt amusante. Alors, les réactions terrifiées des jeunes partis aristocrates apparaissent bien exagérées…
Comédie dramatique, Film fantastique, écrit-on. Au bout de vingt minutes, c’est pourtant le genre de la farce qui semble se dégager, d’où une petite indigestion générique quant à savoir, finalement, de quoi il s’agit.
Edward, sans doute, participe de cette impression farcesque, avec des mimiques relativement exagérées. On se croirait presque devant un personnage de dessin animé. Heureusement, Max sort du lot : entre bon cœur et propension au jeu, sa voix ensorcelante contraste avec ses tenues pas toujours propres et son besoin d’argent.
La deuxième partie du film s’envole, à la suite de Pénélope qui quitte la maison (prison) dorée pour découvrir le monde. Une magnifique scène de bulles de savon tournoyantes mêlée à un manège illuminé : il y a beaucoup de bulles, oui, et beaucoup de lumières, mais on l’a compris, le film ne prônera pas la demi-mesure.
Des rencontres s’enchainent dans le bar conseillé par Max, une amitié se noue, et Pénélope, de monstre recherché passe au statut de star. Toujours poursuivie, mais jamais de la même manière : on s’arrache sa photo pour montrer un monstre, puis pour mettre en première page un être étonnant de contrastes. Avoir un groin et jouer du piano, voilà une une qui va faire vendre… Car au passage, le film se plait à lancer une critique des médias très réussie : désir d’articles vendeurs, et téléréalité dans une formule plus familiale, puisque les parents de Pénélope regardent les réactions des prétendants dans la cuisine, en se goinfrant de popcorn.
Pénélope vit dans un monde de l’image, et elle ne peut montrer la sienne.
La fable s’adresse à chacun, et surtout à chacun des petits défauts qui peuvent mettre mal à l’aise et écarter du monde. Alors c’était ça, sans doute, ce groin métaphorique, ce groin un peu trop dur à avaler : Pénélope nous dévoile un monde entre apparence et profondeur, amour des autres et amour de soi.
Voilà un rafraichissement coloré et virevoltant, où les personnages restent pourtant assez lointains, comme si le film, autant que Pénélope, avait été frappé par une étrange malédiction.
16
avr.
Pénélope de Mark Palansky
Par Ariane le mercredi, avril 16 2008, 21:40 - Films à l'affiche
Pénélope commence avec l’affiche. Une belle affiche verte, magnifique, avec une envolée enfantine de l’héroïne sur sa balançoire, qui laisse présager un univers rêveur et inventif à la manière de Big Fish de Tim Burton.
Vous aussi notez ce film !
8.9/10
- Note : 8.9
- Votes : 25
- Plus haute : 9
- Plus basse : 8
Commentaires
Donc en gros : sympa mais pas transcendant, si je comprend bien ?
C'est dommage, l'idée de départ est pas mal, mais même la bande-annonce me décevait un peu, il faut l'avouer... Du coup je ne suis pas allée le voir (lui préférant Juno, mais qu'on a pas vu non plus, manque de timing)
tout à fait Laeti: sympa, mais loin d'être transcendant.
Un petit côté artificiel de temps en temps, signe que le fantastique et l'imaginaire à l'oeuvre ne sont pas tout à fait maitrisés.
J'irais bien le voir, ton billet me donne envie d'aller me faire ma propre idée.
On verra si je prend le temps de me faire un ciné prochainement,
Pierre
J'aime me servir de tes billets pour me faire une vidéothèque et revenir lire la critique pour enfin pouvoir donner mon avis
Ici, il s'agit incontestablement plus d'une comédie romantique que dramatique, le tout sous couvert d'une fable ! Mais qu'importe, c'est tellement attachant qu'on pardonne !
Le côté décalé n'est pas dans l'univers-ambiance en lui-même, comme nous a habitué Tim Burton, mais plutôt dans le détail :
- Le journaliste qu'on s'attend à voir mener l'enquête avec le stéréotype du journaliste des années 30 est finalement supplanté par un autre, petit par la taille, mais grand par le charisme.
- Catherine O'Hara, la mère, qui est complètement à la masse et déjantée.
- Le majordome/sorcière, décalé dans ses quelques apparitions, surtout à la fin !
- Les titres des journaux, complètement ironiques sur la presse actuelle.
- Le coup des fenêtres blindées/paires de basket pour le majordome afin d'empêcher un quelconque prétendant de parler.
- Le majordome qui se venge à la fin de 25 années de supplice auditif
Et pleins d'autre petits détails encore !
Je n'ai qu'un seul regret : que le rôle de Reese Witherspoon ne soit pas plus développé que ça, car pour un fois, elle ne jouait pas une blonde décérébrée et avait de la bonne répartie ! Il aurait été intéressant de voir justement s'ils étaient ses vrais amis (Reese et le barman entre autre) en les confrontant à un rejet au début de Pénélope par la monde extérieur, parce que le fait que tout le monde accepte quasi d'emblée le personnage et l'érige au rang de star, juste pour pouvoir contraster avec Edward, c'est un peu dommage et trop facile à mon goût...
Mais un très bon moment quand même, et pi bon, Christina Ricci, toujours aussi belle, même avec son groin
!