John Hillcoat prend le parti de situer La Route après la grande catastrophe. Et qu’à cela ne tienne, il n’y aura pas de flashback pour montrer le grand éclair qui a tout détruit. Résultat : les deux protagonistes, un père et son fils (Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee) rares survivants, tentent de gagner la mer. A pied, ils traversent des kilomètres et des kilomètres de grisaille et d’arbres morts, croisant quelques survivants diaboliques, qui pour se nourrir n’hésitent pas à recourir au cannibalisme.
Comment élever son enfant dans un monde où toute humanité semble avoir disparu ? Tel est le sujet métaphysique de La Route, film d’apprentissage sombre et sinistre sur la relation entre un père et son fils dans un environnement délabré et mort.
Pour John Hillcoat, les survivants du cataclysme ont tout de l’image du clochard : chariot péniblement trainé, habits déchirés, recherche de nourriture constante et méfiance à toute épreuve.
Le réalisme est tel, que le film catastrophe semble quitter la fiction, créant alors des images de terreur pure, comme lorsque le père et son fils découvrent dans le sous-sol d’une maison, le garde-manger humain d’un groupe de méchants survivants. La thématique des camps de concentration côtoie alors implicitement la référence aux sans abris.
Les moments les plus beaux restent ceux où une once d’espoir et d’humanité reviennent : il y a le piano, la gentillesse de l’enfant qui rêve d’aider et de rencontrer les autres, cette découverte d’une cave remplie de boites de conserve, où la terre redevient enfin nourricière, tout en étant pourtant seulement porteuse de produits artificiels.
Mais La Route sait trop bien repartir dans le sentier qu’elle s’est tracé : une voie boueuse et glauque, trop souvent insoutenable et douloureuse, sans que le spectateur puisse vraiment comprendre les raisons d’un tel acharnement.
Mon avis sur La Route: 6/10
La Route n’est pas un mauvais film. Mais l’histoire se complaît sans retenue aucune dans la mise en scène du glauque à l’état pur : humains devenus des prédateurs ou des bêtes, terre grise et morte, froid persistant, blessures, faim, pleurs, suicides à répétition.
On remarquera avec tendresse la référence à la dernière scène du film de Truffaut Les 400 coups, lorsque Jean-Pierre Léaud, après avoir couru, se retrouve face à la mer.
Bande annonce de La Route de John Hillcoat
15
déc.
La Route : le film catastrophe après la catastrophe
Par Ariane le mardi, décembre 15 2009, 22:04 - Films à l'affiche
La Route, après des blockbusters comme 2012, Prédictions ou Le Jour où la terre s’arrêta, se positionne comme le film catastrophe à rebours de son genre. Exit les effets spéciaux démultipliés, la belle famille américaine et les dialogues si caricaturaux qu’on les perçoit pour la plupart au second degré.
Vous aussi notez ce film !
8.9/10
- Note : 8.9
- Votes : 19
- Plus haute : 10
- Plus basse : 1
Commentaires
Je n'ai pas aimé le livre alors je pense m'abstenir d'aller voir le film.
@Stephie : sage décision, d'autant qu'il y a plein de films sympathiques à voir en ce moment
Le livre est poignant, d'une sobriété au-delà de tout... Un chef d'oeuve dont les mots pèsent chacun une tonne de malheur... Je suis totalement fan est tristede et par ce livre. Pas eu envie de voir le film... Les flash-backs de la mère... m'ont déjà parus suspects...
Le livre est poignant, d'une sobriété au-delà de tout... Un chef d'oeuve dont les mots pèsent chacun une tonne de malheur... Je suis totalement fan est tristede et par ce livre. Pas eu envie de voir le film... Les flash-backs de la mère... m'ont déjà parus suspects...
A lire cette critique, on dirait que vous n'avez pas pris le temps de lire le livre qui est déjà "glauque" comme vous l'écrivez. Je pense que ce film est une très bonne adaptation d'un roman très difficile à reprendre au cinéma. L'ambiance grise, la solitude, la lourdeur est très bien filmée et mise en avant.
@louis : Quand je vois une adaptation cinématographique d'un livre, je vais très rarement le lire ensuite. C'est plutôt l'inverse qui est intéressant. Je n'imaginerai pas voir les Harry Potter et lire les livres ensuite : on ne peut plus se construire son propre monde, donner une image aux personnages, il y a à la place les images du film.
Le livre est sans doute glauque, et c'est normal j'ai envie de dire, puisqu'il s'agit d'une adaptation. J'aurais été étonnée que le livre soit gai.
Moi aussi, le commentaire de "vigo" me laisse songeuse....Les flash-backs apparaissent dans le récit, et cela se passe pendant les rêves du père.... le film est extrêmement fidèle au livre.
vraiment rien de suspect...
attention, les bandes annonces déservent le film, là, je suis tout a fait d'accord...
a mon avis,ne vous privez pas
Ce film est percutant, il interroge, il désespère. J'ai mis 4 jours à m'en remettre. La question du suicide, de l'humanité, de notre inhumanité, qu'est-ce qui peut nous tenir à la vie quand il n'y a plus d'espoir, jusqu'où peut nous pousser la peur de la mort et l'envie de sauver sa peau...
Il fait parti de ces oeuvres qui ont changé quelque chose en moi. Et qui m'empêche de fermer les yeux sur mon inhumanité.
Bonjour,
J'ai lu le livre et vu le film, j'ai eu le même sentiment : j'ai été tenue à distance et n'ai pas été touchée outre mesure. Par contre, je ne comprends pas votre phrase "Hillcoat prend le parti de situer La Route après la grande catastrophe"... c'est en fait le parti de McCarthy l'auteur du livre... Hillcoat a été à mon sens très fidèle au livre... C'est dont à l'auteur de La Route qu'il faut s'en prendre pour le propos! Bonne journée
@mi : d'après tous les commentaires de ceux qui connaissaient le livre avant le film, on est plutôt dans la fidélité au texte.
@sightling : Oui, c'est une oeuvre percutante et très démoralisante
@choupynette : Comme je n'ai pas lu le livre, je ne savais pas si McCarthy situait le début de son oeuvre après le grand bouleversement. Et dans le cas d'un film (d'images), je trouvais intéressant qu'il situe le début du film après cette espèce de fin du monde. Du coup, je trouve intéressant qu'il ait été fidèle au livre là-dessus. Il y en a plus d'un qui aurait pu vouloir essayer de montrer au moins quelques plans de ce qui s'est passé.
Il faut avoir de la merde dans les yeux pour ne pas apprécier ce film. C'est vrai que tant de chefs d'œuvres se bousculent qu'on a pas vraiment le temps de s'arrêter sur un film trop réaliste sur le nature humaine et le bordel qui nous attend. Peu importe, on aura l'occasion de le voir en vrai, et sans doute plus vite qu'on pense.
Autant j'ai aimé le livre, puis le film qui est assez fidèle que la B.A est à côté de la plaque. Si on regarde cette dernière, on s'attends à voir des combats d'émeutiers, des immeubles s'effondrer, etc...
Hors, il n'en est rien. Le films (comme le livre) est au contraire après la catastrophe qui semble davantage consister en une sorte d'hiver nucléaire qui tue lentement plutôt qu'en un choc du genre explosion quelconque.
Par contre, le film n'explique pas du tout les grands incendies, il exclu des scènes importantes comme l'homme foudroyé (dans les bonus mais elle est mal tourné) les fuyards des grandes villes fondus dans les routes par les fameux grands incendies ... J'insiste un peu sur ces derniers car ils m'ont semblé importants dans le livre.
Sinon, le film est excellent, émotions garanties, et l'ambiance est remarquablement rendue ... Hou la! la! oui alors ... On sort lessivé !
J'aimerai quand même savoir en quoi consiste la catastrophe ...
Je pense que la catastrophe en question est l’explosion du super volcan de yellowstone, ce qui expliquerai l'absence de radioactivité, le refroidissement de la terre, la noirceur du ciel, les tremblements de terres en chaine et les incendies. (répliques, déstabilisations que la croute terrestre, légères éruptions ça et la, donc incendies).
De plus, étant donner qu'il y à plusieurs super volcan sur terre, l'explosion de l’un d'entre eux pourrait entrainer le réveil des autres.