Etant donné la richesse du coffret, je préfère me concentrer sur les trois premiers films de Nanni Moretti pour vous en proposer les résumés et les critiques.


Je suis un autarcique

Ce premier film est intéressant pour deux raisons : tout d’abord, Nanni Moretti est partout. Il est à la fois le scénariste, le réalisateur, le producteur, le monteur et l’acteur principal du film. Ensuite, Je suis un autarcique est une réflexion sur la création théâtrale et cinématographique qui ne manque pas d’humour.

Michele, interprété par Nanni Moretti, est abandonné par sa femme. Son quotidien se déroule, entre ses larmes, ses répétitions pour une pièce de théâtre d’avant garde dans laquelle il est acteur et son fils Andréa, de nature calme et silencieuse.

Le metteur en scène de la pièce de théâtre (Fabio) et le critique réputé sont sans doute les deux personnages les plus amusants du film, Nanni Moretti moquant à la fois la façon dont ils envisagent leurs métiers respectifs et leurs philosophies. Ainsi, Fabio, pour préparer ses acteurs, les emmène en randonnée et leur fait faire des pompes, après toute une nuit à parler de ses ambitions sur la pièce pendant que toute la troupe dort.
La vision caricaturale du critique est jouissive : armé de longues phrases et concepts compliqués, il est la plupart du temps absolument incompréhensible.

Je suis un autarcique est à la fois une comédie sur la création et un drame sur le couple. La distanciation par rapport aux personnages crée une distance entre le film et le spectateur, qui trouvera Je suis un autarcique peut-être un peu long et ennuyeux.

La réplique culte : « Sans pectoraux, pas d’avant garde », dit Fabio à sa troupe épuisée.


Ecce Bombo

Ecce Bombo, second long métrage de Nanni Moretti, raconte la vie d’un jeune adulte, Michele (Nanni Moretti), pris dans la vague adolescente des journées vides et de quelques instants d’emportement en présence de sa famille ou de ses amis. Le quotidien de Michele se passe entre le domicile familial et les réunions d’auto-conscience avec les copains pour parler de choses dont on ne parle pas d’habitude.

Les personnages masculins, dans Ecce Bombo, sont comme construits pour provoquer l’antipathie, Michele le premier. Insupportable, celui-ci ne sait ni s’y prendre avec les filles, ni avec ses parents, et son groupe d’amis incarne avec facilité la loser-attitude et ce comportement las parfois rencontré à ces âges. Nanni Moretti dépeint avec un rare réalisme et une belle justesse une époque de malaise difficile à comprendre.

Finalement, ce sont les femmes qui s’en sortent le mieux, Silvia s’épanouissant dans le cinéma et avec les hommes et la sœur de Michele dans la mise au point du blocage du lycée et les sorties avec les copains.


Sogni d’oro

Sogni d’Oro réactualise les deux caractéristiques soulevées dans Je suis un autarcique : Nanni Moretti est à nouveau scénariste, réalisateur et acteur principal et cette fois, la réflexion sur la création quitte le théâtre pour être totalement consacrée au cinéma.

Michele (Nanni Moretti, égal à lui-même), un jeune réalisateur à succès, fait les tournées des salles pour parler de son film. Réalisateur adepte des acteurs amateurs qui jouent leur propre rôle et de l’absence de scénario, il commence à tourner son second film (La Maman de Freud), en même temps qu’un jeune réalisateur italien, Gigio Cimino, qu’il déteste.

Sogni d’oro parle de toutes les interactions humaines du cinéma : réalisateur et équipe, réalisateur et spectateur, tous confrontés à une vision du cinéma soit comme divertissement, soit comme art.

Pour trancher entre les deux réalisateurs, la solution n’est pas le visionnage de leurs films mais plutôt une émission de télévision où les deux hommes doivent se soumettre à des épreuves dégradantes et ridicules pour se départager. Au programme : un concours de vulgarité, un mauvais karaoké, un match de boxe, et un combat au sommet où Michele et Gigio, déguisés en pingouins et aspergés d’eau doivent écraser un œuf géant…

Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, Sogni d’oro est un film léger où le spectateur ne sait jamais vraiment s’il regarde une scène de rêve, de cauchemar, de tournage, ou la réalité. Le dénouement, clin d’œil aux films de genre hollywoodiens, vaut le détour.
Ce film est mon préféré des trois.

La réplique culte : « Choc des idées, choc des corps », explique le présentateur de l’émission de télévision pour introduire le match de boxe entre les deux réalisateurs.


Pour conclure
Les trois premiers longs métrages de Nanni Moretti ont de nombreux points communs, en commençant par le personnage principal incarné par Nanni Moretti, qui porte toujours le prénom de Michele, connaît des histoires compliquées avec une jeune femme nommée Silvia et écope d’un tempérament quelquefois énervé, souvent énervant.
Michele, c’est le anti héros du cinéma.

Pour lui faire une place chez vous, c'est à partir du 2 mars !