Au programme cocaïne, éther, acide, etc. L’addiction au jeu est absent de Las Vegas Parano – étrange pour un film qui se passe dans un casino. La thématique demeure pourtant, avec une addiction maladive à toutes les drogues imaginables, qui remplacent poker, blackjack et autres jeux de cartes.

L’usage de drogues, dans les scénarios, permet visuellement le déploiement de toute une artillerie d’effets et d’hallucinations : caméra qui tremble, effets de flou, plans brusques, personnages qui se transforment en monstre dotés de cornes ou d’immenses mâchoires, décor qui prend possession des personnages. Pour le réalisateur, ces substances semblent une bénédiction : tout devient possible. Les chambres d’hôtel sont mises à sac et la caméra, fidèle à ses personnages, est toute aussi camée.

On pense alors à des films tels que Trainspotting, Basketball Diaries, ou encore Requiem for a Dream, avec pourtant une différence au niveau scénaristique : si ces films racontent une histoire cohérente, Las Vegas Parano choisit de droguer à la fois sa mise en scène et son scénario pour une histoire qui se liquéfie peu à peu et tourne au bad trip puisque la seule histoire dans le film de Terry Gilliam, se résume à ce que les personnages, drogués au maximum, veulent bien inventer.

Plusieurs fois on craint pour la vie de nos deux terreurs : scène de la baignoire avec musique et électricité dans l’air, roulette russe au pistolet, couteau aiguisé et sorti presque à chaque scène – des prolongements de corps devenu incapable de répéter les mouvements basiques du quotidien.

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Pour se changer les idées, Raoul et son acolyte circulent dans les univers de Vegas à la recherche de divertissements : un show à guichets fermés, l’univers du cirque, des environnements qui permettent de booster leurs hallucinations. Le trip et la réalité ne font alors plus qu’un, dans un espace déroutant et vulgaire où les autres, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, se retrouvent systématiquement dans une position d’effroi et de répugnance – comme le spectateur finalement. Le panneau sur la route, à la toute fin du film - le héros quitte la ville de « Peur et répugnance » - est un dernier clin d’œil au spectateur. Le film se termine, notre peur et notre répugnance avec.

Au final, on ne comprend pas totalement le but du réalisateur avec ce film, dont on sort avec un certain mal de cœur et une sensation d’avoir pris part à une virée infernale en forme de bad trip étourdissant et pourtant poétique grâce à la voix off qui lit des passages du roman de Hunter S. Thompson (Fear and Loathing in Las Vegas : A Savage Journey to the Heart of the American Dream). La beauté des mots et du rythme contraste alors avec leur signification et les plans qui les appuient.

A voir pour découvrir le rôle sans doute le plus déjanté de Johnny Depp (alias Raoul Duke) au cinéma !


Bande annonce de Las Vegas Parano de Terry Gilliam