A première vue, Katyn est un énième film sur la guerre mondiale, un type de film que j'évite. Katyn arrive pourtant à me faire aimer ce genre historique, comme l'ont fait auparavant La Vie est belle et Inglorious Basterds.

Le sujet choisi est original : il s’agit de raconter comment les polonais ont vécu l’invasion et le massacre des leurs, prisonniers entre l’Allemagne nazie et la Russie soviétique.
Ensuite, il n’y a pas de scène de bataille dans Katyn. Mieux encore, Andrzej Wajda accorde la même importance narrative aux femmes qu’aux hommes. Katyn est un film de guerre qui se concentre en grande partie sur les femmes et les enfants laissés à l’arrière et rongés par l’attente. Les lourdes machineries fatiguantes, les impétueuses scènes de bataille répétitives ne font pas partie de la mise en scène.

Katyn, c’est plutôt la mise en scène de l’attente, le traitement de l’image par l’extrême beauté pour parler de l’horreur. Andrzej Wajda tisse même un parallèle intéressant entre les femmes et les hommes, qui, finalement, en sont réduits à la même activité : l’attente.
La caméra va donc des soldats et officiers prisonniers aux femmes et aux petites filles qui tentent de survivre et attendent le retour du mari, du père. En filigrane, se dessine un choix complexe pour le militaire : le devoir patriotique doit-il passer avant le devoir marital ? Un homme n’aurait-il pas été plus utile à l’arrière ?

Katyn s’appesantit également sur la vérité historique : Andrzej Wajda raconte la véritable histoire du massacre de Katyn, dévoilant les russes comme vrais coupables, tandis que les allemands, accusés par erreur, étaient en réalité innocents. Cette leçon d’histoire est partagée avec élégance, émotion et panache. La mise en scène, exquise de bout en bout, touche à la divinité, lors par exemple des chants pour célébrer Noel, avec une caméra qui s’élève vers les cieux, légère et douce. Andrzej Wajda frôle l’académisme froid à plusieurs reprises, mais réussit toutefois à émouvoir le spectateur.
La seule déception réside dans la progressive disparition des deux personnages suivis au début : Anna et sa petite fille, dont l’histoire aurait pu être davantage développée.


LES BONUS DE KATYN D'ANDRZEJ WAJDA
Le DVD comprend de nombreux bonus, très complets : des archives nazies et soviétiques consacrées à Katyn, un entretien avec le réalisateur Andrzej Wajda, un témoignage d’Alexandra Viatteau.
On apprend entre autres qu’ Andrzej Wajda a réalisé Katyn à 80 ans, en mémoire de sa famille puisque son père fait partie des officiers assassinés à cette époque par l’armée russe. Enfant à l’époque, il a vécu la guerre du côté des femmes, à l’arrière, dans l’attente.
La mission de ce film est pour lui double : familiale, mais aussi nationale, pour rappeler à la Pologne son Histoire.


LA BANDE ANNONCE DE KATYN D'ANDRZEJ WAJDA