Pourtant, le scénario a tout de la comédie dramatique. A la suite d’un événement tragique, une bande de potes décide quand même de partir en vacances au Cap Ferret.

Il y a Max (François Cluzet), le maniaque mal embouché de la bande, Antoine (Laurent Lafitte) le grand enfant obsédé par son ex avec laquelle il échange des textos (et pourrit les vacances de ses amis en demandant des conseils sur les mots à envoyer), Marie (Marion Cotillard) instable et sensible, difficile à cerner et aérienne, Vincent (Benoit Magimel) qui a annoncé au parrain de son fils (qui n’est autre que Max) qu’il aimait ses mains et bien plus encore !

Ils sont potes, passent 24 heures sur 24 ensemble, mais pourtant, ils ne parlent pas vraiment, ils trichent. Tous. Les petits mouchoirs s’interroge sur la psychologie individuelle dans un groupe, en prenant comme arme première l’humour.

Chacun des personnages vit ses petits drames, ses grands drames, que la magie de la mise en scène et du scénario transforme en scènes comiques. Un comique de situation, un comique de répliques, qui fait des obsessions de ces personnages des bijoux d’humour. Pour Max, les obsessions sont nombreuses : il y a les fouines qui risquent d’affaiblir l’isolation de sa maison et dont il faut se débarrasser par tous les moyens, sans compter la pelouse mal tondue, le petit détail dans la maison qui ne fonctionne pas et la déclaration de Vincent appuyée par des regards amoureux. Pendant que Max se plaint et s’énerve tout seul, Antoine fait le tour des copains avec ses textos moisis et le seul sujet qui lui importe : Juliette.

Du mensonge, de l’incompréhension, de l’égoisme : les personnages des Petits mouchoirs accumulent les défauts. C’est ce qui les rend humains et attachants dès les premières minutes. Guillaume Canet dresse avec subtilité une multitude de portraits vrais et sensibles que la multiplicité des gros plans sur les visages vient souligner encore davantage.
Le spectateur s’oublie avec ces êtres plus vrais que nature. On rit, en oubliant comme eux le drame initial qui pourtant nous rattrapera.


Mon avis sur Les Petits mouchoirs de Guillaume Canet, le 20 octobre au cinéma : 8/10
Guillaume Canet choisit le genre difficile du film chorale (difficile car vu et revu, et aux personnages trop souvent simplement ébauchés) et dresse à la fois le portrait sensible d’un groupe et de personnalités individuelles à l’aide de dialogues ciselés à la perfection et d’un comique de situation qui traite les obsessions avec un humour désinhibé.
Pourtant, le film est finalement rattrapé par le pathos avec une fin pas forcément à la hauteur des deux heures d’émotions qui ont précédé.


Bande annonce Les Petits mouchoirs de Guillaume Canet, le 20 octobre au cinéma