Clint Eastwood choisit un sujet casse-gueule. On voit le pathos venir à des kilomètres et les risques de faux pas sont innombrables. La nervosité du spectateur est là, aussi, devant le film d'un vieux monsieur dont les thèmes s'approchent toujours plus de l'au delà.


Tout commence avec la représentation du monde des morts, façon paranormal, avec du flou, de la vitesse et des voix déformées. On se croirait revenir dans les séries télé des années 90. Clint Eastwood n'est pas à l'aise avec les effets spéciaux. Résultat : cet au delà ne sera ni convaincant ni très fin.
Le personnage qui illustre le mieux le plus gros souci du film est Marie. Après avoir vu la mort à Phuket, elle décidé d'écrire un livre sur l'au delà. Le spectateur se retrouve alors dans un film à thèse sans être convaincu par l'hypothèse de départ – un au delà aux effets de style ratés.

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Clint Eastwood veut nous embarquer dans son histoire, mais le spectateur reste extérieur, tant les cordes qui lui sont lancées pour s'agripper sont grossières.
 À la thèse s'ajoute le mélodrame avec usage illimité du sentimentalisme. Le film a un but : nous faire pleurer. Clint Eastwood en fait trop, beaucoup trop.
Au final, les personnages restent assez lointains, et le scénario peine à convaincre.
 L'utilisation d'événements dramatiques réels : tsunami, attentats du métro, réduit hélas le film, installant une mauvaise sensation de journal de 20 heures. Marie est présentatrice à la télévision, et ce monde de la télévision, des drames surexposés ne réussit pas au réalisateur.

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On retiendra de belles scènes : l'atelier de cuisine italienne, les rencontres du petit Marcus avec des charlatans londoniens : des scènes plus légères et plus simples dans lesquelles l'humour sauve du sentimentalisme opaque et exacerbé des autres scènes.

Au delà est peut être alors un film trop sérieux, un film qui lorgne sur le fantastique quand il aurait pu s'inspirer tout simplement des petites choses de la vie qui font naître une émotion vraie, qui permettent de continuer à vivre tout en apprivoisant la mort. 
Le personnage du jumeau est sans doute le plus réussi, car lointain des mots, dans un film court circuité par la parole.

Mon avis sur Au delà de Clint Eastwood : 4/10
Au delà est un film qui plaira peu, de par son sujet même, triste et morbide, de par son traitement filmique et scénaristique, aussi, puisque le choix du film chorale ne remplit pas son contrat. Les personnages restent lointains, ce qui déjà se pressentait dans Invictus. Clint Easwood ne transcenderait-il pas ses films lorsqu’il y joue un rôle ? On peut se poser la question, tant Gran Torino et Million Dollar Baby laissaient à voir l’art du maitre, tout en rudesse et en émotions.


Bande annonce Au-delà de Clint Eastwood, le 19 janvier au cinéma