Le film a fait du bruit à Cannes et Jen Dujardin est reparti avec le prix d'interprétation, amplement mérité.
The Artist nous donne une chance très rare : celle de replonger à l'époque des années 30, et de découvrir les sensations éprouvées devant la projection d'un film muet au cinéma. Bien sûr, l'orchestre n'est pas dans la salle mais le réalisateur s'arrange pour le faire figurer dans le film lui même, lorsqu'un film dans le film est projeté.

Si The Artist est une déclaration d'amour au cinéma, c'est plus précisément une déclaration d'amour à une certaine époque disparue : l'âge d'or du muet à Hollywood et sa disparition progressive avec l'arrivée du parlant.
Jean Dujardin joue le rôle de Georges Valentin, une star du muet qui va découvrir par hasard Peppy Miller, une future star du cinéma parlant : la relève. Avec un scénario du type des classiques A Star is born, The Artist interroge le statut de star et son rapport au monde.
Paradoxalement, le film est muet mais est obsédé par une réflexion sur la parole qu'on découvre dès le début du film. Un film avec Georges Valentin est projeté. La star joue le rôle d'un héros qui se fait torturer par les méchants qui l'électrocutent en hurlant "Parle". Ce problème de parole de Georges Valentin va être récurrent : dans ses rêves, les studios se lancent dans le parlant, son chien aboie et les figurantes éclatent de rire. Dans la rue, il est incapable de saisir ce qu'un policier lui dit, et encore plus incapable de répondre. Georges Valentin est condamné au muet et va devoir trouver un nouveau moyen d'expression pour s'en sortir et se faire entendre.

the artist acteurs
De l'autre côté du miroir, il y a Peppy Miller (Bérénice Bejo), rencontrée par hasard lors d'une projection de film, et qui va gravir petit à petit les échelons de la gloire, en même temps que Georges les descend. Hollywood est une machine à créer les stars, mais aussi une machine à broyer les stars quand elles ont fait leur temps, qu'elles ne collent plus à l'époque et aux innovations techniques.

The Artist est un film extrêmement bien documenté, et qui a su intégrer les contraintes et les forces du muet. Michel Hazanavicius cite comme références de nombreux réalisateurs : Murnau, John Ford, King Vidor ou encore Tod Browning et Fritz Lang. Faire le choix du muet en 2011 peut sembler étonnant et intellectualisant, mais le réalisateur, en justifiant le choix du muet par l'histoire elle-même, crée dès le départ une relation étroite entre l'histoire et la mise en scène.
Le film ne sombre pas pour autant dans le didactique et propose au contraire une histoire d'amour et une histoire humaine, vues par le filtre du cinéma, qui ose des références au début du parlant avec les claquettes de la comédie musicale ou encore Citizen Kane.

the artist jean dujardin

Mon avis sur The Artist de Michel Hazanavicius : 9/10
The Artist est un métafilm hors norme, qui couvre un pan de l'histoire du cinéma bien connu (le cinéma muet et le passage au parlant) mais en ayant le cran de faire ce récit en utilisant le noir et blanc et le muet : les outils de l'époque.
Cette incursion dans le rêve hollywoodien reste très classique : attirance pour le statut de star pourtant éphémère, mécanique de construction des films, passage de flambeau rude entre deux décennies de stars, etc.
On se laisse emporter dans ce film aux accents comiques et mélodramatiques, qui cerne les personnalités de ses personnages avec brio, les gros plans sur Jean Dujardin et Bérénice Bejo étant simplement magnifiques.


Bande annonce The Artist de Michel Hazanavicius



The Artist célèbre aussi l'art musical des films muets avec une bande originale de Ludovic Bource.

BO The Artist, "Pennies form Heaven" de Rose Murphy

Retrouvez sur AlloBo toute la BO de The Artist.