Les fans du réalisateur espagnol ne seront pas déçus, Almodovar cultivant une nouvelle fois un univers personnel coloré, dans une Espagne décomplexée où les thèmes de l’homosexualité et de la paternité demeurent centraux.
L’égérie, Pénélope Cruz, est là elle aussi, incarnant cette fois-ci une jeune actrice embauchée pour jouer dans Filles et valises, une comédie de Mateo Blanco (Lluis Homar).
Mais tout se corse lorsque Magdalena (Pénélope Cruz), compagne du producteur, tombe amoureuse du réalisateur.
Cette histoire d’amour, mêlée au cinéma, le spectateur la découvre sous forme de flashback, Mateo Blanco devenu aveugle (et Harry Caine en même temps), se remémorant un pan de passé que Diego, le fils de son agent (Judit, interprétée par Blanca Portillo) n’a jamais voulu lui expliquer.

Et étrangement, dans Etreintes brisées, ce n’est pas le passé qui est lourd et lent, mais plutôt ce présent du récit, ou rien ne peut plus se passer, où il ne reste qu’aveux et confessions sur un passé qui avait le mérite du mystère et de l’hésitation.

Certaines scènes, magnifiques, jouent sur la blancheur et les éléments : il y a ce couple enlacé dans les draps, statues grecques éveillées, il y a la plage et Magdalena qui court pour ramasser les feuillets d’un journal. Entre poésie et beauté, le comique vient poser ses valises, Almodovar réussissant avec brio une parodie parfaite de ses premiers films (Talons Aiguilles, Femmes au bord de la crise de nerfs) avec Filles et valises, centré sur des personnages féminins colorés et loquaces.

Almodovar sait filmer les femmes. A la perfection. Et c’est peut-être pour cette raison qu’ Etreintes brisées donne trop de place aux hommes. Entre un producteur libidineux, un homosexuel caricatural et un réalisateur devenu aveugle, les personnages masculins plaisent moins, n’attendrissent pas.
Avec un tel titre, Etreintes brisées promettait l’émotion, la folie, le drame. Et l’émotion n’est pas venue.


Note : 7/10
Almodovar ne signe pas, avec Etreintes Brisées, son meilleur film. Il n’y a pas l’audace de Parle avec elle, ni l’émotion de Tout sur ma mère, ni la beauté mythique d’une Pénélope Cruz filmée à la perfection dans Volver.

Bande annonce Etreintes brisées, Almodovar