Le scénario reste très basique : Alice est celle qui doit tuer le dragon de la reine rouge pour remettre sur le trône la reine blanche. Un combat on ne peut plus manichéen, dans lequel si la reine blanche a les faveurs morales, il apparaît très clairement que Tim Burton s'intéresse bien davantage au monde de la reine rouge.

Alice au pays des merveilles aurait alors pu devenir un énième film d'aventure uniquement divertissant. L'obstacle est contourné, habilement : le film est un vrai trajet initiatique sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte, suggérant avec poésie que pour y parvenir, un retour à l'enfance et au pouvoir de l'imaginaire sont nécessaires.
Dans cet univers de transition où tout est possible, Alice se cherche, son corps en étant la preuve ultime lorsqu'il est sujet à diverses métamorphoses (Alice géante, Alice au format de la théière, etc) et à un changement de garde robe radical grâce au passage de la robe à la cote de maille !

Les personnages d'Alice et du chapelier fou sont une des qualités du film. Mia Wasikowska donne à Alice une pureté et une expressivité adéquates : il n'y a pas à hésiter, c'est bien Alice que nous avons, là, en face de nous. Johnny Depp en chapelier fou trouve un rôle qui lui va comme un gant : extraverti, surréaliste et coloré, il apparaît à l'heure du thé, en pleine forêt, bouleversant par un aller retour dynamique les mets et le service à thé. Du grand art anglais !
Au niveau des personnages secondaires, le lapin n'est peut-être pas assez développé. Par contre, le chat invisible et le gros matou de la reine rouge : on adore. On adore aussi : la reine rouge, bien plus drôle que sa parfaite sœur toute blanche.

Voilà l'un des défauts du film : l'aspect kitsch de la reine blanche, de sa fête et de son royaume. Côté rouge, le prix du kitsch est décerné au conseiller de la reine tout de noir vêtu, belle coquille vide qui aurait gagné à disparaître du film.
L'autre déception, c'est l'absence de numéros chantés ou dansés, hormis la guiguendélire du chapelier fou qui ne dure hélas que quelques secondes.


Mon avis sur Alice au pays des merveilles de Tim Burton : 7,5/10
Alice au pays des merveilles n'est pas le meilleur des Tim Burton, mais qu'importe !
L'adaptation, réussie, respecte des étapes cruciales du livre et se permet en même temps une transposition du monde de l'enfance à celui de l'adolescence, qui correspond davantage à l'univers sombrement décalé de Tim Burton.
De wonderland à underland, il n'y a qu'un pas, qui aurait cependant gagné à être un pas de géant.
L'univers de Tim Burton, sa fantaisie macabre, sont aspirées par les fleurs aux couleurs vives et les animaux qui parlent. On peut comprendre qu'après avoir coupé des têtes et des têtes dans Sweeney Todd, Tim Burton s'essaie à un nouveau genre de fantastique.
Toujours est-il qu'une pointe de noirceur en plus n'aurait pas fait de mal.

Bande annonce Alice au pays des merveilles de Tim Burton



Voir Alice au pays des merveilles en 3 D ?
La projection presse était en vo et en 3D, un mélange pas toujours facile à trouver dans les cinémas.
La scène où Alice bascule dans le tunnel et la multiplication d'objets lancés sont assez impressionnantes, mais j'avoue avoir encore du mal à voir l'intérêt de la 3D au cinéma ailleurs que dans le film d'animation, d'autant que les lunettes pèsent bien lourd pour mon pauvre petit nez qui se retrouve avec une double paire !