José Frelate est embauché pour construire un sauna dans une immense demeure bourgeoise pas très loin de chez lui et son ami Tony Merguez (avec la voix de Vincent Cassel), pour partir en vacances, se lance dans le trafic de drogue avec confiance et cool attitude.

L’esthétique de Lascars est irréprochable : le monde de la banlieue est coloré, sale aussi, suintant quelquefois, en bref vivant.
Les réalisateurs Albert Pereira Lazaro et Emmanuel Klotz associent avec aisance le monde culturel de la banlieue au monde du cinéma. Le générique du début de Lascars présente le nom de chacune des voix d’acteurs sous forme de tags plus ou moins jolis, et l’histoire bouge comme un rer : quand il est temps de passer à autre chose, l’image s’emballe et démarre pour changer de station.

Le plus jouissif dans le film Lascars reste cette ode à l’exagération que permet l’animation. Voir deux gars de la cité, des durs au cœur tendre, poursuivis et harcelés par leur petite amie est exploité à la perfection. Entre Manuella (voix de Frédérique Bel), flic issue d’une famille de flics, qui n’hésite pas à menotter son amant ou à le faire chercher par des policiers pour sa fête, et Clémence (voix de Diane Kruger) qui n’hésite pas pour se venger, à balader son petit ami José sur le pare brise de sa voiture, Lascars laisse une image des filles caricaturale mais explosive et bien pensée.
On se croirait revenu au temps de l’Antiquité, avec ces Furies ravageuses prêtes à tout pour se venger. Les beaux visages se colorent, s’étirent, la bave est prête à sortir : ce ne sont déjà plus des filles. On n'est pas loin non plus de L'exorciste.

Chacun des personnages de Lascars est dessiné avec finesse et caractérisation : pas un des lascars ne se ressemble, et l’idée originale d’insister sur les couleurs de peau (Clémence est jaune, José est violet) déréalise et rend chacun unique.

Le cinéma s’insinue encore davantage dans la cité puisqu’il entre dans la fiction avec le personnage de Momo qui rêve de tourner son film. Cette évasion cinématographique le temps de quelques scènes en ravira plus d’un, d’autant que le tournage débute dans un parc aquatique de banlieue avec des acteurs surprises et un style très largement film X, façon parodie.

Le film Lascars est un joli bijou d’animation, au style incomparable, et aux dialogues ciselés et réalistes. La bo du film Lascars est le dernier paramètre d’une esthétique homogène, qui mêle au monde de la cité et des emmerdes les germes d’une culture populaire bien ancrée, qu’elle soit envisagée sous la forme de tags, de films, ou de musiques. Il y a une place pour le rêve dans la cité, et les vacances, pour les lascars, c’est la possibilité de rester chez soi pour mieux s’évader, au final, même si le rêve de vacances au soleil a su rester intact, contrairement aux décors habilement ravagés.


Note de Lascars : 7.5/10
Lascars fait rire. Lascars est beau, le genre de film d’animation à acheter en DVD dès que possible, pour en réécouter la musique et en réapprécier les images.
Le choix des voix est une réussite : avec Omar et Fred, Vincent Cassel ou encore Diane Kruger, le casting est large tout en correspondant à l’histoire de Lascars.
Mais le film, pourtant court, n’échappe pas à quelques longueurs, malgré un scénario qui use des clichés avec dynamisme et originalité : confrontation du monde bourgeois et du monde de la cité, clash entre gros caïds et petites pointures débutantes, opposition fille et garçons, etc.


Bande annonce du film Lascars d'Albert Pereira Lazaro et Emmanuel Klotz


Pour écouter la musique du film, je conseille le billet sur la bo Les Lascars.