Francis Costello (Johnny Hallyday) met les pieds à Honk Kong après le meurtre de sa famille : son beau-fils et ses petits enfants sont morts. Il lui reste sa fille grièvement blessée. Francis lui promet vengeance et, dans un pays dont il ignore tout, se met en quête d’une triade de tueurs à engager pour liquider les responsables.

On ne peut enlever à Johnny Hallyday sa présence : un visage pur, constellé d’émotions, des vêtements à la western des grandes villes. Seules certaines répliques, principalement au début du film, rendent hésitant le spectateur. Que faire ? Rire ? Ou prendre le parti de la fiction ?
Le film Vengeance de Johnnie To joue sur le second degré, sans oublier au passage d’être beau. Les effets de style pleuvent sur le spectateur, en extase devant une pluie battante, en émoi devant un vent qui charrie comme autant de messages les minuscules papiers colorés d’une décharge, au milieu d’une fusillade à mort.

Dans Vengeance, il s’agit de tuer. Mais en même temps, il s’agit de vivre, et vivre, c’est manger. Si les scènes de meurtre se succèdent, les repas s’intercalent, dernier sursis avant la mort des prochains, pour tisser des liens ou montrer sa virilité.
Quant à George Fung, l’orchestrateur du massacre de la famille de Francis Costello, il passe son temps au restaurant : beau parti pris scénaristique et visuel pour suggérer son égoïsme et sa richesse solitaire.

Face à ce mur inhumain, le personnage de Johnny Halliday se révèle touchant, émouvant. Le grand-père retrouve sa part d’enfant, d’abord perdu dans une rue effrayante, ensuite attablé avec une ribambelle d’enfants vivant sur la plage.
Les enfants ont plutôt l’air européen, le décor ne fait pas vraiment sens avec une histoire finalement plutôt simple, trop simple pour certains, mais tout est pardonné devant tant de beauté, devant une telle escapade de la ville à la mer.
Johnnie To réussit là un magistral coup de force : faire accepter au spectateur une histoire pas toujours logique, parce qu'elle est belle, légitimée, aussi, par une poésie d’un autre monde.

A savourer en même temps, pris dans l'engrenage de la vengeance : le passage décomplexé du français au chinois, en passant par l’anglais. Johnnie To se nourrit à toutes les enseignes, et il a bien raison : le résultat est un film qui se savoure sans commune mesure.


Note 8/10
Vengeance est une belle découverte, qui donne envie de se plonger dans l’œuvre de Johnnie To.
Seule faiblesse peut-être : un dénouement pas vraiment à la hauteur du film, mise à part cette réplique culte : « c’est ton manteau ? ».
J’adore, mais on me souffle dans l'oreillette que ce film est à conseiller aux cinéphiles avertis...

Innovation dans les billets de critiques de films : la bande annonce figurera désormais à la suite de la critique.


Bande annonce, Vengeance, de Johnnie To


Et si le prix de la mise en scène était décerné cette année à Johnnie To pour son film Vengeance ?