John, le cœur à perdre haleine, enfourche son fier destrier et gagne les vagues moutonnantes en à peine deux minutes quarante cinq secondes. Autour de lui, un couple s’écarte, effrayé par l’odeur équine qui s’insinue lentement dans les vagues. A coté d’eux, un crottin flotte. La jeune femme hurle. John n’entend rien : sa planche vivante brave les vagues avec l’audace des plus fiers purs-sangs. Soudain, les yeux perçants de John voient, à l’horizon, un mur arriver. « La série » murmure-t-il entre ses dents. Il rame davantage. Aller jusqu’à la jeune femme, vite, et ne pas rencontrer, sur son passage ce monstre déferlant. Sur la plage, les gens hurlent. Les serviettes de bain, les sacs de plage, tout a disparu et les quelques estivants se ruent vers leurs voitures. « ça envoie du lourd ce matin » s’exclame John en souriant béatement. Devant lui, la femme est à quelque mètres. Elle hurle. La première vague monstrueuse passe, sans dommage, John agrippe le poignet de la victime et la fait basculer sur le dos de la jument. « cramponnez-vous, c’était rien que la première. ». « Que que quoi ? » balbutie la femme non sans avaler deux gorgées d’eau salée. « Fermez les yeux, c’est préférable », dit John, « et quand je vous ferai signe, comme ça » : (il la frappe à l’épaule), « prenez votre respiration ». Devant eux, le nouveau mur se rapproche. John talonne Capsoul dont le galop se détache lentement de la surface de l’eau, s’accélère. John frappe la pauvre femme sur l’épaule et à cet instant, Capsoul, d’un bond de cabri, fonce dans la vague, et le plus haut possible ! John retient sa respiration trois quatre secondes, avant de sortir sain et sauf de ce mur d’eau. La victime est toujours derrière lui, quoique assommée sans doute. Mais rien ne vaut la vie, donc John est quand même fier d’avoir sauvée celle-ci ! Soudain, entre le troisième (et dernier) mur, John distingue un autre surfer, une autre planche. Il fronce les yeux pour essayer de voir plus loin, amène Capsoul tout en pagayant lui-même avec les mains. De l’autre coté, l’étranger semble curieux, lui aussi, de John. Il s’approche aussi et lorsque les deux hommes se retrouvent face à face, le seul souvenir que la sorcière de la forêt n’ait pas endormi revient :
- John !
- Ernest !
- Qu’est-ce que tu fais là ?
- Heu… dit John en se grattant la tête, je sauve une vie ? Et toi ?
- Heu, dit Ernest, je surfe… Mais que fais-tu d’autres ? ajoute Ernest.
- Je… Je surfe, oui, comme toi.
- La vague arrive commence à hurler la jeune femme, regardez !
En effet, la troisième vague de la série approche et semble encore plus haute que la première.
- Tahiti, Tahiti, je t’aime ! hurle John.
- Océan, Océan, je t’aime ! s’écrie Ernest.
- Ahhhhhhh hurle la pauvre femme.
- De quoi es-tu capable, John, que je crois tant connaitre et que pourtant je viens de rencontrer ?
- De quoi est tu capable, Ernest, que je crois tant connaitre et que pourtant je viens de rencontrer ?
Dans le regard des deux hommes, un défi.
- Tu vas voir ce que tu vas voir dit John dans un clin d’œil, j’ai cette femme avec moi, et bien cela ne m’empêchera pas de descendre cette vague bien mieux que toi !
- Nous aurons la réponse dans quelques secondes… murmure Ernest entre ses dents.
- Mademoiselle, dit John sans même regarder la jeune femme, cramponnez vous où vous pouvez, mais pas à mes pieds, s’il vous plait.
19
fév.
Histoire, John Bonhomme contre Ernest Corqueweste, chapitre 12
Par Ariane le mardi, février 19 2008, 11:02 - J.B contre E.C
L’été. Trente-cinq degrés à l’ombre. Un soleil de plomb. Une mer d’huile. Un bel homme. Maillot de bain bleu et lunettes de soleil. Quelques estivants, sur leurs serviettes de bain, sur leur matelas pneumatiques, des enfants qui crient, une belle femme qui se noie !
Commentaires
John surfer ! Qui s'assume en plus
Mais j'avoue avoir du mal à imaginer le cheval surfer, il faudrait trouver un dessinateur qui pourrait donner vie à cette étrangeté de la vie. Non ?
Bonne idée! A vos crayons, car moi, je ne sais pas dessiner.