Elle aime la couture, les mots d’esprit et la danse. Il aime la poésie, la poésie, et passer du temps avec son protecteur M. Brown qu’elle déteste.
Elle est forte, agile, les pieds sur terre et manuelle. Il est chétif, pauvre et rêveur : c’est un génie pour l’instant incompris.
Mais ils créent, tous les deux, et les cœurs, sensibles, s’accélèrent, pour un amour pur et peu démonstratif. Il s’agit plutôt d’un baiser, d’un rapprochement de corps, d’un amour romantique et épistolaire.

Bright Star, c’est aussi l’amour de la création, qu’elle soit poétique, vestimentaire, ou cinématographique. La lumière qui irradie dans Bright Star est à couper le souffle. Chaque plan dévoile ses beautés infinies, condensant des poèmes en images, des mots en regard.

Si Bright Star respire la création, c’est aussi pour la laisser s’envoler : amoureuse et attristée des départs répétés de John pour Londres ou l’Italie, lentement, Fanny change. Elle arrête la couture, perd l’appétit, ne peut qu’admirer des papillons pour leur fragile beauté. L’amour remplace son talent, tandis que le poète, inspiré par l’amour, écrit ses plus beaux vers en pensant à sa bien-aimée. Le cinéma de Jane Campion grandit, lui aussi, jusqu’à la scène finale, où pourtant, l’ensemble des talents des personnages a disparu, dans la mort et le chagrin.
Tous les symboles de l’éphémère sont là : le papillon, l’étoile, qui file, et ces saisons qui passent, d’un plan à l’autre.

Jane Campion consacre son film à la création poétique, sans jamais proposer la caricature du génial poète au travail seul dans sa mansarde. Au contraire, la création se fait en présence de la nature, de M. Brown ou quelquefois de Fanny.
La création poétique va ainsi jusqu’à connaître un traitement comique, comme lorsque M. Brown, par exemple, tente d’expliquer à la famille que lorsque lui et John gambadent dans les prés sans rien faire, ils travaillent et ne doivent pas être dérangés !
L’autre difficulté résidait dans l’insertion de scènes de lectures et de récitations. La première est magistralement réussie, la petite Toots lisant à sa soeur Fanny le premier poème du recueil qui passe ensuite de main en main. Les suivantes manquent de dynamisme tandis que les vers déclamés donnent l’envie de mouvement et de liberté.


Mon avis sur Bright Star : 9/10
La beauté des plans, conjuguée à celle des interprétations livre un film émouvant et stellaire, où Bright Star n’est plus seulement le titre d’un poème, mais celui d’un film où se rencontrent la poésie du texte et celle de l’image.
Le film est peut-être un peu long, sans que l’on puisse pourtant en vouloir à Jane Campion de faire durer cet amour, dans une lutte perdue d’avance contre le temps qui passe et l’éphémère.


Bande annonce de Bright Star de Jane Campion