Klapisch, dans son dernier film, fait fusionner un lieu, un temps, contemporain, avec des peurs, des joies, l’amour. La caméra et le spectateur s’attachent à plusieurs personnages, chacun représentatifs de la faune parisienne : le professeur de fac Roland Verneuil joué par un Fabrice Luchini attachant et drôle, Laetitia (Mélanie Laurent), la belle étudiante avec laquelle il entretient une liaison, son frère, architecte, un groupe de personnages qui vendent poissons et légumes (la découverte, de nuit, de l’entrepôt à viande et d’un éveil à l’amour au milieu des cadavres est magistrale d’étrangeté), Pierre : le malade, sa sœur, Elise, accompagnée de ses trois enfants et Benoit, dont le rêve est d’aller à Paris, ce qui permet au film une petite échappée en Afrique, en dehors de l’étouffement parisien. Car s’il manque un personnage dans Paris, s’il manque un désir, c’est celui de quitter cette ville tentaculaire, avec le rêve d’un nouveau paysage, l’envie d’autre. Dans Paris, ces envies de changement finissent plutôt mal : en voulant changer de métier, la marchande de légumes a un accident de moto. Qu’arrivera-t-il à Pierre dont on doit changer le cœur ? Les multiples images du cimetière, l’appartement de Pierre à deux pas du Père Lachaise, l’enterrement du père de Roland Verneuil au tout début du film marquent Paris du deuil. L’amour s’y mêle, dans la rencontre entre Elise et Jean, l’un des marchands de légume, les amours de Laetitia. Paris a un cœur. Un cœur qui aime. Un cœur malade, aussi… mais qui ne se dit pas. Il se montre, simplement, au gré des déambulations, au gré des respirations rauques de Pierre. Le film, de par le thème de la maladie et le choix de Romain Duris pour incarner ce personnage affaibli, ne peut que rappeler Le Temps qui reste, de François Ozon. Paris, pour Cédric Klapisch, c’est sans doute alors le lieu qui reste, malgré l’amour déçu, malgré la mort : une éternité qui se contemple du haut des fenêtres, mêlée à la vie éphémère de personnages en pleine santé et au passage, le 24 décembre, du Père Noel.