John Hillcoat prend le parti de situer La Route après la grande catastrophe. Et qu’à cela ne tienne, il n’y aura pas de flashback pour montrer le grand éclair qui a tout détruit. Résultat : les deux protagonistes, un père et son fils (Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee) rares survivants, tentent de gagner la mer. A pied, ils traversent des kilomètres et des kilomètres de grisaille et d’arbres morts, croisant quelques survivants diaboliques, qui pour se nourrir n’hésitent pas à recourir au cannibalisme.

Comment élever son enfant dans un monde où toute humanité semble avoir disparu ? Tel est le sujet métaphysique de La Route, film d’apprentissage sombre et sinistre sur la relation entre un père et son fils dans un environnement délabré et mort.
Pour John Hillcoat, les survivants du cataclysme ont tout de l’image du clochard : chariot péniblement trainé, habits déchirés, recherche de nourriture constante et méfiance à toute épreuve.
Le réalisme est tel, que le film catastrophe semble quitter la fiction, créant alors des images de terreur pure, comme lorsque le père et son fils découvrent dans le sous-sol d’une maison, le garde-manger humain d’un groupe de méchants survivants. La thématique des camps de concentration côtoie alors implicitement la référence aux sans abris.

Les moments les plus beaux restent ceux où une once d’espoir et d’humanité reviennent : il y a le piano, la gentillesse de l’enfant qui rêve d’aider et de rencontrer les autres, cette découverte d’une cave remplie de boites de conserve, où la terre redevient enfin nourricière, tout en étant pourtant seulement porteuse de produits artificiels.

Mais La Route sait trop bien repartir dans le sentier qu’elle s’est tracé : une voie boueuse et glauque, trop souvent insoutenable et douloureuse, sans que le spectateur puisse vraiment comprendre les raisons d’un tel acharnement.


Mon avis sur La Route: 6/10
La Route n’est pas un mauvais film. Mais l’histoire se complaît sans retenue aucune dans la mise en scène du glauque à l’état pur : humains devenus des prédateurs ou des bêtes, terre grise et morte, froid persistant, blessures, faim, pleurs, suicides à répétition.
On remarquera avec tendresse la référence à la dernière scène du film de Truffaut Les 400 coups, lorsque Jean-Pierre Léaud, après avoir couru, se retrouve face à la mer.


Bande annonce de La Route de John Hillcoat