Mais très vite on sent que si dans la famille du mari la femme n'a ni liberté d'expression ni pouvoir d'opposition, les parents et les frères et soeurs d'Umay ne voient pas son retour d'un très bon oeil lorsqu'elle leur apprend que son mari ne viendra pas et qu'elle n'y retournera pas.
Pour la famille, c'est l'humiliation : Umay doit retourner chez son mari, sous peine de déshonorer sa famille. Face au refus d'obtempérer, le père, le frère, organisent l'enlèvement du petit Cem pour au moins le ramener à son père.
L'Etrangère est un film sur la condition des femmes turques soumises aux lois des familles traditionnelles. La tradition, les coutumes, l'honneur, sont plus importants que le bonheur d'un enfant, de tous ses enfants. C'est la terrible histoire de ce film dans laquelle les parents mais aussi les enfants courent à leur propre perte.
La beauté de la mise en scène se concentre sur des gros plans des visages et sur des plans d'ensemble dévoilant des personnages en avant plan et en arrière plan. La proximité et la netteté s'opposent à l'éloignement et à l'utilisation du flou : les personnages, séparés par la mise en scène elle même, laissent suggérer un éloignement présent dès le départ. Les rapports se délitent. Et l'image en est la constante preuve.
L'étrangère est un film très émouvant sur le désespoir d'une femme touchée dans sa chair, et rejetée par ceux qu'elle aime. Les réactions des personnages - les fils, le père - dressent le portrait d'une masculinité malade : violente, à cheval sur sa supériorité, insupportable.
Le scénario en fait pourtant un peu trop : des scènes comme le discours en plein mariage, la rage des fils à plusieurs reprises, créent bien sûr des personnages à fleur de peau mais aussi une impression d'acharnement et la sensation que le film veut émouvoir, coûte que coûte. Le scénario peut sembler exagéré quelquefois, tant les scènes de conflit sont nombreuses. Le personnage d'Umay n'est alors plus si éloigné du bouc émissaire, tout en flirtant aussi avec l'auto-destruction. L'Etrangère devient alors pesant et hormis quelques scènes où Cem s'amuse, la noirceur des événements et des traditions s'accumule.
Impossible de rester froid à cette dénonciation féministe en règle, véritable descente aux enfers pour une femme qui tente de se recontruire et que sa famille détruit.
Mon avis sur L'Etrangère de Feo Aladag - sortie le 20 avril : 7/10
L'Etrangère, film intimiste sur la condition des femmes turques, est un film choc et poignant sur l'opposition entre d'un côté l'aspiration au bonheur et de l'autre les coutumes ancestrales qui veulent qu'une femme soit l'ombre de son mari et soit fixée à lui pour toujours. Le très beau leitmotiv musical du film achève un portrait beau et désespéré.
Bande annonce L'Etrangère de Feo Aladag - le 20 avril au cinéma
29
mar.
L'étrangère : la femme à l'encontre des traditions
Par Ariane le mardi, mars 29 2011, 19:28 - Films à l'affiche
L'Etrangère ne laissera pas son spectateur indemne.
La réalisatrice Feo Aladag dresse dans ce film le portrait d'une jeune mère : Umay.
Face à un mari violent qu'elle n'aime plus, elle prend une décision : elle part avec son fils et trouve refuge à Berlin chez ses parents, ravis de la voir.
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9/10
- Note : 9
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- Plus basse : 8
Commentaires
j'ai beaucoup aimé ce film même s'il est très dur
j'étais curieuse de savoir comment la réalisatrice allait traiter ce sujet qui m'intéresse beaucoup et je pense que son paris est gagné( même si je pense comme toi que quelques fois elle va un peu trop dans le pathos ). Elle a traité le sujet de manière plutôt inédite en montrant que la liberté des femmes était compromise aussi dans les pays occidentaux avec le cloisonnement des communautés, mais on se contente plutôt de dénoncer a l'extérieur qu'à l'intérieur. En somme un film dur mais qui donne à réfléchir et qui parle plus généralement des relations familiales.
A voir!! ^^
@swan : Tu as raison, car les parents d'Umay habitent Berlin. C'est comme s'ils habitaient en France, en fait. L'histoire aurait pu se passer partout.