- Enfin mon fils, tu sais bien qu’on ne meurt pas dans les livres, je te l’ai déjà dit, clame John en se levant. Capsoul ! Capsoul !
Aussitôt, la jument de toutes les couleurs sort de l’obscurité, comme venue d’un autre monde, d’un rêve ou d’un cauchemar en veille. Elle n’est pas très grande et de toutes les couleurs, tachetée, des sabots à la tête.
- La célèbre Capsoul !
- Où est le tien ? demande John à Ernest.
- Je suis venu à pied, confie-t-il. Le cultivateur n’est qu’à quelques centaines de mètres d’ici.
- Ça ! Et il ne me prévient pas ? Il faut que toi, héros et donc un peu mon ennemi tu viennes me chercher…
John redevient silencieux, continuant à parler seulement dans sa tête : « Si on m’avait demandé de t’aller chercher, je crois bien que je n’y serai pas allé ! »
Pendant ce temps, Johanna se trouve encore aux prises avec Monsieur Dilemme : mettre le jean mouillé, ne pas le mettre, elle hésite, car au souvenir même du tissu mouillé collant ses cuisses, elle éprouve un malaise abominable. Pourtant, il fait froid, et se promener dans la nuit, à demi-vêtue, lui semble ne pas être une bonne idée.
- John, je ne pourrais pas avoir ma tenue de rechange ?
- Ça ! s’écrie John. Es-tu une fille bon dieu ? Un homme n’a pas besoin de se changer quand son pantalon est mouillé. Partons, et plus vite que ça !
John se tourne alors vers Ernest pour lui demander la direction à suivre mais l’homme aux tirs étranges a disparu.
- Tu vois, il est parti sans nous ! Il doit déjà y être ! Quelle réputation je vais avoir. Dépêche-toi donc !
John enfourche alors son cheval et Johanna, terrifiée par le fait de rester seule ici plutôt que par les ordres de son père, enfile le jean à la vitesse des plus grands tireurs de l’ouest, saute prestement sur la croupe de Capsoul et se colle contre John, qui, d’un coup de talon, lance la jument au grand galop. La petite équipée se dirige vers une lueur rougeoyante qui brille dans la forêt.
- Je me doutais que c’était lui. Je savais que nous n’étions pas seul. Ernest est passé par là, c’est sûr. Je sens son parfum. L’annonce de la quête est proche : nous brûlons.