Ce week end, je suis allée deux fois au théâtre : j’ai rattrapé mon retard. Je vais parler des deux pièces que j’ai vu ci-dessous, assez simplement parce que l’analyse théâtrale n’est pas mon domaine de prédilection.

L’avare, de Molière, a été joué ce week end (du 22 au 24 novembre 2007) par une petite troupe d’acteurs éclairés. L’humour et le pathétique étaient là : deux sentiments que la pièce mélange avec habileté, et ici reproduits sans délaisser l’un ou l’autre. Prenons l’exemple du monologue de l’avare qui, ayant découvert que son argent a été volé, pleure, cherche, désespéré, comme s’il s’agissait d’un être vivant ! Mention spéciale à cet acteur, qui a tout simplement incarné le personnage d’Harpagon à la perfection. Pensons aussi aux bons mots qui parsèment cette pièce, avec par exemple l’immense quiproquo entre Cléante joué par Stanislas Babinet et son père l’avare lorsque le chauffeur-cuisinier (Maitre Jacques) va de l’un à l’autre et rapporte des propos que l’un ou l’autre n’a pas dit ! Ajoutons à ce cocktail de sentiments des touches d’anachronismes très séduisantes : Cléante parle en euro et porte une veste en cuir. Il y a des mises en scène où ce mélange entre passé présent ne donne rien. Ici, il démultiplie le rire du spectateur en lui donnant une perspective de l’avare quasiment universelle.

Puis, samedi, il y a eu West Side Story au théâtre du Châtelet. Théâtre grandiose. Spectacle grandiose. Tout est précis, calculé au centimètre près. Le décor est beau, les voix et les danses extraordinaires, et pour ne rien manquer, un petit écran en hauteur qui nous traduit dialogues et chansons. La mise en scène, originale, présente soit la rue dans un décor épuré, soit des façades inextricables, peuplées d’échelles et de voyous, de pièces et d’amour. Je vais rappeler brièvement l’intrigue de cette comédie musicale qui a donné lieu à un film de Robert Wise en 1962 : prenez Roméo et Juliette, adaptez-le dans le New York des années 1950s où un américain « pure souche » de la bande des Jet tombe amoureux d’une jeune portoricaine de la bande des Sharks… Amour qui semble impossible, et qui, on l’espère jusqu’au bout (et je ne dirai rien de la fin), va pouvoir vivre pleinement. Combat entre bandes rivales, amour pur et impossible : voilà les deux principaux thèmes de cette comédie musicale. Je vous laisse imaginer la beauté des combats, dansés et chantés, les voix transies d’amour de Maria et Tony, très classiques, voire lyriques. Ce mélange entre des morceaux lyriques et d’autres de l’ordre de la comédie musicale (América) insèrent dans la forme du spectacle un autre type de lutte qui ne peut que ravir les spectateurs. Classique et moderne s’entremêlent, musique américaine et sud américaine aussi. Dernière petite touche, de grande importance : un orchestre située entre la scène et les spectateurs interprète les partitions pour une émotion démultipliée. Un seul conseil : laissez-vous tenter par ce tourbillonnement de musique et de couleurs.

west side story 1

west side story 2