Poupoupidou est un film d’atmosphère divin : entre la neige qui tombe, les paysages de montagne et l’intérieur décati d’un hôtel de village, le spectateur plonge la tête la première dans une histoire intelligente et pleine de finesse, interprétée par un Jean Paul Rouve remarquable. L’acteur, en écrivain-enquêteur, trouve ici un rôle à sa pleine mesure : humour décalé, puissance des répliques et personnalité d’artiste.

Les seconds rôles sont tout aussi réussis, avec une tenancière d’hôtel sexy au style gothique et aux paroles douces et serviables, et évidemment une Candice/Marilyne qu’on devine sous les draps ou qu’on regarde se dandiner presque toute nue pour vanter Belle de Jura, un fromage de la région. Le mythe de Maryline est adapté à la France et on sent dans ces scènes de tournage un certain humour en même temps qu’une admiration pour la star. Gérald Hustache-Mathieu nous amène Hollywood en plein centre de la France : ses mythes féminins, ses allées de palmier qui cachent toujours un secret.

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Il met en scène une enquête sérieuse et grave (une femme est morte) qui ne se prend pas toujours au sérieux, en convoquant par exemple le ton décalé de certains films policiers français, allant quelquefois jusqu’au burlesque : échange d’information dans un sauna pour nudiste, tutorial du tir à l’arc…
Gérald Hustache-Mathieu filme aussi une conscience – celle de Candice, perdue entre un trop grand besoin d’amour et deux images d’elle-même : son identité simple de tous les jours et Candice, son pseudonyme utilisé dans le milieu de la télé.
Le film navigue de l’un à l’autre, prenant les qualités de chacun (parodie policière, film réflexif).

La bande originale du film, magistrale, fait du film un ensemble harmonieux de sons et d’images (c’est rare). On approche une esthétique de la perfection, posée par notes, par plans successifs.

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Mon avis sur Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu : 9/10
Poupoupidou est un petit bijou de cinéma à découvrir d’urgence : scénario original, intriguant, qui ramène à nous le mythe de Maryline Monroe et plus généralement celui de la star fragile et changeante, numéro d’acteur épatant, mise en scène digne d’un virtuose.
Le film regorge d’une poésie et d’une mélancolie rares, que la neige, omniprésente, accentue, rendant Candice, l’ange blond, l’ange déchu, omniprésente.
Il ne manque au film qu’une chose : susciter davantage l’émotion, même si, dans Poupoupidou on comprend que les larmes du spectateur sont remplacées par autre chose, dans le film même. C’est la neige. C’est la mise en scène.


Bande annonce de 'Poupoupidou'' de Gérald Hustache-Mathieu