Dans une ville mexicaine, un mur hérissé. Ce n’est pas Berlin, non. Un groupe de familles réside là, dans cette oasis moderne et riche. Autour : la ville mexicaine avec sa pauvreté, ses habitants. Un soir d’orage, la frontière tombe suite à la chute d’un panneau publicitaire. Les caméras de surveillance de la zone sont coupées, le panneau a pris la forme d’une échelle. Trois jeunes grimpent, pour voler. Le dernier, Miguel, suit ses amis sans qu’ils aient répondu à ses questions. Hésitant, et amoureux, c’est pourtant ce personnage qui est contraint de frapper une femme, réveillée pendant qu’ils volaient chez elle, une arme pointée vers ses amis. Une nuit. Quatre meurtres. Miguel caché, dans la zona, seul survivant : une prison dorée, dont il n’expérimente que les profondeurs immondes, l’inconscient torturé, lors d’une course-poursuite dans les égouts, suivie d’une arrivée sur le terrain des poubelles.

Dès lors, Rodrigo Pla donne la parole aux groupes : une entité malsaine, féroce et mauvaise.
Il y a les respectables personnages de la zona, et leur comité où l’on vote à mains levées des mesures qui mettent en cause les lois, ou même la dignité humaine : cacher les meurtres à la police dont ils ne voient que les défauts (pot de vin, violence), prendre les clés de la maison aux domestiques pour se rassurer personnellement.
De l’autre coté, on pourrait bien imaginer mieux de la police. Erreur. La troisième partie du film met en scène ce que dénonçaient le groupe de la zona : pots de vin, violence sur la jeune femme témoin et la mère de Miguel. Un passage, terrible, montre la police quitter la Zona, et Miguel courir derrière eux, pour qu’ils le laissent sortir de cet enfer. Mais la police ne s’arrête pas.
Alors il y a Alejandro, le fils. En présence de ses amis, il ne vaut pas mieux : battue armée pour se débarrasser du jeune garçon considéré comme violeur et tueur. Suivre les pas de son père… Heureusement, la mère est là. Sans groupe. Elle pense par elle-même. Elle est faite d’émotions plus que de peurs. Et si Alejandro avait parlé un peu plus avec elle…

La zona, propriété privée, c’est la modernisation d’un mythe : celui du bouc émissaire.
Alejandro n’y pourra rien : sa rencontre avec Miguel, d’abord sur un mode de dénégation et de violence, s’achève par un début d’amitié, un projet fait à deux, avec inconsciemment sans doute, le besoin de faire dire à la vidéo la vérité du cœur, plutôt que la réalité des caméras de vidéosurveillance. Mais le groupe n’est pas loin. Jamais. Sa stupide violence non plus.
Alors, voir Alejandro seul, dans une petite rue mexicaine, c’est respirer à nouveau devant cette liberté durement conquise, avec pourtant un point au cœur.

Un film troublant, donc, qu'on n'oublie pas en quittant la salle.
Dépêchez-vous, il risque de ne pas rester longtemps à l'affiche.