En bref, le film de Karyn Kusama est un film de filles, même si le physique avantageux de Jennifer et son rituel de meurtre sensuel n’oublient pas le public masculin.

Tout commence dans une petite bourgade américaine. Jennifer et Needy (Amanda Seyfried) ont grandi ensemble et sont meilleures amies depuis le bac à sable. L’une est blonde, à lunettes, un peu pataude et pas franchement sûre d’elle. L’autre est brune, élancée et ne rêve que de sa prochaine cible masculine : un chanteur qui vient jouer dans le bar du coin.
Ledit bar s’enflamme (au sens figuré et ensuite au sens propre), Needy réussit à sauver Jennifer des flammes, sans parvenir ensuite à l’extirper des mains du chanteur qui l’emmène avec son consentement dans son fourgon ! Les deux amies sont donc séparées. Quelques heures plus tard, Jennifer se rend chez Needy, sanguinolente et en état de choc. Le lendemain, elle mange littéralement un lycéen de l’équipe de sport dans les bois !

Il faut l’avouer, le scénario, abracabrantesque, ne sert pas et ne décortique pas l’idée originale de départ de Jennifer’s Body, à savoir l’incarnation du mal dans la beauté.
A la place, les stéréotypes s’enchainent à une vitesse foudroyante, avec pêle mêle un groupe de rock satanique, des recherches très brèves sur les sorcières à la bibliothèque, la tentation lesbienne, le lycéen un peu bizarre de l’école grand fan de rock.

Le film oscille entre la fable potache et le genre de l’horreur, d’où la perplexité du spectateur lors de certaines scènes : faut-il rire ? Avoir peur ? Etre ému ? On hésite.

Du côté de la mise en scène, pas grand chose à se mettre sous la dent : Jennifer’s Body fait preuve d’une platitude déconcertante, hormis peut-être dans le traitement du corps féminin, quelquefois semblable à une tige de bois ou un animal maléfique ondulant, métamorphosable à souhait dans les jeux d’ombre et à travers les différents vêtements. La métaphore est vite dévoilée : Jennifer’s Body met en images le malaise adolescent lié aux changements du corps, aux pulsions morbides et sexuelles, qui transforment deux jeunes femmes, et mettent en question leur amitié.

Note Jennifer's Body : 5/10
Le scénario global de Jennifer’s Body n’est pas à la hauteur de l’idée de départ. Le point d’intérêt du film se joue alors dans le jeu des deux actrices principales et la mise en scène de leur étrange amitié. Côté horreur, rien de très mémorable.
La réplique que j’ai aimé : « Allons dîner à la Cheesecake Factory. »


Bande annonce, Jennifer's Body, Karyn Kusama