Comme dans le superbe Harry un ami qui vous veut du bien, on retrouve dans Le Moine la cristallisation du mal en un seul individu qui vient chambouler l'ordre établi et répandre sa soif du mal.
La force du film réside dans son casting judicieux, avec un Vincent Cassel qui habite son personnage, d'abord monstre de foi, ensuite monstre tout court. Sergi Lopez, Deborah François et Joséphine Japy incarnent des personnages secondaires tout en justesse.
Le film, adaptation d'un roman gothique, joue sans demi-mesure avec l'ombre et la lumière. Cette alternance de plans dans le noir (dans le confessionnal, la nuit, dans les chambres exiguës) et de plans extrêmement lumineux (plein jour et plein soleil) donnent au film un rythme binaire qui s'interroge perpétuellement sur le bien et le mal. Les maux de tête d'Ambrosio font écho à ces passages trop vifs d'un noir presque complet à une lumière criante et aveuglante.
Dominik Moll crée une mise en scène efficace, esthétique, qui met en jeu les luttes narratives du film. Chaque élément du décor est pensé pour faire écho aux autres. Ainsi, les gargouilles des bâtiments, polis par la pluie et sans visages rappellent cet étrange nouveau venu défiguré. Quand à leurs formes parfois phalliques, elles symbolisent la tentation et les transformations que connaît Ambrosio.
Shutter Island n'est pas loin, car au final, on peut se demander si Ambrosio est un personnage qui à un moment donné de sa vie sombre dans la folie ou est victime d'une terrible manipulation à la limite du fantastique car peut-être orchestrée par le diable... Le scénario du Moine peut d'ailleurs, tout du long, avoir cette double lecture.
Mon avis sur Le Moine de Dominik Moll : 8/10
Le Moine est un film qui a les défauts de ses qualités. La mise en scène, esthétique, stylisée et expressionniste peut paraître trop appuyée, les éléments du film qui se répondent et les métaphores du bien et du mal, obsessionnelles, peuvent sembler exagérées. Le rythme, volontairement lent peut vite ennuyer.
Mais Le Moine, film singulier, a un charme malsain, beau et décadent : Dominik Moll livre ici un film d'atmosphère très réussi.
Bande annonce Le Moine de Dominik Moll
23
juil.
Le Moine : de la lumière à l'ombre
Par Ariane le samedi, juillet 23 2011, 14:44 - Films à l'affiche
Le Moine de Dominik Moll est un mélange d'austérité et de transgression. Ambrosio (Vincent Cassel, sobre et expressif) a été élevé au sein d'une confrérie dont il est maintenant la tête pensante. Rigide et dévoué tout entier à Dieu, il pense selon sa foi et juge avec sévérité ceux qui s'en détournent.
L'arrivée au sein de la confrérie d'un étrange jeune homme dont le visage a été défiguré à la suite d'un incendie et qui porte pour cette raison un masque est l'événement déclencheur d'une descente aux enfers, au propre comme au figuré.
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10/10
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Commentaires
J'avais déjà bien envie de le voir. Ton billet confirme mon envie !