Retranscrire la folie, l’étrangeté de l’esprit, le film le fait magistralement : il n’y a pas que l’esprit de Renee, la mère, et celui de Jonathan, le fils, qui volent en éclat. Le cinéma et la photographie explosent, en laissant retomber de magnifiques plumes. Il faut les regarder en profondeur ces plumes, voir le sang ; la violence et la souffrance qui la maculent, mais cette blondeur entraperçue, profonde, ces yeux bleus qui respirent l’innocence. Tarnation est un autoportrait, un documentaire sur la mère, une histoire de famille, où chacun des membres est tout à tour monstre ou colombe : il y a cette grand mère, Rosemary, le rapprochement inévitable avec Polanski et dès lors, qui devient le vrai monstre ? La mère ? La fille ? Les deux, ou peut-être aucune, car l’enquête qui se joue sous nos yeux garde tout son mystère, au delà des révélations dans les liens aux siens : entente merveilleuse entre une mère et son fils après une enfance séparée, retrouvailles avec le père trente ans après. Quelque part, se glisse une anticipation d’Inland Empire de Lynch, là où justement se joue la référence au réalisateur dans l’adaptation de Blue velvet en comédie musicale. Il y a un amont, il y aura un aval. Et Jonathan vogue, porté par les restes photographiques et filmiques de sa vie, omniprésent, toujours : acteur et réalisateur de ses sketches délirants d’enfance, acteur de films étudiants, et, toujours, créateur d’images bouleversantes où les visages passent de la folie au calme, du rire au désespoir. Son rôle est double : il fait partie de cette histoire, et il mène l’enquête. Sa mère le lui fait remarquer ; pourquoi ne lâche-t-il pas un instant cette caméra… Peut-être alors qu’elle se confierait plus à lui… Mais Jonathan continue car le salut est là, dans le cinéma. Y retranscrire alors ses passions, ses peurs, ses obsessions, son amour des garçons, les effets de la drogue ou des électrochocs ; sa vie, cahotante, effrayante, tour à tour aimée ou détestée. Et quand on pense que tout cela commence par un début de conte de fées…
Un monde où la photographie et le cinéma s'emmêlent.
19
nov.
Tarnation de Jonathan Caouette, 2004 : un étrange joyau du cinéma contemporain
Par Ariane le lundi, novembre 19 2007, 12:27 - Films à l'affiche
Tarnation : carnation. Le film de Jonathan Caouette est chair, chair devant un esprit qui s’abîme, un abîme tourmenté. Tarnation ou comment raconter sa vie en passant par des bribes, filmiques, sonores, des images entrevues, brouillées, travaillées, transformées.
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Commentaires
Pas vu, mais pourquoi pas. Ca à l'air... intéressant
Quelqu'un d'autre l'a vu ?
Oh mince ! Quand j'ai survolé les titres, je pensais que c'était un des chapitres : c'est "Caouette" qui m'a fait me méprendre...( Caouette => cahuète, diminutif de cacahuète...:) )
Du coup je comprennais pas pourquoi le titre était pas comme les autres avec le chiffre du chapitre lol
Je dis non.