Ne pas s’attendre à vouloir déménager en Suède, une fois les deux heures et demi écoulées : entre violences, viols, des psychopathes aux références bibliques, nazies, ou même sans références du tout, il ne fait pas bon vivre en Suède.
Le scénario de Millenium (ou le livre) fait sans doute l’erreur du too much, dans un policier néanmoins efficace et innovant.
Lisbeth Salander personnage principal féminin est une belle énigme, interprétée à la perfection par Noomi Rapace. Du côté du jeu d’acteur, il n’y a d’ailleurs rien à reprocher, Michael Nyqvist en gentil journaliste persécuté (répondant au doux nom guttural de Michael Blomkvist) et , Sven-Bertil Taube en vieil homme émouvant apportent réalisme et densité à une intrigue aux rebondissements sympathiques.
Ainsi, Millenium ne choisit pas de tomber dans la caricature de l’homme fort et conquérant, face à une jeune femme mièvre et fragile. Lisbeth sait prendre les devants, s’habille tout de noir et arbore fièrement ses piercings sur le nez. On a rarement vu une héroïne si insondable et c’est tant mieux.
Pour entrer dans le film, il faut pourtant s’accrocher. Le placement de produit, entièrement dédié à la marque Apple s’amuse allègrement durant tout le film et principalement dans la première demi-heure, à rappeler qu’on est au cinéma, et, pire encore, qu’il s’agit de l’instant publicité…
Si le bas blesse à nouveau, c’est sans doute dans la difficulté d’identification aux personnages principaux, qui laisse en chemin la peur et le malaise du spectateur. Millenium échoue là où des films comme Funny Games ou Pour elle, en thrillers impeccables, savaient faire prisonnier le spectateur, le terrifier à chaque plan un peu plus long que de coutume, l’accrocher à l’écran sans aucune concession.
Reste de magnifiques paysages nordiques, mais froids, comme la mise en scène.
Note : 6/10
Le film Millenium est une série B efficace.
Il manque à la complexité de l’histoire un parti-pris esthétique plus affiché, qui aurait peut-être pu se jouer dans la pâleur de la neige ou la transparence des eaux.
L’insularité est peu ou pas explorée. Dommage.
18
mai
La critique de Millenium, un film de Niels Arden Oplev
Par Ariane le lundi, mai 18 2009, 16:20 - Films à l'affiche
Label des spectateurs UGC, Millenium a le mérite original d’être un film suédois venu s’asseoir dans les salles de cinéma entre les films français et les films américains.
L’explication est simple : Millenium est un best seller écrit par l’auteur suédois Stieg Larsson.
Vous aussi notez ce film !
8/10
- Note : 8
- Votes : 27
- Plus haute : 9
- Plus basse : 6
Commentaires
Tu es dure !
Comme le froid de suède
Moi je suis rentré tout de suite dans le film et j'ai beaucoup aimé.
Difficile de me conquérir...
suis assez d'accord avec ta critique. Ai vu meilleur et largement. Dommage. Le film ne fait ni dans la dentelle ni dans la subtilité et ne correspond pas à l'esprit Larson (avis perso). Me demande ce qu'il en penserait. Et quel intérêt l'humain du XXIè trouve-t-il à se saturer l'esprit de toute cette violence ? Comme si l'actualité planétaire ne suffisait pas ! M'étonne toujours de ce phénomène ... mais bon ...
O_o Bah du coup, je ne sais plus si j'ai envie d'aller le voir ou pas... Sinon, moi j'ai beaucoup aimé le lire, le personnage de Lisbeth y est pour beaucoup, son côté rebelle certainement...
@domi : Je pense qu'on est d'accord domi : de la violence inutile dans ce film, et qui plus est sans aucun esthétisme.
@Koralee : Si tu as aimé le livre pour le personnage de Lisbeth, tu aimeras le film je pense. S'il y a quelque chose que j'ai aimé dans Millenium, c'est bien ce personnage féminin très nouveau scénaristiquement parlant.
Par contre, pour avoir aimé le livre, il est possible que tu n'aimes pas le film. C'est souvent ce qui arrive avec les livres qu'on a adorés. On s'est crée toute une imagerie, qui ne correspond pas aux images proposées par le film. Enfin, en tout cas, c'est mon cas, la plupart du temps.
Deux choses:
- Le "too much" est une appréciation que tu dois laisser à chaque spectateur. Certaines scènes sont violentes, ou plutôt dures mais chacun le vit différemment avec une sensibilité qui lui est propre. Les scènes violentes, les viols en particulier ne sont pas esthétiques. Le contraire me semble paradoxal. En tout cas, là où tu ressens un manque d'esthétisme, j'y trouve un drame sans fioritures, sans accentuations cinématographiques ridicules. Le tout parait très authentique.
- La marque Apple y est bien présente, tout comme dans beaucoup de films on retrouve une marque en premier plan. Je trouve donc étonnant que tu fondes une partie de ta critique du film sur ce point si tu ne le fais pas pour chaque autre films où de nombreuses scènes te montrent les meilleurs des meilleurs de la planète buvant du COCA COLA devant des ordinateurs DELL...
Je trouve donc ta critique sévère.
SebRelou, bien évidemment le too much est subjectif, comme à peu près tout ce qu'on trouve dans une critique... Qui correspond à un avis, une opinion donnée sur un film.
Ensuite, les scènes violentes peuvent être esthétiques. C'est justement ce que des films comme ceux de Tarantino, de Lynch ou de Haneke ne cessent de montrer, et c'est pourquoi il est étrange de les voir : d'aimer cette violence parce qu'elle est belle et d'en même temps la détester. Voilà un type de malaise que ne peut provoquer Millenium, qui n'apporte qu'un sentiment de répulsion. Baudelaire disait : donnez-moi votre boue et j'en ferai de l'or. Pour moi, cela s'applique aussi au cinéma, et à l'art en général qui a le don de transformer l'affreux, la violence, en une ligne magnifique, un plan inoubliable.
Concernant les marques. Je suis évidemment d'accord avec toi : le placement de produit n'est pas utilisé que dans Millenium. Seulement les autres réalisateurs savent l'amener avec plus de finesse ! Là, je n'ai vu que des gros sabots : gros plans sur l'ordi, sur la pomme, sur le code, sur le sac de l'ordi juste après qu'il soit acheté. On aurait presque pu avoir une scène dans un apple store ! Je ne suis pas anti ordinateur dans un film... Mais il y a des manières de ne pas rendre un placement de produit omniprésent, jusqu'à en faire oublier l'histoire.
Ma critique est peut-être sévère, mais je l'assume à 100%, sachant d'autant plus que c'est un film qui divise. Pour le moment j'entends des personnes enchantées, et d'autres désenchantées, peut-être un peu idéalistes et étranges comme moi, qui pensent que le cinéma peut transformer le noir en blanc, la violence en beauté, et nous épargner la publicité qui nous poursuit partout.
J'ai juste une remarque a faire à arianne : il s'agit d'une adaptation (je la trouve d'ailleurs plutôt réussite) et dans le livre les scènes de viols sont du même style (voir pire) : crues ,très dérangeantes !!! De plus le viol etant un acte abominable je trouve assez normal que ce soit tourné de cette façon la ; les autres films qui l'incruste dans leurs scénarios "avec finesse" ,comme tu dis, n'en "exploite" pas les cotés spycologiques , que ce soit choquant nous permet a nous spectateurs de 'ressentir' cette horreur et ce degout , alors que dans les films qui ne font que la citer le spectateur n'est pas choqué (parce que c'est "héstetique") parce que ça n'en est pas le but rechercher .
Je tiens à préciser que Blomkvist, aussi guttural soit-il, signifie "brindille de fleurs" en suédois...