- Mon ami le cultivateur de lapin ! clame John enchanté.
Il saute à terre et vient saluer l’homme en prenant garde de ne pas écraser les petites plantations.
- Bonsoir, John, répond le cultivateur.
- Où est Ernest ?
- Ernest est parti, déjà.
- Quoi ? lance John, rouge de honte et de colère. Il est parti sans nous ?
- Tu étais en retard, il se disait pressé.
- Mais, hurle John, il a donc pris la mission dont on ne sort pas vivant ?
Calmement, le cultivateur de lapin acquiesce. Johanna, de là où elle est, saisit tout, et ne peut s’empêcher de soupirer de soulagement.
- Je suis fini ! s’effondre John. Ma réputation !
- Ne t’inquiète pas, dit le cultivateur, il me semble que j’ai encore des aventures tout à fait terrifiantes et dont on ne revient pas, et tu sais bien, de plus, qu’il est rigoureusement impossible que deux héros piochent dans ce champ la même quête. Il y aurait de grands malheurs si cela devait arriver.
- Ah ? dit John entre deux hoquêtements.
Johanna, qui de loin observe tout, croit voir à cet instant, en son père, un enfant de deux ans sur le point de pleurer. Plus amusant encore, c'est au tour du pantalon de John d'être mouillé. D’ailleurs, Johanna s’étonne : le sien est sec. Elle comprend enfin : l’eau est passée dans le jean de John et c’est désormais son père qui a hérité de cette petite malédiction. Elle a envie de rire, car elle en est sûre, son père, sous l’effet de la colère, n’a encore rien remarqué.
- Choisis, dit gentiment le cultivateur de lapin.
John, calmé, inspecte longuement le champ.
- Celui-là, là !
- Bien. Il a l’air très bien.
John s’accroupit, tire sur les deux oreilles et voilà qu’un magnifique lapin blanc sort de la terre. Aussitôt, le cultivateur passe à John une carotte qu’il propose au lapin récolté.
- Ah, John, dit le cultivateur en levant les mains au ciel.
- Dis, crie John, dis. Que t’a dit le lapin ?
- Ah, John !
- Mais enfin. La quête. Donne-là moi, je la veux ! C’est la mienne !
- Il faut d’abord que je te dise…
- Enfin, je suis un héros, cultivateur ! Donne-moi ma quête et rien de plus. Crois-tu que j’ai le temps de discuter ?
- Très bien, très bien, John, soupire le paysan. Tu dois percer le secret de la vallée encerclée de montagnes !
John, soudainement libéré, se jette sur Capsoul et empoigne Johanna qui, poussée par cette force surhumaine, se retrouve elle aussi sur le dos de la jument.
Lorsque le cultivateur ouvre une nouvelle fois la bouche, John est déjà loin et Capsoul épuisée d’avoir parcouru en si peu de temps trois kilomètres, halète comme une carne asthmatique.
- Deux héros dans la même aventure ! s’écrie le cultivateur terrifié. Lapin, carottes, qu’avez-vous fait ?
08
nov.
Histoire, John Bonhomme contre Ernest Corqueweste, troisième chapitre (deuxième partie)
Par Ariane le jeudi, novembre 8 2007, 14:27 - J.B contre E.C
Dans la petite clairière, le paysan est là. Vêtu de coton et de lin à peine taillés pour ressembler à des vêtements, il est comme bouffant, et Johanna, sans savoir trop pourquoi, voit bien cet homme jouer dans un théâtre. Son chapeau, légèrement élimé et garni ça et là d’une tige de paille, cache en partie ses yeux. Il est assis sur une chaise, au centre d’un champ où, ça et là, quelques oreilles de lapin pointent déjà le bout de leur nez.
Commentaires
Oui, qu'ont-ils fait?
:D
La vallée encerclée par les montagnes! Hourra! Vivent les Carottes!
Une question : ces lapins ont-ils des branchies pour respirer sous la terre ? A mon avis, seul le cultivateur de lapins est qualifié pour nous répondre sans hésiter et sans approximations... On est dev'nus tellement avides de connaissances scientifiques, depuis qu' Jules Verne nous a montré le chemin en son Nautilus ! Bon, je serre un peu les dents pour pas rigoler... ton humour est génial, chère Miss Ariane ! j'attends maint'nant la suite... qui va nous faire toucher du doigt l'ombre de l'ombre du Grââl... Bises & bonne nuit !
J'aime aussi beaucoup ce chapitre, il est plein d'imagination... Comme d'habitude me dirais vous...
Et notre john qui part avant que le cultivateur n'ai le temps de ne rien dire
Oui! John n'est pas toujours très futé! Mais c'est un aventurier avant tout, et un homme (je rigole...)
Merci pour vos commentaires, et merci à toi, dourvac'h, qui a compris quelles étaient mes priorités dans cette histoire... Humour et liberté d'imagination.
Les lapins, effectivement, ont sans doute des branchies pour respirer sous terre, ou alors, il s'agit de leur poil qui capte l'oxygène!
Bavo, bavo, cette histoire de lapins est admirable et parfaitement crédible. Mais je me demande comment John et Ernest se retrouveront après avoir divergé si manifestement dans le choix de leurs missions... Car se retrouver ils doivent, sinon le "contre" du titre n'aurait aucun sens... Oh ! A moi que ce soit une confrontation psychologique ! Télépathique ! Symbolique ! Téléologique ! Méta-dramatique !
Je dis que le talent du narrateur-Ariane tient dans l'embrayage des discursivités. Comprenne qui pourra.
Amen.
Des lapins!!! des carottes!!! peut-être même le Lapinou céleste et des croutooons et des pissenlits!
Grande es-tu Ariane!!! Tu as entendu la prière du Lapinou Céleste! Joie! bonheur sur toi!!! Je comprend parfaitement que la carotte rapée soit aussi heureuse!!! Merci Ariane pour tant de joie! (et pour la peine je ne parlerai pas de médecin dans ce post!)
J'aime les chevaux, alors je mets des chevaux.
J'aime les lapins alors je mets des lapins.
J'aime les carottes alors je mets des carottes.
J'aime mes lecteurs alors j'en mettrai peut-être!
Oh! Ce que c'est beau ce que tu écris... Je vois que la lapinoutitude t'a gagnée et j'en suis ravie!
A quand le prochain sondage??
Ca me rappelle le magicien d'Oz ce cultivateur, dans le rôle de l'épouventaille ^^
Vite la suite !