Coraline, petite fille audacieuse et éveillée emménage avec ses parents (piètres cuisiniers et piètres parents) dans une vieille maison en pleine campagne. Dehors, il n’y a pas grand chose à explorer, et une fois les rencontres faites avec les voisins : Mr Bobinsky, grand contorsionniste qui rêve d’un spectacle avec des souris, Melle Spink et Melle Forcible, grandes adeptes du thé et de la taxidermie pour garder l’heureux souvenir de leurs chiens défunts, l’ennui guette.
Mais une nuit, Coraline découvre un passage secret qui la mène au paradis : la maison est lumineuse, un repas magnifique est servi. Ses parents sont là, mais il s’agit de l’autre père et de l’autre mère. Leurs différences : ils ont des boutons à la place des yeux et semblent pouvoir exaucer tous les vœux de Coraline qu’ils appellent leur fille.

Dès lors, le film Coraline passera d’un monde à l’autre, dans une esthétique presque sans faute.
Dans l’autre monde, Coraline retrouve tout ce qu’elle connaît dans la réalité, mais transcendé. Mr Bobinski propose un admirable spectacle de souris dans un cirque rien que pour Coraline et son ami muet et souriant Wybie, les deux vieilles femmes du dessous les accueillent dans un théâtre lors d’une scène magique. Il faut imaginer deux vieilles femmes d’embonpoint déguisées en sirène, dansant et chantant. Le spectacle, les repas et le jardin rempli de fleurs multicolores, comme des sirènes, appellent Coraline vers sa perte.

Pourtant, le film Coraline n’est pas un chef d’œuvre. Les images sont belles, le scénario original, mais il manque la poésie de Corpse Bride (Les noces funèbres) ou de L’Etrange Noel de Monsieur Jack.
Le film est complet, total, et c’est peut-être aussi là que peut résider la réserve des spectateurs. Coraline utilise toutes les cartouches des contes pour enfant (le chat qui parle, la sorcière, le pantin, le puits, le passage secret, le talisman, etc), comme si le réalisateur Henri Selick (réalisateur de L’Etrange Noel de Monsieur Jack) cherchait lui aussi à attirer les enfants dans sa toile pour leur montrer les potentialités du cinéma par rapport à la réalité.

Le dénouement, moral, ramène pourtant vers la réalité, avec cette leçon implicite : la quête du bonheur, ce n’est pas changer de monde, mais changer soi-même pour changer le monde.
Nous revoilà les pieds sur terre, et dans un jardin enfin fleuri, bien gardé par le chat, philosophe incontesté de cette aventure.


Note : Coraline, 7/10
On reste conquis par l’esthétique. L’histoire. Les personnages.
Mais ça et là, quelques déceptions, comme ces parents amnésiques qui décidemment n’ont rien compris. N’y a-t-il que les enfants qui changent dans les films d’animation ?
On s’interroge aussi sur l’histoire de cette sorcière, et s’il y a un manque dans le film Coraline, c’est sans doute une ou deux scènes dans l’intimité de l’autre-mère, pour mieux la comprendre et mieux la connaître.


Bande annonce : le film Coraline, Henri Selick