Jean vit depuis vingt ans deux vies : il est marié à Mathilde et Charlotte. De ces deux mariages, il a eu deux enfants : une fille chez l’une, un garçon chez l’autre. Et les deux adolescents, férus d’internet, se sont rencontrés sur un tchat. Devant la coïncidence : un père au nom identique et chauffeur de taxi, ils ont décidé de se rencontrer. Catastrophe : les deux femmes et les deux enfants risquent d’apprendre la vérité ! Heureusement, il y a Gilbert, le colocataire dont Jean paye le loyer, bon ami, et assez bonne pate pour aider… Car Guillaume, le fils, a rendez-vous chez Alix, la fille, et risque donc de se retrouver nez à nez avec son père…

Les dialogues sont succulents, la mise en scène énergique : elle commence avec une excellente idée. Puisque Jean a deux épouses, deux appartements, il n’y aura qu’un appartement sur scène. Alix et Guillaume ont la même chambre. Les deux appartements on le même salon : on suit ce qui se passe chez l’un et chez l’autre en même temps.

Chat et souris est une vraie comédie de boulevard : les portes claquent, les quiproquos s’enchainent, au rythme de situations inextricables.
Le rôle et le jeu de Francis Perrin, rappellent quelquefois Le Diner de cons, avec, par exemple, les bourdes, magnifiques, au téléphone : la messagerie personnelle Nokia que Gilbert invente, ou encore les informations dévoilées qui n’auraient pas dû l’être. Un rappel ni lourd ni sans inventivité : simplement une variation, très réussie, où Jean-Luc Moreau, beau mais salaud, rappelle un peu le Thierry Lhermitte du Diner de cons.

Chat et souris de Ray Cooney a pour elle sa modernité : téléphones portables, internet : autant de thèmes nouveaux dans le théâtre français, qui donnent leur lot de scènes drôles et surréalistes. Le spectacle dure deux heures et pourrait durer plus, tant il est bon.
Au retour de l’entracte, l’apparition d’un nouveau personnage : le père de Gilbert, joué par Marc Bertolini dont les mimiques sont excellentes, évite une perte de rythme. Le dynamisme et l’énergie reviennent sur le champ, avec le nouveau lot de quiproquos, de fous rires, de répliques savoureuses et de chutes en serviette de bain… Car le père de Gilbert se croit à Knot le Zout (on m’excusera pour l’orthographe, et dans un hôtel), d’où certaines situations incongrues…

En bref, on rigole, on rigole, et quand le rideau descend, étrangement, on se dit qu’on irait bien la revoir, cette pièce. Fait rare, au théâtre…