Là, Jean-Pierre Améris ne choisit pas une timide mais deux : deux émotifs chroniques, qui sont gênés dans leur vie de tous les jours et s’ils le pouvaient, passeraient leur journée chez eux et leur vie seul. Bien évidemment, ces deux personnages (Jean-René et Angélique) travaillent ensemble et se plaisent.
Lui est à la tête d’une usine de chocolat proche de la faillite et elle est embauchée en tant que commerciale pour relever l’entreprise.

Les Emotifs anonymes réserve quelques beaux moments et gags : Jean-René qui change de chemise dix fois dans la journée, les séances chez le psy avec un petit exercice à faire pour la prochaine fois, le voyage pour le salon du chocolat avec une chambre d’hôtel unique pour nos deux timides.

emotifs-anonymes-Poelvoorde
Mais l’ensemble reste convenu et l’intrigue prévisible du début à la fin. A ce manque d’originalité s’ajoute une psychologie de bas étage, qui crée des personnages improbables et caricaturaux : qu’on n’aille pas faire croire au spectateur qu’un grand timide va décider, dans un restaurant, d’accompagner le groupe de musique en chantant…

Le jeu des acteurs n’est pas plus flamboyant, avec des répliques pas forcément bien dites et des mimiques trop chargées. La volonté du réalisateur est partout palpable : proposer un film de Noel de style franchouillard, poétique, émouvant et bien-pensant. Du coup on passe à côté de l’histoire de chocolats… Car à Noel on mange des chocolats. Le film serait sorti en juin qu’on aurait probablement eu droit à des glaces, avec une étendue de sous-entendus sexuels et tendres tout aussi élaborés.

emotifs-anonymes-couple

Mon avis sur Les Emotifs anonymes de Jean-Pierre Améris : 5/10
Les Emotifs anonymes est un film qui en fait trop : ambiance trop surannée et proche d’autres films, personnages caricaturaux mais heureusement attachants, scénario et thématiques très françaises. Le film peine à s’échapper de son étroit carcan, laissant à la périphérie toute la folie possible d’un tel sujet et les risques esthétiques.
L'intrusion - pas assez utilisée - de la comédie musicale à la Demy laissait pourtant espérer un film désuet et en même temps décalé.

Bande annonce Les Emotifs anonymes de Jean-Pierre Améris