Mais bien sûr, Esther, sous des dehors timides et artistes, cache des pulsions violentes, conduites par la vengeance, la jalousie, ou encore le désir.
Peu à peu, la famille bat de l’aile, les enfants terrifiés n’osent plus rien dire : le piège se referme, conduit d’une main de maitre par Jaume Collet-Serra.

L’enfance et les lieux où est censée régner la sécurité s’effondrent, la scène du parc étant à ce titre la plus percutante puisqu’un terrain de jeu se transforme, grâce à une musique et des plans cours terrifiants à souhait en un territoire dangereux où les enfants sont des proies, et la petite Esther une apprentie tueuse très sûre d’elle.

Le point faible du film, c’est John qui l’incarne, seul personnage sans réelle épaisseur, plutôt idiot, coureur de jupon quelquefois, et sans aucune intuition ni sens de l’observation. Pire encore, son comportement perd toute crédibilité lorsqu’il prend le parti de faire confiance à sa fille adoptive dont il ignore tout plutôt qu’à sa propre femme et ses propres enfants ! Dommage.

A l’inverse, la caractérisation de la famille est intéressante, en total contraste avec la famille américaine typique qu’on peut trouver par exemple dans 2012. Le handicap de Maxine, terrible, accentue la tension inhérente au film d'horreur. Kate, lutte, elle, contre un ancien alcoolisme et la perte de son troisième enfant. Alors évidemment, cette accumulation de traits peut sembler exagérée, caricaturale, mais Esther ne donne pas cette sensation, au contraire : ces personnages sont aimés pour leurs faiblesses, qui les rendent humains et attachants.

A relever : si l’explication est légèrement abracadabrantesque, contrairement à de nombreux films d’horreur, elle ne tue ni la peur ni les interrogations.

Mon avis sur Esther : 8,5/10
Esther est un très bon film de genre. Tous les codes sont là et l’originalité avec, dans un univers glacé et glacial, où même la beauté des flocons est entachée par le rouge du feu et du sang. On sursaute, on craint pour la personnage : en bref, toutes les émotions propres au film d’épouvante se déclenchent, avec cette sensation de fatalité et ce sentiment d’être mal à l’aise, comme dans Funny Games.
L’art, qu’il soit cinématographique ou pictural, est composé, comme Esther, d’apparences tranquilles et de profondeurs terrifiantes.