Jeudi c’était le rer B. J’avais rarement vu ça. Depuis octobre j’essaie de me convaincre de l’utilité d’aller à un cours qui dure deux heures et me demande entre 3 heures et 3h30 de transport en commun (L’Ens enclavée dans Paris, comme je suis enclavée en banlieue). Mais là, on marchait sur la tête. Ou plutôt les gens se marchaient les uns sur les autres. Ainsi, deux rames sont passées, bondées, sans qu’il soit possible de monter, et la foule sur le quai s’amassait… D’habitude je me fais une place : petite, la joue collée contre la vitre, mais une place. Ce jour là, impossible. Deux fois de suite.

Mais une fois de temps en temps on peut pardonner non ?

Sauf que. Lundi matin, le trafic du rer A est mort. Dans quelles circonstances ? Difficile de l’expliquer. Sans doute une énième avarie de matériel, chute de contener ou évanouissement d’un voyageur qui n’arrivait plus à respirer dans le wagon, et on sait bien pourquoi, vu la forte et monstrueuse affluence. Heureusement le métro 1 est là, plein à craquer. Logique. Pour montrer l’excellente prestation des transports, je dirai ceci, pour ce jour là : je suis bien rentrée, car, sans problème aucun, j’ai mis seulement une heure et quart. Un vrai bonheur. Même le bus était gentil : une attente de dix minutes seulement… Quand quelquefois il faut quarante minutes le matin avant qu’il se montre, avec derrière lui un cortège de trois ou quatre autres bus vides. Je veux bien que ça soit le trafic. Je veux bien que ça soit la connerie aussi. Mais passons. Car sans bus, je resterais bloquée chez moi.

Mon histoire s’achève aujourd’hui, mardi, où le rer A a fait un ultime record : 5 stations en 50 minutes. Mémorable. Admirable. Des quais bondés. Un rer irrespirable. Des espèces d’agent par dizaine sur les quais pour pseudo-montrer qu’on s’occupe du problème, oui. Et, bizarrement, pas de bagarre. Pas de cris. Les gens sont bien gentils, ou totalement anesthésiés. J’ai un mélange de respect et de dégoût blotti au creux du ventre.

Alors j’ai une petite nostalgie pour Madrid, où je suis restée une semaine. Pas un problème. Pas une attente de plus de dix minutes dans le métro. Des bus la nuit, deux ou trois fois par heure. Des locaux propres. Evidemment, il est plus récent celui-là. Je n’espère pas du métro français qu’il laisse au placard sa saleté et sa puanteur : impossible. Mais, seulement, que dans cette saleté et cette puanteur, ça fonctionne…
Un problème par mois, j’accepterais. Des problèmes chaque semaine, non.

On me dit qu’à Los Angeles les transports sont mauvais par rapport à l’Europe. J’attends de voir s’ils ne seront pas meilleurs qu’à Paris. Peut-être moins étendus, sans doute moins nombreux, mais peut-être, au moins, à l’heure… Et pas constamment malades. On marche sur la tête. Car si quelqu’un devait manifester, ce ne sont guère les cheminots, mais plutôt les usagers.