Comme un bouton sur lequel on aurait appuyé, la vie du gentil père de famille devient un enfer : tiraillé entre une fille qui ne pense qu’à ses cheveux, un fils obsédé par une série télé, un frère plongé dans un code mathématique incompréhensible (le mentaculus) et une femme qui décide de le quitter pour Sy Abelman, un donneur de leçon très laid passionné par la religion, Larry doit également composer avec un étudiant coréen qui demande à changer sa note pour ne pas perdre sa bourse !
En bref, l’enfer c’est les autres, et même les voisins, prêts à tout pour voler un carré de pelouse.

A serious man réalise une galerie de portraits à la loufoquerie et à l’étrangeté à la fois menaçante et drôle.
Que dire de ce voisin qui revient de la chasse avec une biche ensanglantée sur sa voiture et se montre en même temps prêt à donner un coup de main à Larry si quelqu’un l’ennuie ? Et que dire de Sy, amoureux de la femme de Larry et qui pourtant passe tout son temps à prendre Larry dans ses bras et à caresser sa main ?

Tension et étrangeté sont merveilleusement distillées, tandis que la mort et le sexe s’invitent à loisir et de plus en plus fréquemment dans les rêves de Larry depuis qu’il dort à l’hôtel.
Si le père ne vit dangereusement presque que dans le rêve, ce n’est pas le cas du fils qui n’hésite pas à fumer tant qu’il le peut, y compris le jour de sa bar mitsva, la scène du sacrement devenant ainsi à demi flou, jusqu’aux découvertes finales dans le bureau du chef suprême des rabbins de la ville. L’histoire de Larry et sa famille trouve alors un lien avec la scène d’ouverture, où un couple de paysans du siècle passé se disputait à propos d’un homme qui aurait sauvé le mari, et que la femme suspecte d’être un dibbouk (un esprit malin et diabolique). Cette scène vaut à elle seule le déplacement dans les salles obscures.

Attention cependant, A serious man, comme No Country for Old Men, est doté d’une fin largement déceptive, les frères Coen accumulant les ouvertures scénaristiques non résolues : une marque de fabrique qui ravira les uns et frustrera les autres.

Mon avis sur A serious man : 9/10
Les frères Coen nous entrainent encore dans un univers loufoque et très américain en même temps, où les maisons sagement rangées les unes à côté des autres cachent un corps nu ou des secrets farfelus. A serious man, c'est un film à la fois déjanté et philosophique, à ne pas brûler après visionnage.

Bande annonce du nouveau film des frères Coen : A serious man