Pour les autres, voici quelques points explicatifs sur le film.
Le cygne noir comme signe de la schizophrénie
Black Swan est un film qui étudie la psychologie tourmentée de la danseuse Nina.
Si dans Shutter Island, le dénouement laisse planer un doute (le héros est-il fou ou est-il bien le marshall du départ, que les médecins cherchent alors à mettre hors d'état de nuire pour qu'il ne révèle pas les secrets de l'île), Black Swan ne laisse aucun doute persister.
On s'en rend compte dans la scène de lutte entre Nina et Lily. Les deux jeunes femmes s'entretuent et Nina réussit à toucher Lily grâce à un bout de miroir cassé qu'elle utilise comme un couteau. Elle cache le corps et repart sur scène pour enchainer sur l'acte suivant. Quand elle revient dans sa loge, on ne tarde pas à frapper. Et c'est Lily qui vient la féliciter.
Le corps a disparu et Nina se rend compte que c'est elle qui est blessée.
Elle a cru se battre avec Lily (qu'elle considère comme son ennemie), mais c'est contre elle qu'elle s'est battue, comme le dit si bien Thomas le chorégraphe : "Ta seule ennemie c'est toi-même.".
Lily peut alors être considérée comme un adjuvant pour Nina : en projetant le danger, Lily empêche Nina de sombrer dans la schizophrénie. Ou encore : Nina donne à son double le visage de Lily pour tenter d'oublier sa folie et faire croire à une ennemie réelle. Pourtant systématiquement, la schizophrénie reprend le dessus puisque le visage de Lily, choisi pour les scènes de dédoublement, redevient bien vite celui de Nina.
A partir de cet instant, les autres hypothèses ne fonctionnent plus :
1) Nina est manipulée par Lily (on se souvient de la scène du bar dans laquelle Lily met de la drogue dans le verre de Nina) qui souhaite avoir son rôle. On peut aussi se demander si les deux jeunes femmes ont bien passé la nuit ensemble ou non. La tendance serait plutôt au non : la maman de Nina n'adresse la parole qu'à sa fille quand elle rentre et ne mentionne jamais Lily qui pourtant l'accompagne. Les costumes choisis pour les deux stars vont cette vers version : Nina est toujours en blanc, en rose, tandis que Lily est le plus souvent en noir. Elle serait donc le cygne noir, la relève : le danger.
On peut par contre garder comme hypothèse le fait que Lily cherche à déstabiliser Nina, mais simplement en poussant Nina vers ses fragilités.
2) Nina, touchée par une malédiction pendant son rêve se transforme peu à peu en cygne noir (scénario fantastique). Quand elle rentre chez elle le soir avant le grand jour, ses jambes sont ainsi cassées par une force maléfique. La transformation continue. Cependant, cette option est moins valable que celui de la suite des hallucinations de Nina, le film étant plutôt un thriller psychologique qu'un film fantastique.
L'explication la plus pausible consiste donc à supposer que Nina, à force de vouloir chercher la perfection et d'être sans cesse brimée et infantilisée ne trouve d'autre solution pour se libérer que la schizophrénie. Sa part sombre devient plus forte et veut s'exprimer au grand jour.
L'art comme tremplin vers la folie
L'élément déclencheur de la schyzophrénie est une promotion : Nina est choisie pour jouer le rôle du cygne blanc et du cygne noir. Elle va devoir jouer deux rôles en même temps et cette spécificité de l'histoire dans l'histoire (Le Lac des cygnes) va prendre peu à peu possession de la réalité.
Le terrain est bien préparé : Nina est fragile, isolée. Sa mère est étrange, elle vit dans une chambre remplie de peluches roses comme si elle avait dix ans et surtout se mutile (dos irrité, peau grattée).
Un zest d'imagination et une montagne de nervosité et de paranoia plus loin suffisent à créer la folie du personnage.
On est exactement comme dans un Inland empire : on annonce à la star qu'elle a été prise pour le rôle. C'est le bonheur. Mais très vite, la dégradation se fait sentir et l'actrice s'égare, confondant réalité et fiction.
Black Swan est un film terrible dans lequel l'art mène à la schizophrénie. La perfection s'obtient en passant par la maladie mentale.
Si on se penche un peu plus sur l'histoire de lac des cygnes, voilà ce que l'on a : une jeune fille se transforme en cygne blanc et tombe amoureuse du prince. Mais le prince tombe amoureux du cygne noir. La jeune fille transformée au cygne blanc se tue de chagrin.
C'est l'histoire qu'on observe sur scène pendant le film et dans les coulisses. En effet, Nina, en cygne noir, remporte les applaudissements du public et du chorégraphe Thomas. Elle se rue d'ailleurs vers lui pour l'embrasser : le cygne noir a séduit Thomas. Pour le dernier acte, Nina redevient le cygne blanc et, blessée au ventre, meurt, ou en tout cas passera par la case hôpital.
Toute l'histoire du film s'est donc déroulée comme l'histoire dans l'histoire.
Le rôle double a été plus fort que Nina.
Mise en abyme et folie de star
La star, c'est automatiquement une personne qui se regarde et qu'on regarde. La star, c'est le double : une personnalité humaine et le rôle qu'elle va jouer dans tel film ou tel ballet.
Bien sûr Aronofsky abuse des miroirs, mais c'est pour la bonne cause.
Ainsi, dès le départ, la mise en scène nous suggère que Nina est double. Bientôt, elle devient même triple, quadruple, etc, les reflets se démultipliant au fur et à mesure des scènes jusqu'aux effrayantes scène de dédoublement pur : Nina se regarde dans la glace, sans bouger, et son reflet bouge. On est presque dans le film d'horreur à ce stade là.
On peut aussi remarquer que très souvent, Nina se croise elle-même ! Dans le tunnel du métro, elle croise une femme qui a son visage. Lorsqu'elle est dans sa chambre avec Lily, Lily prend les traits de Nina.
Nina est donc soumise à un dédoublement permanent, d'autant que toutes les danseuses se ressemblent, et que sa mère est comme le reflet de la Nina à venir.
Ses hallucinations, calmes au début du film, se démultiplient dans la dernière demi-heure et deviennent ensanglantées : c'est la vieille danseuse Beth qui apparaît dans le fond de la cuisine, par exemple. Nina n'arrive plus à tenir sa personnalité noire : celle-ci s'engouffre et fait disparaître son cygne blanc.
Au final, Black Swan est un film moins compliqué à mon avis que Shutter Island.
Les deux films prennent deux directions opposées dans leur histoire et par rapport à leur personnage : Scorsese laisse planer le doute sur la maladie ou non de son personnage principal tandis qu'Aronofsky ne laisse pas d'hésitation possible.
On n'est pas face à un complot, mais face à un personnage qui lutte contre lui-même.
Si l'explication de Black Swan vous a plu, n'hésitez pas à aller lire l'explication de Shutter Island.
Peut-être que ces livres vous intéresseront également (affiliation Amazon ci dessous).
18
fév.
Explication Black Swan : la danseuse dans la tourmente
Par Ariane le vendredi, février 18 2011, 23:52 - Les films incompréhensibles expliqués
Black Swan est un film tourmenté au décryptage pas forcément évident.
Nina est une jeune danseuse passionnée, qui rêve de décrocher le rôle principal du lac des cygnes : un rôle double dans lequel la danseuse choisie incarne le cygne blanc et le cygne noir. Son voeu est exaucé, mais bien vite, tout ne se passe pas comme prévu. L'ascension de la star devient aussi une descente aux enfers.
Attention pour ceux qui n'ont pas encore vu le film : ce billet raconte l'intrigue de Black Swan, ses méandres et aussi sa fin pour donner une explication détaillée du film.
Si vous ne voulez pas être spoilé, la lecture du billet s'arrête ici.
Commentaires
belle analyse. J'y vois aussi le thème du passage du monde de l'enfance à celui de l'adulte. Et dans cette vision des choses elle n'est pas folle ou schizophrène mais comme tout le monde elle quitte un monde fait de perfection protégée par ses parents pour un monde fait d'envie, de désirs de s'accomplir par soit même. C'est une métamorphose. Elle tue l'ancienne Nina qui n'est plus elle, elle s'émancipe... Sinon c'est très intéressant de voir comment dans le film pour Nina le danger est toujours extérieur et elle ne le voit pas venir d'elle même. çà nous renvoi directement aux jugements subjectifs qu'on a sur les autres alors qu'ils ne sont finalement que le reflet de nous même. Ce qu'on aime ou pas chez les autres correspond à ce qui nous définit nous même. Elle a peur de l'ambition de Lily alors qu'elle est finalement elle même ambitieuse. A méditer
@Vincent : J'aime beaucoup ton idée du passage de l'enfance à l'âge adulte !
Et en y réfléchissant, le film le montre : Nina jette toutes ses peluches roses, elle n'obéit plus à sa mère, elle va danser en boite, etc. On pourrait se croire dans une crise d'adolescence.
Le film pousse vraiment à s'interroger sur soi.
Ton éxplication est très clair mais il y a une scène que je n'ai pas encore compris , c'est celle ou elle va voir Beth a l'hôpital et qu'elle se tue elle même.
Je ne vois pas trop le rapport
@Maaz : C'est vrai que cette scène est très étrange.
Pour moi elle va avec la scène précédente : lorsque Nina voit dans l'école déserte Lily et le chorégraphe en train de s'embrasser. Le chorégraphe se transforme ensuite en monstre et Nina s'enfuit en courant. Cela fait partie de la première chose qu'elle redoute le plus : Lily, qu'elle considère comme le cygne noire et sa principale concurrente a une relation avec Thomas.
C'est le déclic : Nina comprend ce que Beth ressent : cette sensation qu'on va être remplacé, qu'on est dépassé.
Résultat : elle accourt à l'hôpital pour rendre les objets volés à Beth et lui dire qu'elle comprend ce qu'elle traverse.
Et comme à l'école avec l'apparition du monstre, la scène à l'hôpital devient terrifiante : Beth se mutile avec les objets que Nina lui a rapporté.
Donc à chaque fois, difficile de se dire si Nina imagine ce qu'elle voit du début à la fin, si elle imagine simplement la fin (le monstre, la mutilation), ou si tout est vrai.
D'après moi, dans le cas de l'hôpital, Nina est bien allée là-bas et a été victime d'une hallucination (comme lorsqu'elle voit Lily dans sa loge et qu'elles se battent). Mais la scène est aussi tellement réaliste qu'on a la sensation, comme Nina, de voir le pire.
Est-ce qu'Aronofsky aurait réussi à nous faire perdre la tête à nous aussi ? Après tout, nous suivons Nina et voyons ce qu'elle voit.
je pense aussi que la scène de l'hôpital où Beth se mutile est une hallucination ou plus précisément une projection des peurs devenues conscientes de Nina. Aronofsky la fait basculer dans une sorte de folie hallucinatoire, qui reflète son état de conscience (passage de la naïveté au réalisme). A partir de ce moment là elle ne serait plus jamais la même.
Aux débuts de la schizophrénie de Nina, on la voit croiser son double dans un couloir, le soir. Son double est entièrement vêtu de noir tandis que Nina, elle est vêtue de rose et de blanc. Je pense que c'est la première transition que fait Nina, elle cherche son coté noir, et le projette dans les inconnues habillées en noir qu'elle croise.
Je me suis décidé à aller voir Black Swan après avoir notamment lu la critique qui en est faite sur ce blog, et pour ma part je dois dire que je suis resté un peu sur ma faim...
En fait je me demande si ma déception et le plaisir d'Ariane à voir ce film ne sont pas liés à sa proximité avec un autre film de Lynch qui est pour nous une référence : Mulholland Drive.
Black Swan en reprend de nombreux thèmes (rivalités pour être l'interprète d'un rôle, dédoublements de personnalité et autres hallucinations, répulsion et attraction entre les héroïnes, ou encore folie conduisant à l'auto-destruction) et en inverse d'autres (dans BS l'héroïne est la vedette jalousée, dans MD elle jalouse la vedette).
En dépit de ses qualités propres, BS est pour moi plutôt une épure de MD, dont il n'a pas le foisonnement, la virtuosité, et surtout pas la même prise de risque : le parallèle avec le Lac des Cygnes n'était-il pas un peu facile ?
En tout cas bravo à Ariane pour ce blog et pour son parcours, qui montrent qu'elle est toujours quelqu'un d'intéressant depuis l'époque où on s'ennuyait ensemble en cours de latin !
@Vincent :
Au sujet de la scène où Nina va à l'hôpital rendre les affaires à Beth. J'ai aussi cru à une hallucination au début, mais après y avoir repensé on voit Nina lâcher la lime à ongle dans l'ascenseur ce qui pourrait montrer qu'il y a ben eu mutilation, mais que ce serait en fait Nina qui défigure Beth. De plus, arrivée chez elle, Nina va directement se la ver les mains, à ce moment là on peut supposer qu'elles sont pleins de sang. Par contre pourquoi Nina aurait fait ça ? C'est difficile à répondre, probablement pour être définitivement la numéro 1 ou alors je me plante complètement
Bonne soirée, merci pour vos critiques très intéressantes.
J'aime beaucoup la critique d'Arianne, ceci dit je pense que si on le souhaitait, nous pourrions aller encore plus loin.
Nina sombre dans la folie à cause d'une pression extrème : de sa mère, du metteur en scène, et de celle qu'elle s'inflige... "Je veux atteindre la perfection". C'est ce désir qui l'a ronge et qui la transforme. D'autant plus qu'elle perturbée par des attirances sexuelles confuses : son patron qui lui fait des avances, et l'attirance qu'elle a pour Lily.
Le cygne noir est l'obsession de Nina, elle a le sentiment qu'elle ne sera jamais capable de l'interpréter (d'ailleurs Thomas lui dit) et c'est pour cela qu'elle commence sa descente aux enfers. C'est petit à petit que la paranoïa s'installe, les démengeaisons dans le dos, puis les hallucinations dans le miroir et la persécution (elle est persécutée par l'image de Lily) pour atteindre son point culminant lors de la dernière demie-heure du film.
La schizophrénie du personnage est superbement mise en scène, Nina qui appraît toujours en blanc ou rose alors que sa rivale est toujours vêtue de noir, elle porte même les ailes du cygne noir tatoué dans son dos...
Ainsi on peut se demander si Aronofsky n'a pas souhaité montrer que la dévotion ou le désir de perfection pour un art entraine la folie ?
En tout cas, comme dans The Wrestler on peut constater jusqu'où certains artistes (si on considère le catch comme un art) exploitent leurs corps.
En ce qui me concerne, je m'interroge beaucoup sur le personnage qui est la mère de Nina, très oppressante pour sa fille, qui la confine dans son appartement et qui malgré tout souhaite qu'elle est la carrière qu'elle n'a pas pu avoir. Se rend-t-elle compte de la descente aux enfers de sa fille ? Est ce pour la protéger qu'elle l'enferme dans sa chambre ? Son personnage est assez troublant et me pose beaucoup de questions.
beau film qui traite d'une façon surprenante la prison qu'est le skisophrene dans ses moments de folie très dur à vivre et les gens qui tentent de les aider malheureusement ne peuvent pas toujours les comprendre
beau film qui traite d'une façon surprenante la prison qu'est le skisophrene dans ses moments de folie très dur à vivre et les gens qui tentent de les aider malheureusement ne peuvent pas toujours les comprendre
@Lisa : Je me souviens de cette scène, c'est un couloir du métro ! C'est un passage qui m'a vraiment fait peur.
@jacky : Black Swan est proche des films de Lynch, c'est vrai. Et je trouve plus encore d'Inland Empire. Mais là où je trouve, Aronofsky se démarque, c'est dans une ouverture de ce type de film au grand public. On ne quitte pas la salle de Black Swan en pleine séance, on comprend globalement le film au premier visionnage.
Le lac des cygnes, c'est plus simple et plus compliqué en même temps : après tout, on est plus facilement attiré par le cinéma hollywoodien (Mulholland Drive) que par le milieu de la danse et du ballet. Enfin en tout cas pour moi c'est comme ça.
En fait, je pense qu'Aronofsky amène la thèmatique de la star hollywoodienne dans d'autres activités : la danse ici. Il faudrait que je vois The Wrestler pour voir si cette thématique s'applique au domaine du catch dans ce film.
Et les cours de latin... Quelle horreur...
@rubixcube : C'est vrai qu'elle repart les mains pleines de sang. Alors est-ce que ce n'est pas, cela aussi, une hallucination ? Elle se sent en danger à cause de Lily qui veut la tuer, alors elle répercute ce schéma là sur elle et Beth pendant son hallucination...
@everglot : On peut toujours aller plus loin, et c'est cela qui est génial.
J'en profite pour remercier tout le monde de tous ces commentaires très constructifs
Le personnage de la maman m'a fait penser à deux autres personnages : la maman de Requiem for a Dream et la voisine-sorcière d'Inland Empire. Elle a un rôle très ambigu : veut-elle protéger sa fille ? Sa peur de vieillir (ses tableaux, le gateau très enfantin qu'elle offre, les peluches plein la chambre de Nina, les scènes pendant lesquelles elle s'en occupe comme si Nina avait cinq ans) ne tourne-t-elle pas à la maladie mentale ?
Au début, je l'ai sentie comme une menace. Et je pense qu'elle en est une. C'est quand Nina entre de plein pied dans la schizophrénie que la maman devient le personnage le moins dérangé. Je me souviens par exemple qu'elle dit à sa fille quelque chose de ce genre : "ce rôle est trop grand pour toi, il va te faire du mal".
Il y a un peu un renversement de situation : une Nina toute gentille au départ avec sa maman bizarre, puis une Nina qui plonge dans la schizophrénie et sa maman qui tente tant bien que mal de lui venir en aide.
Bonjour Ariane, ce film fut une vraie déception auquelle je m'attendais. La schizophrénie de Nina m'a beaucoup ennuyée comme le film d'ailleurs. Bonne journée.
@Arianne : Je pense qu'il y a beaucoup de ressemblances entre The Wrestler et Black Swan : 2 artistes qui se font souffrir, ou en tout cas poussent leurs corps à l'extrème pour leur art... D'ailleurs dans une interview il dit que ces deux films se ressemblent en de nombreux points si l'on ne s'arrête pas à la première vision....
Je n'ai pas vu Requiem pour pouvoir comparer les personnages féminins, en tout cas l'ambiguité que réprésente la mère de Nina est trop importante pour que ce soit aussi simple qu'instinct de protection... Je me suis demandé s'il n'y avait pas une situation d'inceste ? 2 choses m'ammènent à penser ça : La présence de la mère endormie au moment de la première masturbation de Nina et le fait qu'on entende "Ma douce" à la fin du rapport avec Lily...
Enfin bon, je vais surement trop loin... Je pourrais même aller encore plus loin par rapport à la manière de filmer les personnages mais je risque de tomber dans une interprétation décadente...
Bonjour Ariane.
J'aime bien ton analyse, cependant il y a quelque chose que j'aurais aimé y trouver et qui cependant n'y est pas : c'est le rôle de Beth. A mon avis on ne peut comprendre totalement le film sans prendre en considération ce personnage, qui est un peu un aperçu de la future Nina : le personnage de V.Cassel dis lui- même que Beth agit systématiquement sous l'influence d'une pression noire : n'a-t-elle pas été consumée par le cygne noire?
Et que dire du rapport Beth-Nina? Pour Beth, Nina est un cygne noir ( elle prend sa place ), alors que pour Nina, Beth est un cygne blanc ( elle la trouve parfaite ). Dans ce sens, Nina ne vivrait pas qu'une fois l'histoire du Lac des Cygnes comme tu le dis dans ton analyse.
Ceci remarqué, la suite s'explique : Beth, cygne blanc, se tue car le cygne noir Nina a pris sa place. Maintenant, à quel moment se tue-t-elle? Est-ce en passant sous les roues de la voiture, ou bien est-ce en se poignardant à l'hopital? Je me demande même si Beth n'a pas vécu exactement la même chose que Nina dans sa loge : elle s'est jetée sous une voiture en se batant avec son double ( elle aurait cru se battre avec Nina, comme Nina croït plus tard se battre avec Lily )
En fait, voici comment je vois les choses :
Tout d'abord, Nina vit sous l'influence oppressante de sa mère qui a construit un univerS de contrôle et de maîtrise autour d'elle. Ce n'est pas que Nina ne connaît pas le Cygne Noir, c'est qu'elle le refoule, en effet elle dit elle même qu'elle n'est pas vierge, sa mère nous informe que par le passé, elle se grattait aussi le dos, et puis bien sûr elle mort Cassel. Elle a donc bien une part de Cygne noir, elle n'est pas blanche à 100%
Maintenant, ses rapports avec les autres danseuses : Nina joue à la fois le rôle de cygne blanc vis à vis de Lily ( tout le monde voit pourquoi : elle doit séduire le prince Cassel mais a peur que Lily prenne sa place ), et celui de cygne noir vis à vis de Beth ( elle prend la place de Beth en tant que Swann Queen ).
Notons que si Lily est fondamentalement noire, Beth l'est aussi: il est donc paradoxal de considérer Beth, noire, comme cygne blanc, et Nina, blanche, comme cygne noir. De ce paradoxe résultent les troubles psychiques de Nina, mais aussi ceux probables de Beth. D'ailleurs, juste avant de se faire insulter pas Beth, Nina observe longuement une statue ailée noire avec le visage peint en blanc: je pense que Nina a à ce moment un aperçu de ce qu'elle est : cygne noir masqué de blanc.
Maintenant, comment ces relations s'articulent-elles avec l'intrigue?
En parallèle à la Nina crée, fabriquée par sa mère, V.Cassel ( dsl je me souvient plus du nom du personnage XD ) en crée une autre, diamétralement opposée, qui est à mon avis un outil allégorique pour représenter à l'écran l'évolution de Nina par rapport à sa part de passion.
On peut voir comment le corps de Nina évolue et se change peu à peu en cygne : c'est en fait elle même qui se perçoit de la sorte, puisque, lors de la représentation, les spectateurs ne remarquent pas de métamorphose ( comme tu l'as dit Ariane ce n'est pas vraiment un film fantastique, mais cette métamorphose fait écho à mon avis aux paroles de Cassel : " your metamorphosis into your evil twin "), Mais ce que je ne comprends pas c'est pourquoi la partie sombre de Nina se gratte-t-elle aux épaules, comme on le voit dans les miroirs ? Ce n'est pas une hallucination, puisque la mère de Nina le remarque aussi. Néanmoins, personne d'autre ne remarque ce détail, pas même celle qui constate que Nina a maigri, la mère aurait-elle les mêmes hallucinations que sa fille? De même, le passage avec l'ongle saignant, au cours duquel Nina s'arrache presque tout le doigt, reste un mystère pour moi.
Lorsque Nina se b*anle dans sa baignoire, donne libre cours à ses passions: elle sens le cygne noir. Or pour elle le cygne noir c'est Lily, elle voit donc le visage de Lily penché au-dessus d'elle. Mais les gouttes de sang qui tombent dans la baignoire, et qui viennent ( on le devine juste après ) de sa propre épaule (qu'on voit saigner), nous indiquent qu'en fait c'était son double qu'elle venait de voir: son propre cygne noir.
L'analyse est exactement la même lorsque Nina et Lily sont dans la chambre de Nina : après cette soirée, Nina sens l'influence du cygne noir, qui se présente sous les traits de Lily ( puisque pour Nina, cygne noir=Lily, Nina refoule son côté noir, maman oblige, donc elle refuse de se voir elle-même en cygne noir ). Cette fois, le cygne noir n'est plus effrayant comme dans la scène du bain, il est voluptueux, car Nina commence à l'intérioriser. En fait, elle l'intériorise et l'accepte au cours de cette scène : les ailes animées sur le dos du personnage identifié comme Lily montre à quel point la corruption du cygne noir est à l'oeuvre dans cette scène.
Scène clef suivante : la répétition réussie. Nina a suffisamment développé son cygne noir pour s'assurer une prestation honorable ( Cassel le lui dit d'ailleurs gestuellement ). Mais ensuite, elle travaille tard ( elle est en mode hard-working, perfectionniste... "cygne blanc" ), lorsque les hallucinations reprennent : elle voit son double dans le miroir ( sous-entendu : elle devient son double noir, qui ne danse pas en tant que cygne blanc, c'est pourquoi il ne lève pas le bras quand elle-même le lève ), et voit la suite du conte entre elle et Lily ( Lily séduit Cassel à sa place ).
A ce moment Nina pige la douleur de Beth, et va la voir à l'hopital. Pour Nina, Beth est un cygne blanc, cela explique que Beth se présente comme faible ( I am not perfect, I am nothing se lamente-t-elle ), puis qu'elle se tue. A ce moment le conte s'achève entre Nina et Beth, Mais Nina a déjà exacerbé son côté sombre, et elle se retrouve seulement cygne blanc (vis à vis de Lily). Nina prend alors symboliquement la place de Beth ( personnage noir qui remplit la fonction de cygne blanc ), et Lily celle de Nina (cygne noir associé ): il y a une réelle symétrie avec le début de l'histoire.Ca explique que Beth se transforme en Nina, et que Nina soit en proie à une crise de folie à l'issue de laquelle elle se transforme complètement en cygne noir, à l'image de Beth dont elle vient de prendre la place. Elle est donc noire à quasi-totalité quand elle se réveille ( ça explique sa violence vis à vis de sa mère, et les paroles "Where is my sweetheart ? _ she's gone!", on rejoint ce qu'a dit Vincent plus haut: la petite fille à sa maman a disparu )
Le premier acte ne se passe pas très bien : est-ce dû au fait que Nina est devenue comme Beth, à savoir, un cygne noir à part entière? Remarquez d'ailleurs que, lors de l'hallucination qui la prend, elle se voit elle-même, mais dans les costumes des autres cygnes blancs, ce qui laisse à penser que les rôles entre elle même et son double ont été intervertis. La couleur rouge de l'hallucination, qui fait écho aux yeux rouges du cygne noir, corrobore cette hypothèse: Nina incarne sa partie noire et par conséquent, son double incarne la partie blanche. De même, Lily est maintenant vêtue de blanc, notamment lorsqu'elle fait des avances au prince : à présent la relation Lily-Nina est renversée. Lily n'a pas réussi à prendre la place de Nina et le conte entre Lily et Nina est interrompu. A présent, Lily est le cygne blanc ( commence à séduire le prince ) et Nina est le cygne Noir ( c'est elle qui séduira finalement le prince ).
Maintenant, que se passe-t-il dans la loge de Nina ? Nina après avoir plutôt foiré la première étape du spectacle ( Cassel : "comment j'ai pu lui faire confiance ?" ), est triste et se sent faible : elle ressent la présence du cygne blanc ( comme quand, dans sa baignoire, elle sentait le cygne noir ), or à présent, le cygne blanc pour Nina c'est Lily, donc elle voit le cygne sous ses traits. Mais il s'agit en fait du cygne blanc propre à Nina donc Lily prend vite les traits du double de Nina ( double qui est maintenant blanc, cf la précédente hallucination de Nina ). Conflit entre les deux personnalités de Nina au cours duquel le double, blan,c de Nina est terrassé, ce qui permet à l'héroïne de déchaîner son côté noir, et de séduire le prince.
Lily, cygne blanc, s'avoue vaincue en félicitant Nina ( je me demande encore si ce passage n'est pas une hallucination, lui aussi) : le 2e conte entre Nina et Lily s'achève. Retour à la case départ : Nina redevient le cygne blanc, à présent mutilé, (ce qui lui permet de faire une brillante prestation dans le rôle du cygne blanc), et agonise.
Voilà je m'excuse d'avoir fait une analyse assez longue et manichéenne ( blanc/noir), mais je tenais à dire comment je comprenais l'histoire. Même si je ne pense pas avoir tout compris, je pense qu'analyser les rôles cygne blanc / cygne noir joués par Nina vis à vis des autres protagonistes est essentiel pour bien cerner l'évolution du personnage.
Comme beaucoup ici j'imagine, ce film ne m'a pas laissé indifférent. Au delà de sa qualité artistique et du jeu des acteurs je suis rentré avec tellement de questions en tête que j'ai filé sur le net voir les différentes interprétations.
Sans surprises je me rend compte qu'il y en a une multitude, pratiquement autant que de spectateurs...
Pour ma part il y a 3 scènes qui m'ont particulièrement marqué, les trois "morts", métaphoriques ou non, et qui sont restées assez peu commentées (au moins pour la dernière, qui semble évidente aux yeux de tout le monde, mais qui pour ma part ne l'est pas du tout...;)).
On pourrait aussi voir dans ces deux cygnes et dans toute cette histoire, une certaine crise d'adolescence tardive certes un peu schizophrène, mais somme toute assez banale, juste exacerbée par la pression énorme d'une danseuse étoile introvertie et surexposée, avec une mère étouffante et une forte rivalité. On pourrait alors voir dans la mort de Beth un meurtre Œdipien, dans celui de Lily l'affirmation de Nina, puis dans la mort suggérée de Nina la mort de l'enfant qu'elle cesse d'être et la naissance de la Nina femme, troublante, sexuelle et donc séduisante. Ce qui rappelle le commentaire de Thomas disant qu'en se suicidant le cygne Blanc ne trouve pas la mort mais la libération... (j'ai même lu et trouvé intéressant un commentaire supposant que le sang de la scène finale pouvait symboliquement être le sang des menstruations, content de lire qu'il y en a des plus tordus que moi!)
Mais ce genre de film est tellement propice à interprétation en tout genre, avec autant de symboles, que je m'en réfère à David Lynch commentant son Mulholland Drive: ce n'est pas forcément un film qu'il faut chercher à comprendre, mais surtout à ressentir... Et pour le coup celui là aussi, on le ressent bien!!!
Bonsoir,
Tout d'abord je vous remercie de vos critiques très constructives!
Je souhaiterais attirer votre attention sur la mort de Nina sur scène (la fin du film). Apparemment elle vous semble évidente; Nina se poignarde elle même avec un fragment de mirroir alors qu'elle pense tuer Lili dans sa loge, puis meurs sur scène. C'est aussi l'interprétation que je donnerais, cependant la personne avec laquelle je suis allée voir le film pense que Nina s'est suicidée juste au moment de se laisser tomber en arrière. En effet on pourra remarquer que le costume blanc devient rouge de sang au moment où elle tombe, alors qu'il n'était pas tâché pendant qu'elle dansait le dernier acte, pourtant si elle avait été blessée avant elle aurait dû saigner...
Tout ceci me laisse perplexe, donc je m'en remet à vos avis d'experts
C'est une remarque intéressante. Si on la suit, alors Nina hallucine lorsqu'elle croit être blessée en dansant le cygne blanc, or la disparition du cadavre de Lily signale elle-même la fin d'une hallucination... La lutte entre Nina et Lily dans la loge de Nina serait donc un emboîtement de deux hallucinations, un peu comme dans Inception.
Et on retrouve dans ce film le même problème : comment distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'est pas ? Black Swan ajoute même un autre problème : comment savoir à quel moment nous sortons de la réalité?
Il y a des scènes dont j'ignore si elles sont imaginées par Nina ou si elles se passent réellement : le vieux dans le métro qui tente de la draguer, Lily qui entre dans les toilettes après que Nina se soit apparemment arraché la peau du doigt... Je me demande même si les compliments que le personnage de Cassel fait sur Lily en présence de Nina ne sont pas eux-même des fruits de la paranoïa de Nina.
Tout comme Raph, je m'étais dit que peut être Nina n'était pas morte, mais je ne comprenais pas le message plus profond... Raph tu m'en donnes une éventuelle explication.
Ce qui me faisait penser que Nina n'était peut pas morte c'est la manière de filmer. En effet tout au long du film, Nina ou ce qui représente le cygne blanc est filmé caméra à l'épaule, il y a du mouvement. Alors que ce qui représente le cygne noir est beaucoup plus posé, moins mouvementé. Et lorsque Nina est censé représenter le cygne blanc dans la scène finale, la caméra reste stable, stoïque... Est ce la mort du cygne noir ? Ou est ce que Nina trouve enfin sa personnalité ? Il reste encore beaucoup d'interrogations...
Un deuxième visionnage serait nécessaire !
En ce qui me concerne, je pense que c'est tout simplement Nina qui poignarde au visage Beth.Tout est histoire de projection. Elle projette sur Lily, la Nina qu'elle est au fond, ambitieuse et surtout ce qu'elle a ressenti pour Beth, l'envie de prendre sa place, d'être la nouvelle Beth.
Cependant, alors qu'elle y est arrivée, c'est Lily qui prend alors son ancienne place, celle de celle qui veut être Nina, la nouvelle étoile.
En somme elle projette ses anciennes envies, comme étant celles de Lily et elle voit son futur comme étant celui de Beth car elle est aujourd'hui à sa place.
De plus Lily est le cygne noir, libérée sexuellement entre autre, ce que Nina n'est pas. Elle n'est libre de rien, etouffée par sa mère, qui lui inculque que le sexe est mauvais et que c'est ce qui lui a fait rater sa carrière, voire sa vie.
Son chorégraphe lui répète sans cesse de se libérer et lui dit clairement qu'il lui parle de sexe, pour pouvoir être le cygne qui séduit. La scène où les 2 observent Lily, totalement à l'aise dans son corps accentue l'envie de Nina d'avoir une part de Lily en elle et la scène où elles ont une relation sexuelle ensemble, avec le tatouage qui déplie les ailes du cygne noir, le laissant ainsi se révéler fait aussi que Lily et elle ne font plus qu'un, d'ailleurs Nina apparait sur le visage de Lily.
De même quand Nina semble voir Lily et le metteur en scène(Cassel) faire l'amour, C'est elle qui en a envie, mais le sexe lui fait peur, d'où l'arrivée du monstre.
Enfin, le final, Nina poignarde Lily, mais elle poignarde en fait le reflet de Lily. Le Cygne noir n'est plus Lily mais elle.Elle met le corps de Lily dans le placard, car il en est fini de Lily(sa projection), elle ne verra plus qu'elle dans le miroir.Puis lorsqu'elle est blessée, après la scène du cygne noir, elle embrasse Cassel, sans aucune hésitation, voire avec passion, car elle n'a plus peur, elle est libérée.Le cygne noir, n'est plus l'idée qu'elle se faisait de Lily mais bel et bien elle.
Le fait de se poignarder avec le miroir, symbolique de tout le film, puisque tout est projection peut même aller jusqu'à faire penser à un dépucelage, la vierge, n'est plus et le cygne noir prend alors naissance.Tout comme le sang qui tache ce cygne blanc de pureté pour laisser naitre le cygne noir, ou tout simplement laisser mourrir le personnage, tourmenté et refusant de devenir à son tour une Beth ne trouvant plus un sens à sa vie après avoir atteind la place convoitée par beaucoup pour ensuite se faire éconduire sans aucun ménagement.
La seule personne qui lui voulait du mal c'était elle. Elle se voyait différente dans le miroir, donc pourquoi pas penser aussi que cette image qu'elle a d'elle a tout simplement fini par la tuer.
Beaucoup de sujets sont abordés, la conscience de soit et la confiance en soit, les attentes des autres que certains portent sur leurs épaules, l'envie de se voir parfaite dans le regards des autres, finalement une question de narcissisme, de cette frèle jeune femme qui veut être adulée de tous, mais qui n'y croit pas ou qui n'assume pas qui veut être parfaite alors que la perfection si elle existe ne dure qu'un instant.
Bref des regards, de la reflexion, un bon moment où tout le monde est resté scotché sur son siège...
En tout cas, un film qui m'a enmené et passioné, que l'on peut en effet comparer à d'autres, mais qui est trés bien mené et bien porté par Nathalie Portman que j'avoue ne pas apprécier plus que cela.
Mettant de côté les hypothèses Freudiennes, le commun a tendance à considérer l'enfant comme pur et innocent. Dans le film l'enfance est représentée par Nina. Lorsque l'on est danseuse on sait à quel point la non maîtrise de soi amène à des prouesses artistiques. C'est lorsque l'on s'assume soi-même et que l'on quitte son enveloppe angélique, que l'on parvient à exprimer les personnages que l'on interprète. En ce sens ce film représente bien le monde de la danse, certains passages sont cependant un peu gras et s'opposent à l'onirisme du milieu artistique. Oubliant par moment la grâce et la délicatesse incombant à ce milieu là. Chacun sait qu'à trop vouloir atteindre un but on finit par se brûler les ailes.
Que penser de l'épaule mutilée de Nina? Hallucination ou réel? Et quelle en est la portée symbolique?
Si on regarde bien, on se rend compte que seules Nina et sa mère peuvent voir que Nina se gratte. En effet elles peuvent toutes deux voir la plaie, et la mère de Nina peut voir Nina se gratter puisqu'elle lui dit un matin qu'elle s'est grattée toute la nuit. En même temps, aucun danseur ne lui fait la remarque, pas même la femme qui lui prend ses mesures pour le costume alors qu'elle lui demande d'enlever son chauffe-épaules et qu'elle lui fait alors remarquer qu'elle a maigri. La mère de Nina était elle-même un peu "folle", peut-il s'agir d'une hallucination "commune"?
Le fait de se gratter l'épaule en cet endroit fait étrangement penser à un cygne se lissant les plumes des ailes avec son bec. En même temps, on sait que Nina s'est déjà grattée auparavant car sa mère lui dit "Tu te grattes encore".
Qu'en pensez-vous?
Bonjour,
Cela fait plus de 3h que je lis critiques sur critiques et il y a quelques points qui me gênent : Lily n'a, selon moi, aucune rivalité envers Nina. En tous les cas, c'est pas aussi flagrant que chez certaines autres danseuses. Lily représente juste ce que Nina doit apprendre pour devenir le cygne noir. Or, ceci est naturel pour Lily et presque insurmontable pour Nina. De la première admiration que Nina éprouve en regardant Lily naît la jalousie que Thomas initie en disant quelques mots à Nina. A partir, de là Nina va créer de toute pièce une rivalité qui n'en est pas une. Le personnage de Lily semble plutôt sympatique et sincère quand elle vient féliciter Nina, après sa prestation du cygne noir.
Comme cela a été dit précédemment (je ne sais plus par qui), bien avant l'analyse symbolique c'est un film qui se doit d'être ressenti. Personnellement, il m'a touchée dans ma chair, j'en suis ressortie frissonnante. Black Swan est un film que je qualifierai de « physique », « douloureux » dans le sens corporel du terme. J'avais l'impression de ressentir les douleurs physiques qu'elle s'inflige.
A ce sujet, j'ai presque envie d'apporter ma propre traduction à la dernière phrase de Nina : « I felt it », sous titré par « je l'ai senti ». De mon point de vue, « to feel », en anglais, possède un sens plus puissant que « sentir » en français. Employé dans son sens le plus poussé (le sens dans lequel l'emploi Nina à ce moment), je pense que la traduction « je l'ai vécu » serait plus juste... Enfin, de mon point de vue.
Finalement, je donnerai ma propre analyse de la scène du suicide, ou de la mutilation de Beth à l'hôpital : Pour moi, cette scène est réelle, Beth se mutile réellement avec la lime à ongle. Quand Nina la lui rapporte elle lui explique qu'elle comprend désormais ce qu'elle ressent, le fait de se faire voler son rôle par une autre. Ainsi, Nina comprend sa position de bourreau vis à vis de Beth, et lorsque celle-ci se blesse ou se tue, Nina se projette en elle (elle se voit à sa place) car elle pense que Lily est en train de lui voler sa place. De mon point de vue, l'hallucination est juste après, dans l'ascenseur, quand elle lâche la lime ensanglantée : Pour Nina, c'est elle même qui a « tué » Beth, métaphoriquement, en lui volant sa place.
En tout cas, j'ai vraiment adoré ce film. Fort, puissant, prenant, voir même dévorant pour le spectateur. C'est un film charnel, que l'on ressent dans son propre corps.
Je ne sais plus qui a parlé de la relation incestueuse entre Nina et sa mère, et je n'ai pas eu le courage de lire les longs messages ... Mais je souhaite quand même m'exprimer dessus car c'est une question qui me taraude, la seule pour laquelle je n'ai pas trouvé ma propre interprétation et je suis contente de voir que quelqu'un d'autre s'y intéresse ...
Bien sûr, il y a la scène où la mère est là, après la masturbation de Nina. Pourquoi est-elle là, d'ailleurs? Ensuite ... Il y a un autre passage, où Nina est dans son lit et où elle n'a pas encore sombré dans la schizophrénie totale. Elle entend pleurer sa mère, se couche et sa mère arrive vêtue d'une robe noire qui ressemble à une nuisette ... La VO lui fait dire "Are you ready for me?" mais ça n'a pas été traduit dans la VF.
Ca expliquerait pourquoi Nina est frigide, pourquoi sa mère menace de la frapper lorsqu'elle lui dit qu'elle s'est faite baiser par deux mecs. D'autant plus que sa mère garde une sorte de rancune tenace envers Nina, le bébé qui lui a fait "mettre un terme à sa carrière" ...
Et enfin, dans la scène finale: la mère de Nina se trouve dans le public, hallucination ou pas? En tout cas le résultat reste le même: Nina la regarde comme si elle se défaisait de sa dernière attache avant sa mort. Comme si elle lui reprochait tout ce qu'il lui est arrivé jusque là, la genèse de sa schizophrénie. Un regard qui veut dire "Tout ça, c'est à cause de toi. Maintenant, c'est fini, je me suis trouvée, je me libère."
@Morwé : La relation mère-fille est traitée de matière très étrange dans le film en effet. Nina est étouffée par sa mère qui s'en occupe comme si elle avait 5 ans. Elle la déshabille pour la coucher, elle lui coupe les ongles...
Alors est-on face à une femme qui n'accepte pas de vieillir et veut voir encore Nina comme une enfant ?
La maman se venge-t-elle sur Nina car elle lui reproche d'avoir brisé sa carrière ?
Quel est l'amour exact que cette maman porte à sa fille ?
Comment s'articule leur relation dans un contexte où le mari - le papa n'est pas là.
Je pense que dans le film la question n'est pas tranchée. La maman de Nina est un peu de tout ça, mais aussi très protectrice.
Black Swan laisse beaucoup de doutes, de questions au spectateur. Et c'est pour ça qu'on en discute
@Absinthe : Totalement d'accord avec toi. C'est un film qui doit être ressenti. Et c'est ce qui se passe tant on sort avec encore la chair de poule et avec le goût du malaise dans la bouche.
salut, j'ai vu hier nuit black swan et j'adore le film. Et depuis hier j'ai plein d'interrogations.
On ne la voit jamais se gratter, et c'est sa mére qui tout le temps lui dit qu'elle se gratte. Et dés le début et surtout la scéne du gâteau on comprend que sa mére est trés dérangée.
C'est un vrai jeu de miroir avec une mére dérangée, une fille que l'on comprend à chaque minute fragile et dérangée aussi. Quel rôle joue sa mére dans sa folie et sa fragilité. il y a pleins de chose a faire ressortir de leur relation complexe.
Cool pour vos interprétations, c’est intéressant, pour ma par voilà mon analyse du film :
Dès le début, on fait la connaissance de Nina et sa mère que l’on perçoit de suite comme très envahissante. Le petit déjeuné nous renvoie à l’un des fléaux du milieu de la danse : l’anorexie. Thème que l’on voit abordé à d’autres moments du film avec les vomissements répétitif, la perte de poids, le refus de manger le gâteau, les gestes maniaques sur la propreté et bien sur, l’obsession de la perfection et l’attitude qu’elle de a de se tuer au travail, symptôme souvent présent dans l’anorexie. On découvre très vite la nature de cette jeune femme, dont la chambre reste remplie de peluches teintées de rose comme si elle ne s'était pas coupée du monde de l’enfance, de sa fragilité et de sa naïveté. Sa mère l’appelle souvent « mon petit ange » ou « ma douce ». En l’appelant ainsi c’est un peu comme si elle l’appelait « mon signe blanc » et par conséquent, l’enfermait dans ce rôle et ne permettant nullement au signe noir de se manifester.
La petite boite à musique avec la danseuse, que sa mère ouvre sur sa table de nuit montre bien cet enfermement, la mère semble toujours avoir inculquée à sa fille l’image de ce que devait être une danseuse : une jeune femme, fragile , belle et parfaite comme celle de la poupée qui tourne au son de la musique. Nina vit ainsi, enfermée par l’image que sa mère lui à donnée, se laissant habiller, coiffée, couper les ongles comme une enfant. Jamais elle ne dit non, jamais elle ne se fâche, jamais elle ne tient tête, ce que lui reproche Thomas lorsqu’elle vient lui demander le rôle : « c’est tout ? tu ne vas pas tenter de me convaincre ? »Quand à sa sexualité, elle la refoule, tellement sa mère lui à fait comprendre que c’était mal. En effet elle lui fait remarquer que si elle ne l’avait pas eu ,elle aurai put avoir une carrière de danseuse « je ne voudrais pas que tu fasse la même erreur que moi » lui dit-elle. Ainsi, quand Thomas lui parle de sexualité, elle reste silencieuse, gênée par ces propos. Pourtant, elle vas devoir reconnaître cette sexualité pour pouvoir interpréter le signe noir, signe noir qu’elle projette sur Lily, danseuse assumant sa sexualité.
Le soir, alors que Nina répète, les lumières s’éteignait et elle s’aperçoit que lorsqu’elle bouge, son reflet lui, ne bouge plus, elle recule effrayé et ne bouge plus et c’est alors que sont reflet se met à se tourner vers elle. C’est un jeu de miroir particulièrement troublant et intéressant, qui nous entraine dans la folie de Nina où on ne sait plus ce qui est réel de ce qui ne l’est pas .Elle s’enfuit et aperçoit Nina et thomas en train de faire l’amour. Thomas se transforme alors en monstre, matérialisant cette sexualité qui l’effraie tant de par sa mère. Elle va alors à l’hôpital voir Beth et lui rendre ses objets et s’excuser. Elle lui dit qu’elle comprend maintenant, elle vit la même chose que ce que Beth à du vivre, elle connaît la même jalousie envers Lily que Beth envers Nina, chacune voyant un signe noir prêt à tout pour leur voler leur rôle. Lorsque Nina dit « je voulais être parfaite comme vous »Beth lui répond « je ne suis pas parfaite, je ne suis rien » et elle se poignarde au visage. Nina s’enfuit, et alors que l’on croyait que le couteau se trouvait dans les mains de Beth on s’aperçoit que c’est Nina qui le tient et que ses mains sont couvertes de sang. On se demande alors si c’est elle qui l’a tué ou si le sang et une hallucination ?? Difficile à dire surtout que je ne vois pas pourquoi elle aurait tué son modèle. Ou peut être justement serait-ce une façon de tuer ce modèle de perfection, d’accepter que la perfection n’existe pas au sens où elle l’entend…en effet, en se plantant le couteau Beth répète « je ne suis rien ! ».C’est peut être une piste…
Une fois rentrée chez elle le cauchemar continue, elle aperçoit les autoportraits de sa mère qui prennent vie devant elles, se mettent à parler. Elle se met à crier en se bouchant les oreilles et arraches les dessins. Dessins que l’on voit un peu plus tôt peint par la mère seule dans sa chambre fasse à tous ses portraits donnant une image de la mère plutôt effrayante qui semble enfermé dans une folie semblable à celle de sa fille. En effet, les différents portraits sur le mur me font penser aux différents reflets que les miroirs du double maléfique de Nina. Cette dernière ce met même à les arracher comme si elle disait « c’est finit maman je ne veux plus t’entendre ! ».Et c’est là qu’apparaît derrière elle Beth tachée de sang figure de la perfection anéantie qui se transforme en sa mère. Au fond on peut comprendre cette vision car c’est sa mère qui lui à inculqué cette figure de perfection, donc l’image que Nina avait projeté sur Beth.
Nina s’enferme, repousse violemment sa mère tandis que des plumes lui poussent sur le dos, ses articulations s’inversent, elle devient ce signe.
Au réveil, sa mère lui annonce qu’elle à téléphoné pour qu’elle ne danse pas afin qu’elle se repose. Nina se met dans tout ses états, elle se lève, prend la poignée par la force et par décidé « c’est moi la reine des signes ! ».
Arrivée, elle tient tête pour pouvoir jouer son rôle. Elle sait ce qu’elle veut. A présent, ce sont ces orteils qui se fondent entre eux pour former des palmes. Avant son entrée pour le signe blanc, elle ne semble pas à ce qu’elle fait : elle se trompe d’entrée, sur scène, elle voit son visage sur ceux des autres danseuses, elle perd l’équilibre, tombe. Mais pourquoi ce trouble ? Pourquoi se voit-elle sur les autres danseuses ? Peut être qu’elle n’a pas encore assimilée, vécu totalement sont signe noir et son signe blanc, elle ne c’est pas encore trouvée, d’où peut être le fait qu’elle se voit sur les autres danseuses. Cette étape primordiale se fera dans sa loge lorsqu’elle voit Lily qui la menace de lui prendre son rôle. On voit soudain Lily prendre le visage de Nina. En effet comme le disait Thomas, se seule rivale c’est elle et non Lily. A ce moment précis elle se bat contre elle-même. Elle est vêtue comme signe blanc, se bat contre elle vêtue de noir, ses deux parties s’affrontent. En se battant, elles brisent un miroir. Miroir si présent tout au long du film, révélateur du double maléfique. A présent il n’y a plus de miroir, plus de reflets, elle sait, elle se bat à présent contre un être de chair et d’os et c’est avec les bribes de ces illusions passées qu’elle tue le signe noir. Le blanc semble avoir vaincu mais est –ce vraiment le blanc ? A ce moment là, elle est vêtue comme le blanc mais agit poussée par une pulsion obscure, celle du signe noir. Elle n’est plus toute noire, ni toute blanche, elle est noir et blanche à la fois comme la statue de l’homme ailé qu’elle regardait longuement après la réception.
Elle interprète alors magnifiquement le signe noir se métamorphosant (symboliquement) sur scène. Puis revenant à sa loge, après avoir cachée le cadavre de Lilly, elle entend frapper à la porte et vois Lily. L’hallucination prend fin, elle s’aperçoit qu’elle n’a tué personne. La seule personne qu’elle à tuée c’est elle. Elle a en effet tué la seule entrave à son succès, sa seule rivale : elle-même. Elle réapparait sur scène pour danser la fin du signe blanc qu’elle interprète à merveille et pour cause, elle le vit, elle se meurt. Elle à vécu le conte, elle s’est tué ne pouvant se libérer, poussant la recherche de la perfection à son paroxysme. Elle lance un dernier regard à sa mère (qui est surement une hallucination étant donné qu’elle opposée au fait que Nina joue sur scène, elle aurait plutôt tenté de la convaincre de rentrer se reposer plutôt que de regarder tranquillement le spectacle) elle l’a regarde comme pour lui dire adieu, je me suis détachée de toi, je me suis trouvée, je suis entière, je suis libre, et elle tombe. Les gens ne tardent pas à voir la blessure (preuve qu’elle est bien réelle). Nina prononce alors ses dernières paroles :
« Je l’ai enfin sentie, c’était parfait, vraiment parfait ».Des paroles qui nous renvoie au début du film, aux paroles de Thomas qui lui disait « la perfection n’est pas dans la retenue, mais plutôt dans le fait de savoir se donner, et ça, peut d’entre nous en sont capable ». C’est finalement ce que Nina à réussi à atteindre : la perfection.
Un grand merci si vous avez tenue, et lu toute mon analyse, c’est sur que c’est très long mais je ne me voyais pas en expliquer une petit partie, puisque le film est un tout je pense qu’il faut l’aborder comme tel. Bien sur je pense que toutes les interprétations se défendent et j’aime beaucoup ce genre de film parce que chacun peut y trouver quelque chose.
De très bonne interprétations, je suis assez d'accord avec le commentaire de Vincent: J'y voit aussi un passage du monde de l'enfance à l'adulte.
Pour ma part, ce film m'a quelques peu troublé.Il nous montre à la fois laideur et beauté, passant de l'un à l'autre, entre la scène en boite avec la musique à fond,et la danse du ballet sur fond de musique du lac des signes, splendide .L'une des plus belles scènes restera pour moi la finale, lorsque l'on voit Nina se métamorphoser sur scène en signe noir, ou encore lorsque, blessée au ventre elle s'apprête à sauter, sa silhouette inscrite dans un cercle lumineux derrière elle qui me rappelle personnellement "l'homme parfait" de Léonard de Vinci.J'ignore si c'est fait exprès mais regardais cette scène de plus près et vous verrai , ça me parait assez flagrant...
Salut à vous!
pour répondre à une lectrice tout d'abord : on voit une petite tache de sang lors de la derniere danse en cygne blanc.
Mais je ne comprends pas pourquoi personne ne parle de l'invraisemblance de la scene finale. Comment nina blessée pourrait t-elle danser de la sorte la partie cygne noir (la plus dure)? J'opte pour la version "on ménage le spectateur" pour qu'il découvre seulement après que ce n'est pas lily qu'elle a blessé mais elle-même. De plus je pense que le fait que le bout de miroir reste à l'intérieur jusqu'à ce qu'elle le remarque à la fin de sa représentation y est pour quelque chose (je vais chercher loin mais le sang ne doit pas vraiment sortir), elle est à fond dans son rôle (et encore plus après avoir cru tuer sa seule rivale, révélant sa part d'ombre) et ne sent pas la douleur jusqu'à ce que lily venue la remercier la fasse redescendre sur terre.
2e option :elle a juste tué le/son cygne blanc? et donc joue le cygne noir non blessé?...
Ce qui me gène plus en revanche (en laissant passer le point précédent)c'est le fait qu'elle tue lily, censée etre le cygne noir. je comprends pas pourquoi personne ne parle de ça sur les blogs ou alors je suis à coté de la plaque... mais pourquoi en tuant le cygne noir c'est finalement le blanc qui meurt et le noir qui fait une prestation magnifique?
si certains ont des explications...
@Bibi:c'est vrai que tu soulève un point intéressant, je me suis moi même posée la question et je ne suis pas sure mais c'est vrai qu'en voyant la lutte Lily/Nina, je voyais la lutte intérieure de Nina :Noir/Blanc.
Du coup ce serait le cygne blanc qui bat le Noir ?!
Non, après réflexion je ne crois pas que ce soit si simple étant donné que, comme tu le fait remarquer, Nina fait une magnifique prestation du cygne Noir.
Je pense que c'est plus compliqué que ça,et qu'au moment où elle tue Lily, elle n'est ni blanche ni noire , mais les 2 à la fois, elle est un tout.
Je pense que la mort de Lyli n'est pas la mort du cygne noir, mais au contraire un moyen pour Nina d'intégrer le Noir dans un costume de blanc.Une étape indispensable pour interpréter les deux cygnes.En effet on voit, plus tôt que Nina rate sa prestation de cygne blanc et tombe sur scène et cela avant qu'est lieu "le meurtre de Lyli".Je pense qu'elle à raté parce quelle n'avait pas assimilé entièrement ces deux cotés... voilà à peu près comment je vois les choses...
Merci Mima! effectivement je pense qu'il ne faut pas voir là quelque chose de manichéen mais quelque chose fait à partir du noir et du blanc, une sorte de nuance sans forcément sombrer totalement d'un coté.
J'avais pas pensé au fait que le cygne blanc, symbole de pureté n'aurait pas commis un crime, c'est vrai que tout de suite ça explique le mélange des 2 plus on progresse vers la fin.
Ton explication plus nuancée explique certaines choses obscures.
Merci pour cet élément. Bonne soirée
La schizophrénie n'est pas la même chose qu'un trouble dissociatif à personnalités multiples...
Au final, ce film est merdique et inutile,
Par Malvine Zalcberg, psychanalyste, auteure de "Qu’est-ce qu’une fille attend de sa mère ?" (Odile Jacob – Paris)
Il est impossible de regarder "Black Swan" (Aronosfky, 2011), sans soupçonner que l’effondrement psychique de la ballerine Nina, autour duquel le film se déploie, est lié à sa relation avec sa mère. Des films inspirés des impasses dans les relations mère et fille constituent un riche filon exploré par le cinéma, dont l’un des premiers fut "Now, Voyager avec Bette Davis" (Irving Rapper, 1942).
Dans "Black Swan", la mère de Nina n’est pas seulement une femme projetant sur sa fille ses désirs narcissiques de ballerine frustrée – comme la mère musicienne de "Hilary and Jackie" (Anand Tucker, 1998) ou celle, possessive, de "La Pianiste" (Michael Haneke, 2001). Maintenant sa fille dans une enfance éternisée, Erica empêche la pleine réalisation de l’un des aspects de sa vie auquel elle devrait au contraire veiller: favoriser la transformation de la fillette en femme.
Simone de Beauvoir l’a énoncé: "On ne naît pas femme, on le devient". Ne pas réaliser ce passage est "la grande catastrophe" de la vie de toute femme, dit Freud. Si l’essence de la féminité n’est pas transmissible – chaque femme devant s’inventer sa féminité – c’est néanmoins autour de cette interrogation que s’articule l’un des points essentiels de la relation entre une fille et sa mère.
C’est auprès de la mère que la fille vient quérir une réponse à la question primordiale de la constitution de son identité féminine — qu’est ce qu’être une femme ? — cherchant à connaître la solution trouvée par sa mère à sa propre condition de femme, y compris dans sa volonté d’éveiller le désir d’un homme. Cette question, Nina aura sans doute essayé de la poser, sans rencontrer en sa mère l’accueil nécessaire.
La vision qu’a Erica d’une possible rencontre sexuelle de Nina avec le directeur artistique Thomas Leroy le démontre : "Il ne t’a pas fait des avances, n’est-ce pas ?" demande-t-elle à une Nina confuse et apeurée, justifiant son désir de l’éloigner des hommes par la nécessité d’éviter qu’elle commette "la même erreur qu’elle, c’est-à-dire tomber enceinte. On comprend ainsi qu’au baiser de Thomas, Nina réagisse par une morsure. Le désir d’Erica règne sur la destinée sexuelle de sa fille et régit sa vie.
Garder Nina comme sa "sweet girl" entourée de jouets, peluches et boîtes à musique, c’est empêcher tout accès de la jeune femme à la sexualité. Si le dévouement au ballet représente la prison où la fantaisie maternel l’enferme, il est aussi l’endroit où elle trouve – à travers son corps entraîné jusqu’à l’exhaustion – un sens à son existence. Ce plus qu’elle cherche n’est pas seulement la perfection dans la danse – réalité inhérente au ballet – mais aussi la garantie de l’intégrité d’un corps qu’elle sent menacé d’être dilué dans le néant ou (re)absorbé par le corps maternel. Le ballet n’est pas ce qu’elle fait, c’est ce qu’elle est.
Par manque d’une parole rassurante pouvant soutenir une partie ignorée de son être, son désir n’arrive pas à donner du sens à la réalité et à la sexualité. Aussi peut-on employer pour Nina, la formule forgée par Freud pour qualifier l’énigme de la sexualité féminine : "continent noir". Cherchant à provoquer en elle l’expérience d’une sensualité féminine qu’il tient pour essentielle dans l’interprétation du rôle, Thomas ébranle le tenu équilibre de la jeune femme. Plutôt qu’opposer le bien et le mal, c’est l’ingénuité qu’il confronte ici à la sensualité – et dans la dialectique cygne blanc/cygne noir se révèle la difficulté de Nina d’opérer le passage fillette/femme.
Elle perçoit dans Lily – la ballerine qui vient de l’ensoleillée Californie pour conquérir l’approbation et l’admiration de Thomas – la femme désirable correspondant aux exigences de ce dernier : celle qui se "lâche", qui vit ouvertement et résolument sa sexualité, illustré par sa façon tranquille d’aborder l’alcool, les cigarettes, les drogues et les hommes dans la scène du bar. Nina est fascinée par ce corps érotique de femme, en rêve même, dans sa quête effrénée des réponses concernant la sexualité féminine. Mais c’est justement la présence de ce corps fascinant qui devient un tourment et qui provoque le début de sa perte d’identité et de son délire de persécution. Elle cherche alors à se débarrasser de l’enfance, du cygne blanc, envoyant ses peluches à la poubelle et essayant d’interdire sa porte à sa mère. Où est ma douce petite fille, demande la mère. Elle est partie, répond Nina. Mais il n’y a personne pour la substituer. De fillette... à rien.
Tandis que Lily est une femme qui se lâche sans se perdre, Nina, "non-femme", en se lâchant se perd. Ne disposant pas d’une identification féminine constituée d’éléments symboliques et imaginaires sa scène psychique sera dès lors dominée par le réel de la jouissance.
Selon Lacan, les trois registres de la structure du psychisme – symbolique, imaginaire, réel – doivent être tissés pour que le sujet fasse face à la réalité. Ce qui lâche chez Nina c’est le lien entre ces trois niveaux, l’assujettissant à l’emprise de ses pulsions.
Les mutilations auxquelles elle soumettait son corps constituaient déjà des actes annonciateurs d’un excès de jouissance d’un corps auquel aucune inscription dans les registres symbolique ou imaginaire ne vient imposer une limite.
L’irruption du réel de la jouissance sans ancrages exerce sur Nina – qui ne dispose pas d’une identification féminine qui la soutienne – une attraction vertigineuse. Elle "saute" comme le lui demande Thomas, mais pas comme il l’avait imaginé ("C’est sûr" lui dit-il), répondant à l’appel de l’abîme sans que plus rien ne la retienne à l’existence, restant à la dérive de sa façon particulière de jouir ouverte à l’infini, pure pulsion de mort. Elle danse à la perfection sa perte dans l’obscurité.
Malvine Zalcberg
Etant donné que nous voyons le film à travers les yeux de Nina, est ce qu'on peut vraiment être sur que Lily aie vraiment exister? Par ce que dans le film il n'y a que Nina qui lui parle vraiment, Toute son attention est porté vers sa rivale. dans une scène du film on voit Nina qui regarde de loin Lily danser, le chorégraphe arrive et lui dit qu'elle ne fait pas semblant quand elle danse ( Lily ? ), mais on n'est pas sure et certain que le chorégraphe parlait de lily, même si c'est elle que Nina regardait. Dans le taxi, à un moment, Lily touche le sexe de Nina, dans cette scène, comme dans celle ou Lily se fait tuer, il ne pourrait sagir que d'une seule et même personne (Nina). Dailleurs quand la mère ouvre la porte, il aurait vraiment pu sagir d'une personne qui s'est trompé etant donné qu'on nous a pas montrer le visage de Lily mais comme Nina commence à délirer, elle sort et se retrouve encore une fois seul avec dans le couloir avec Lil. Lily dans mon hypothèse serait la double personnalité de Nina. c'est dailleur pour çà que dans certaine scène elle voit son visage à la place de celui de Lily. encore en train de se masturber Et la mère, elle est très étrange et très protectrice elle devait surement savoir que sa fille était malade et c'est pour cette raison qu'elle l'a surprotéger.
Etant donné que nous voyons le film à travers les yeux de Nina, est ce qu'on peut vraiment être sur que Lily aie vraiment exister? Par ce que dans le film il n'y a que Nina qui lui parle vraiment, Toute son attention est porté vers sa rivale. dans une scène du film on voit Nina qui regarde de loin Lily danser, le chorégraphe arrive et lui dit qu'elle ne fait pas semblant quand elle danse ( Lily ? ), mais on n'est pas sure et certain que le chorégraphe parlait de lily, même si c'est elle que Nina regardait. Dans le taxi, à un moment, Lily touche le sexe de Nina, dans cette scène, comme dans celle ou Lily se fait tuer, il ne pourrait sagir que d'une seule et même personne (Nina). Dailleurs quand la mère ouvre la porte, il aurait vraiment pu sagir d'une personne qui s'est trompé etant donné qu'on nous a pas montrer le visage de Lily mais comme Nina commence à délirer, elle sort et se retrouve encore une fois seul avec dans le couloir avec Lil. Lily dans mon hypothèse serait la double personnalité de Nina. c'est dailleur pour çà que dans certaine scène elle voit son visage à la place de celui de Lily. encore en train de se masturber Et la mère, elle est très étrange et très protectrice elle devait surement savoir que sa fille était malade et c'est pour cette raison qu'elle l'a surprotéger.
Pour répondre a la question du pourquoi il y a une tache de sang juste quand elle danse en blanc a la fin et pas avant, c'est tout simplement parce que quant le morceau de verre est a l'intérieur de la plaie, il obstrue l'effusion de sang, c'est arrivée a des personnes qui se prenaient des balles, si on ne l'enlevait pas , il se pouvait que la personne n'en souffre pas, les tissus se reconstruisaient autour de la balle enfoncé dans le corps. Hors, quand Nina l'enlève, la,le sang coule. Pour ce qui est du " faux " meurtre de lily en cygne noir, c'est parce que justement , a ce moment, Nina allait monter sur scéne en tant que cygne noir, hors, dans sa grosse hallucination elle pense que Lyly va de nouveau lui voler la vedette. Le " c'est MON tour" quelle crie sur le cadavre de lyly montre bien que a cet instant précis elle incarne complétement le cygne noir. Pourquoi alors c'est le cygne blanc qui meurt ? Parce que quand elle revient dans sa loge, elle a eu le temps de déshalluciner, et la elle se rend compte qu'il n'y a personne dans la salle de bain, et quelle a un bout de verre dans le ventre. Elle redevient "pure" . Ce qui accentue encore plus l'idée de vice qu'incarne le cygne noir. L'histoire du Lac des cygnes met en scéne deux soeur jumelles, métaphore du coté sombre et du coté pur. En gros , tu es ton meilleur ennemi , ton coté malfaisant , détruira qui tu es a la base. C'est pour cela que c'est sous la forme du cygne blanc quelle meurt.
Bjr a tous
Voila mon dilleme aillant adorer le films et sur le tatouage de Lili plus particulierement la scene d'amour avec la transformation du tatouage ^^
bref je cherche l'image du tatouage a la fin de la mutation ou transformation pourriez vous m'aider
merci a tous
Je viens tout juste de regarder le film ( que je trouve remarquablement bien réalisé, au passage ) et te remercie de cette explication !!! C'était nécessaire si l'on veut une parfaite compréhension du film. Bel exemple de schizophrénie, ce film.
Encore merci !
Je n'ai pas trop compris l'intérêt du film. Personnellement, je ne pense pas qu'il ait une quelconque portée intellectuelle... Il relève à mon goût d'une sorte de délire de la part du metteur en scène. Cependant, le film est très esthétique et vaut tout de même le coup d'être vu, mais pas d'être débattu.
J'ai regardé le film cette nuit, j'ai vraiment beaucoupaimé mais comme tout le monde je me pose beaucoup de questions. Merci Ariane pour ce blog qui nous permet de partager nos avis.
Une chose que je n'ai pas compris, c'est la place de l'anorexie, qu'est ce qu'on doit en deduire ? on voit Nina vomir plusieurs fois, elle refuse de manger du gateau, la costumiere remarque qu'elle a maigri, quelqu'un à une idée ?
@Nat :
Au départ, je pensais, moi aussi, que Nina souffrait de troubles du comportement alimentaire. Certaines personnes supposent que ses vomissements sont dus à une anxiété beaucoup trop excessive - ce que Nina subit indéniablement. Cette hypothèse est loin d'être bête, d'autant plus que c'est tout à fait possible. A méditer.
Pour éclaircir un peu les griffures du dos de Nina, voici un avis assez simple.
Comme plusieurs l'on dit, Nina a deux coté, cygne noir et cygne blanc,
son coté cygne noir cherche à s'exprimer mais Nina persiste à vouloir le masquer derrière son cygne blanc.
On voit dans une scène que Nina se retire une plume noire du dos, la plume est une hallucination de Nina qui symbolise son coté cygne noir cherchant à s'exprimer. Nina se gratte et arrache la plume afin que son coté cygne noir ne sorte pas.
On assiste une seule fois à la scène mais on peu supposer que cette hallucination lui arrive régulièrement et que c'est la cause de ses griffures.
Voilà, ce n'est qu'un avis...
Tout d'abord merci à tous d'avoir apporté sa version du film, chaque analyse étant très intéressante (je ne regrette pas d'avoir lu tous les commentaires !).
Une chose toutefois que je n'ai pas retrouvé, et qui m'a un peu étonnée. Lors de la scène du bain où Nina se masturbe, j'avais trois hypothèses par rapport au sang sur ses doigts.
La première était donc qu'elle grattait son épaule dans le bain, mais on ne voit nulle part que son bras gratte son épaule, alors que dans toutes les autres scènes, on voit qu'elle le fait. Une étape supplémentaire dans le chemin vers la folie ? peut-être.
Mes deux autres hypothèses sont pour moi les plus probables. Etant donné que, comme d'autres l'ont souligné, la mère a inculqué à sa fille un dégoût de la sexualité, il y a deux possibilités. Soit elle ment à Thomas à propos de son expérience sexuelle, et dans ce cas-là le sang sur ces doigts est dû au fait qu'elle se soit dépucelée elle-même (n'ayant jamais expérimenté cela, qu'on me reprenne si c'est impossible !) ; soit elle se mutile, non pas l'épaule, mais le sexe.
Une dernière chose à propos de son obsession de la perfection. Pour moi c'est une dysmorphophobie poussée à l'extrême, assortie à un TOC (le grattage), et peut-être également à un trouble de l'alimentation (l'anorexie). Je ne prétens pas en être sûre, je n'ai pas fait d'études de psychiatrie, mais je connais bien les symptômes de dysmorphophobie et le grattage qui revient à une obsession cutanée.
Voilà, je sais que ça fait un moment que Black Swan est sorti, mais j'espère quand même pouvoir continuer à débattre avec vous.
Je crois que Nina et Lili sont une seule et même personne. Qu'elle couche avec Thomas pour avoir le rôle (d'ou le mot whore dans le miroir... qu'elle même écrit)
ton argumentation est plutot plaisante . juste un détail qui me gène : la schizophrénie . En fait, la schizophrénie se fait voir quand elle est sur scène et qu'elle joue le cygne noir . Mise à part ça, je dirais plutôt que c'est de la folie pure où elle a des hallucination révélant ce qu'elle craint .
En effet, dans ses hallucinations, elle voit toujours d'une part Lili prendre le dessus sur elle (c'est elle qui l'emmène en boite, la drogue, l'amène à coucher avec des hommes, c'est elle qui va toujours vers nina pour lui parler (sauf au moment ou nina va lui reprocher de se mêler des affaires des autres), et même au niveau du sexe, nina voit lili au dessus pendant l'acte et la voit plus franche avec thomas), et elle voit d'une autre part ce qu'elle même craint : le cygne noir (puisque dans ses hallucinations, son mauvais moi lui fait toujours du mal (la gratte dans le miroir, lui coupe le doigt, lui arrache la peau des ongles, bref..) . Je pense tout simplement que Black Swann représente en nina l'esprit de tchaikovsky lorsqu'il a créé ce ballet .
Pour résumer, c'est un homme qui a toujours eu des rêves au delà de ses possibilités (un homme en avance sur son temps) . En effet, il etait marié mais surtout homosexuel : son grand mal être puisque désir de style de vie insatisfait . Lorsqu'il a créé le lac des cygnes le ballet, il s'est inspiré de cette histoire (un jeune prince forcé par le mariage après le décès de son père, qui doit choisir une épouse parmis des princesses qu'il n'aime pas. ce prince lors d'une ballade, apperçoit un cygne magnifique et ne peut s'empêcher, lorsque celui ci part du lac, de le suivre, et donc d'arriver au chateau de rotbart pour le voir se transformer en la femme dont il tombe amoureux: odette . il converse avec lui et lui demande de venir à son bal afin de l'epouser . dans la version la plus connue, elle parvient à aller au bal, mais rodbart y a dirigé sa fille (odile) afin que sigfried se trompe et qu'odette soit tellement déçue qu'elle en acceptera la demande de rodbart . celle ci, en arrivant au bal, assiste à la demande de sigfried envers odile, et s'enfuit vers le chateau de rodbart . sigfried voit la scène et comprend la ruse, ne se voit donc pas vivre la vie qu'il s'apprète à mener et se suicide .odette se suicide donc de tristesse .
c'est une des fins proposées, et elle représente la fin de tchaikovsky : lorsqu'il a présenté le lac des cygnes(où il faut avouer qu'il mettait toute sa personnalité puisqu'il melangeait sigfried à lui même), celui ci a été detesté . tchaikovsky en a connu une grande douleur, l'a travaillé jusqu' à sa mort pour que le ballet soit parfait .
lorsque le ballet est représenté sur scène une seconde fois, il est dirigé par noureev, et c'est un veritable succès, que tchaikovsky ne sera plus là pour connaitre . Et c'est dans ces termes là que nina représente tchaikovsky, mais aussi sigfried : elle a la possibilité d'atteindre un rêve de gloire (pour sigfried odette, pour tchaikovsky son ballet), mais attend tellement à la perfection, au plus parfait, qu'elle en devient vulnérable au premier echec et sombre dans la folie qui la ronge avant de la tuer .
et également, j' ai vu une question du pourquoi elle voit l'ancienne danseuse se tuer : tout simplement, elle se voit en la danseuse (quand elle arrive, elle commence par lui dire "je suis désolée, je vous comprends" , elle voit tout simplement qu'elle vit la peur d'etre détronée comme la précédente et se reflete en elle. c'est une chose que beaucoup de gens font lorsqu'ils ont des problèmes, tout simplement se comparer ou s'associer à la personne inconsciemment) . elle a une hallucination de l'ancienne qui se suicide car elle sait que beth a tenté le suicide à cause de la perte de pouvoir : on decouvre la peur de nina, qui se rend compte en même temps que nous que la fin sera loin d'etre gaie .
@Sabrina :
J'ai adoré ton interprétation de la scène où Nina se masturbe dans sa baignoire. Je n'y avais pas pensé, c'est vrai que vu la façon dont sa mère aborde le sujet de la sexualité avec elle, il est fort probable qu'elle n'aie jamais eu d'expérience sexuelle, d'où le fait qu'elle aie menti à Thomas (elle réfléchit un long moment avec de donner une réponse à sa question d'ailleurs). Idem en se masturbant dans sa baignoire elle cherche à atteindre la sensualité du cygne noir (qu'elle "voit" penché au-dessus d'elle et qui la renvoie à sa peur de la sexualité). En lisant ton interprétation maintenant je suis presque persuadée qu'elle s'est dépucelée toute seule. Et à partir de cette "libération", le cygne noir s'exprime de plus en plus d'ailleurs...
Mon avis sur le film: il est affreux et magique à la fois. Je ne l'ai vu qu'une fois et j'avoue avoir eu vraiment peur à plusieurs reprises notamment quand elle voit des "apparitions" dans la maison... Je ne sais pas si j'aurai le courage de le visionner une seconde fois vu le mal que j'ai eu à m'endormir après l'avoir vu! On se sent vraiment Nina tout le long du film (prises de vue, hallucinations partagées), du coup on ressent ce qu'elle peut elle-même ressentir, c'est... psychologiquement insoutenable. Mais la fin est tellement sublime!
J'ai vraiment aimé ce film, même s'il est très dur à mon sens...
Bonsoir,
Très longtemps après la sortie, les signes de la schizo me troublaient un peu, avec l’éternelle question de "qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui ne l'est pas?"
Sabrina, je trouve ton analyse intéressante, mais la scène de la baignoire n'est pas la première fois qu'elle se masturbe, la première fois étant dans son lit où elle se stoppe parce qu'elle voit sa mère, n'allant pas dans le sens d'une "première fois", mais je te rejoins sur la théorie de la mutilation sexuelle, comme pour les autres mutilations, une violence pour essayer de s'apaiser intérieurement.
Cependant, il y a quelques éléments qui me chiffonnent : à la fin, par rapport au fait qu'elle soit blessée, que le saignement ne soit qu'au moment où elle s'apprête à sortir de sa loge et quand elle va sauter, mais rien entre les deux. Après, ce saignement final est une forme de libération, faire ressortir le mal d'elle-même.
Ensuite, c'est l'univers qui plane chez elle : tout d'abord, cette ambiance très infantilisante, les papillons roses aux murs, les peluches, sa mère l'aide à s'habiller et à se déshabiller, le gâteau avec le goût "vanille fraise" rappelant l'enfance, et avec une apparence de gâteau d'anniversaire. Et dans la chambre de sa mère, les peintures ressemblant à des peintures d'enfants faisant l'éloge du passé de sa mère, des murs très chargés, la présence de la mère excessive. Et ce cygne noir se développant intérieurement, alimentant la rébellion contre tout cela, et coïncidant d'ailleurs avec sa "première relation", bien qu'hallucinatoire, la recherche de l'appartement, quitter le monde de l'enfance et prendre son indépendance...
En général, le film est très lourd, mais vraiment sublime! Merci beaucoup pour tous ces éléments d'analyses!
Bonsoir,
Très longtemps après la sortie, les signes de la schizo me troublaient un peu, avec l’éternelle question de "qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui ne l'est pas?"
Sabrina, je trouve ton analyse intéressante, mais la scène de la baignoire n'est pas la première fois qu'elle se masturbe, la première fois étant dans son lit où elle se stoppe parce qu'elle voit sa mère, n'allant pas dans le sens d'une "première fois", mais je te rejoins sur la théorie de la mutilation sexuelle, comme pour les autres mutilations, une violence pour essayer de s'apaiser intérieurement.
Cependant, il y a quelques éléments qui me chiffonnent : à la fin, par rapport au fait qu'elle soit blessée, que le saignement ne soit qu'au moment où elle s'apprête à sortir de sa loge et quand elle va sauter, mais rien entre les deux. Après, ce saignement final est une forme de libération, faire ressortir le mal d'elle-même.
Ensuite, c'est l'univers qui plane chez elle : tout d'abord, cette ambiance très infantilisante, les papillons roses aux murs, les peluches, sa mère l'aide à s'habiller et à se déshabiller, le gâteau avec le goût "vanille fraise" rappelant l'enfance, et avec une apparence de gâteau d'anniversaire. Et dans la chambre de sa mère, les peintures ressemblant à des peintures d'enfants faisant l'éloge du passé de sa mère, des murs très chargés, la présence de la mère excessive. Et ce cygne noir se développant intérieurement, alimentant la rébellion contre tout cela, et coïncidant d'ailleurs avec sa "première relation", bien qu'hallucinatoire, la recherche de l'appartement, quitter le monde de l'enfance et prendre son indépendance...
En général, le film est très lourd, mais vraiment sublime! Merci beaucoup pour tous ces éléments d'analyses!
Je ne viens pas pour faire un commentaire sur le film.
Je fais de la danse, j'ai 13 ans, vous pensez que je peux le regarder? Est ce qu'il va m'effrayer; merci.
Tout vos commentaires et analyse sont très intéressants, seulement, une scène du début me chiffonne.
Lorsqu'elle se rend à son école de danse, on voit Nina dans le métro qui aperçoit son "double noir" avant même de savoir que le rôle de la reine des cygnes est à attribuer.
Est-ce que cela ne voudrait-il pas dire que Nina avait des problèmes psychologiques bien avant cette histoire de rôle?
Ce qui me fait penser à ça c'est aussi le fait que sa mère lui dise "Tu as recommencé à te gratter?"
Je ne suis pas sûre de moi et j'aimerai beaucoup avoir votre avis la dessus.
c'est comique que vous parliez de Shutter Island car j'ai regardé ces deux films deux soirs de suite! par contre pour moi la fin de Shutter Island était claire: Léo est bien fou!
votre analyse de Black Swan est très interessante et là j'allais dans le même sens que vous. je suis venue ici car je me demandais si Lily était morte ou pas. mystère. je choisis que non...
bonjour,
quand j'ai vu black swan, je me suis posé beaucoup de question (auquel j'ai trouvé reponse plus haut). aussi, je vous ai vu parler de Beth qui se mutilait avec ses objets et je voulait savoir si mon interprétation était possible.
tout d'abord, thomas avait dit qu'il était sur que Beth s'était jetée de son plein gré sous la voiture. Nina a eu tellement peur que ce soit vrai qu'elle a entierement inventé cette scène.
Merci de me répondre car je ne sais pas du tout si c'est possible que ce soit ça.
Mercii poyr ces explications :D !! Jai vraiment trouve le film super interressant mais javais des millions de questions sans reponses et maintenant jai toutes mes reponses alors mercii :D
"Nina redevient le cygne blanc et, blessée au ventre, meurt, ou en tout cas passera par la case hôpital. "
Je ne suis pas d'accord avec cette phrase. Pour moi, Nina hallucine sa mort.
A la toute fin du film Nina danse le cygne blanc, alors que celui-ci est devenu l'equivalent du cygne noir au debut du film : indesirable. Donc plus Nina saigne, plus son cygne blanc disparait. Une fois le ballet fini, sa part enfantine et innoncence est "morte".
Superbe analyse ! En regardant le film je n'ai pas du tout compris qu'il s'agissait de schizophrénie... J'avais compris quelques messages bien sûr, mais de là à aller jusque là, non ! Le film est bien plus beau quand on découvre le vrai message ! Merci beaucoup
Je me suis demandé tout le long du film si sa mère et Lily existaient vraiment...
Je pense que Nina est folle bien avant d'avoir le rôle ( Elle voit son double double dans le métro ). Qu'elle tente à tout prix de vivre le rêve de sa défunt mère. Ce qui expliquerai les peintures de visages dans sa maison. On ne sais pas trop si c'est Nina ou sa mère dessus. Cela expliquerai aussi pourquoi seuls Nina et sa mère arrivent à voir ses mutilations.. Personne d'autre que Nina ne parle à ces deux personnes. Le seul moment ou la mère est en relation avec l’extérieur c'est par un coup de téléphone avec l'école.. cela reste tout a fait possible qu'elle fantasme sa mère en vie... A la fin du film la mère de Nina est dans le public, toutes les deux pleurs et leurs visages se confondent... A méditer..
C'est assez exaltant de voir l'évolution d'un personnage en l'espace de deux heures. Car avant même d'admirer l'essence même du film, la mise en scène, l'histoire etc.. Nous assistons à la naissance de quelque chose d'unique au coeur du personnage. Une naissance qui se lie avec une pénible douloureuse bataille entre réel et imaginaire, folie et stabilité de l'esprit, moi et surmoi; perfection et naturelle. Qu'est-ce que la perfection? Ne va-t-elle pas dans le sens de ce qui dérange, de ce qui fait mal, de ce qui tord nos esprits dans l'inquiétude et l'angoisse..? Toutes ces questions sont puremement interprétées avec beaucoup de finesse dans ce film qui va au déla de l'Art ou du Cinéma ou de la Danse comme vous l'avez tous bien commenté! Mon coeur s'est emballé, mon sang n'a fait qu'un tour, j'ai eu peur, j'ai souffert en même temps que le personnage bref j'ai ressenti les choses et ce film est bouleversant pour cela. L'essence même de l'émotion, de l'art, du changement, de la vie, la naissance d'un talent, l'éveil à la vie, à la feminité et de la mort, la mort de l'enfance, de la naiveté, prête à vivre et non survivre.. Tous ces élements sont jetés à l'écran et sont interprétés magiquement par des acteurs de talent! Je n'irai pas mettre des explications sur le film, il est vrai qu'on en sort trés pensifs, on se pose des questions et c'est pour cela qu'il est excellent! Il nous éveille... Maintenant la seule chose que je soulignerai dans le film c'est la chorégraphie de la danse, elle illustre parfaitement les enjeux, et les difficultés du personnage Nina.. Son partenaire tente de l'élever mais elle souffre, elle est comme raide et fragile.. Elle s'élève avec beaucoup de mal, elle ne sourit pas pendant les répétitions, son partenaire la touche avec beaucoup de froideur.. Les répétitions sont le moment où se tisse le travail de cette perfection si difficile à atteindre, on répéte encore, encore et encore mais Nina est fatiguée et elle ose demander à son maître de lui dire où se trouvent les erreurs comme si elle avait besoin de les connaître pour tenter de se corriger.. Et il lui dit : tu es froide, je n'arrive pas à te sentir elle s'excuse et il lui dit : arrête de t'excuser! La seule erreur est qu'elle est obsédée par la perfection, elle veut la contrôler, l'animer en elle mais ses peurs et ses craintes la paralysent et la méne vers la folie! Ce n'est quà la fin, aprés avoir tant souffert et aprés avoir lutté contre elle même qu'elle réussit à atteindre l'orgasme de ressentir son personnage - Le cygne noir, elle ressent tout symboliquement et il nait sur scéne en elle, et c'est cela au dernier acte, qu'elle dit dans un souffle de douleur mais de satisfaction : je l'ai ressenti, c'était parfait. De la douleur naît la perfection.
.. A la différence, que son visage exprimait la douleur, l'inquiétude, la peur de mal faire, vous remarquerez juste le visage de Nina qui s'anime, elle sourit, on la reconnait plus à la fin tellement elle rayonne dans son personnage du cygne noir. J'ai adoré cette scéne, elle est sublime et dégage toute l'évolution du personnage de nina qui se métamorphose sous nos yeux en cygne noir, les ailes qui poussent, les bras qui se couvrent de plumes noir et ses yeux...ils s'expriment une telle satisfaction, limite diabolique, les yeux sont rouges (rouge passion, rouge douleur, le rouge de la perte de sa virginité, le rouge du noir ou du mal)
Bonne analyse du film.
Sauf que personnellement je comparerai Black Swan à Fight club plus tôt qu'à Shutter Iland.
La similitude de ces films se situe au niveau des doubles personnalités des personnages. Une lutte entre l'Ego et l'alter ego. Cette deuxième personnalité des personnages principaux de BS et FC est ce que ce dernier souhaite ou doit devenir. A la fin ce doublement de la personnalité fini par conduire à la perte le héros principal.
La différence est que dans FC l’alter égo est un personnage inventé par le heros principal alors que dans BS c'est la projection par la héroïne principale de sa double personnalité sur un autre personnage du film qui est naturellement ce qui la héroïne principale souhaite devenir.
Dans le Shutter Iland il n'y pas d'antagonisme entre les patient de l’hôpital et le policier pour lequel il se prend tout au long du film.
Il n'y pas cette lutte entre les deux facettes d'une seule et même personne que l'on retrouve dans fight club et black swan.
Ce Black Swan n'est qu'un canard aux navets Je ne comprends pas que certains recherchent de laborieuses explications psychanalytiques a ce qui n'est pas un cas clinique mais un simple scénario de film boursouflé ,clinquant,prétentieux,sans grande cohérence ni finesse.Si on veut voir un film d'antologie sur la dualite d'un personnage qui se débat entre le bien et le mal,autant regarder Le boucher, La nuit du chasseur ,Pas de printemps pour Marnie ...Avec des personnages principaux d'une autre épaisseur que cette pauvre Nina qui roule des yeux affoles a la Audrey Hepburn du début a la fin du film et une admirable économie de moyens ou tout est dans la suggestion et non la démonstration. Faites juste un petit exercice d'imagination: que resterait-il du film si on retirait les miroirs du décor ,métaphore lourdingue de l'ambiguïté des personnages et de leur narcissisme ?
J'ai beaucoup aimé ce film qui, moi aussi, m'a rappelé Fight Club. Dans les 2 films, le protagoniste est en prise avec son double, non pas son clone, mais une version "améliorée" de lui-même, qui l'entraîne (de gré ou de force?) dans un univers de + en + paranoïaque, jusqu'à une destruction ultra-spectaculaire.
Là où, selon moi, le traitement est différent, c'est que Black Swan est beaucoup plus intimiste, entièrement tourné sur Nina qui apparait souvent en gros plan: la caméra la serre de près, suggérant l'introspection. Contrairement au personnage de Fight Club -qui a une vie sociale débordante, une "activité internationale", qui commande à gd renforts de cris toute une armée-, Nina n'a que très peu d'interaction avec les autres, elle a peu de dialogues, ne s'exprime que par phrases courtes et presque chuchotées, elle est même à plusieurs reprises "bouche bée", littéralement. Elle ne répond pas systématiquement aux questions qu'on lui pose, et elle a des difficultés évidentes à entretenir une conversation banale avec quelqu'un (la scène dans le bar est révélatrice: elle est incapable de bavarder avec les garçons qu'elle rencontre. En dehors de son lac et de son univers personnel, Nina n'est pas "accrochée" par le monde, c'est un personnage à la limite de la désocialisation)
Pour moi, il apparait qu'elle est toujours vierge(1e qualité du cygne blanc), et que c'est la raison pour laquelle Thomas lui recommande de... se masturber! C'est d'ailleurs cette nuit-là qu'elle imagine un rapport sexuel avec Lily et qu'elle expérimente le plaisir, mais dans un tel déni de son propre désir qu'elle ne peut s'attribuer ce geste à elle-même, et le met sur le compte de Lily, le cygne noir, qui lui, est capable de "commettre" de telles choses.
Nathalie Portman n'a pas 12ans! Cette tâche de sang qui s'élargit inexorablement sur son costume immaculé ne renvoie pas, à mon sens, aux menstruations, mais plutôt à la défloration. En découvrant le sexe, l'adulte tue l'enfant, la petite fille s'efface devant la femme.
A ce titre, le rôle de la mère est prépondérant, quoique presque caricatural: c'est la méchante Reine de Blanche-Neige (Blanche-Neige n'est pas une enfant non plus, mais bel et bien une jeune femme tout près de prendre sa place dans le monde). Elle ne supporte pas de se voir vieillir et de, naturellement, devoir céder sa place à sa fille. Dans Blanche-Neige, la haine de la Reine est attisée quand le miroir (encore des miroirs!) lui apprend que la princesse est + belle qu'elle, qui est pourtant une très belle femme, le conte insiste sur ce point. De même, la mère de Nina, elle-même danseuse, accepte visiblement mal que sa fille puisse la surpasser ("Je suis le Cygne!", lance Nina à sa mère, "toi, tu ne faisais qu'appartenir au corps de ballet"). La princesse détrône sa mère, et les jeunes femmes prennent la place parfois chèrement gagnée de leurs aînées-et notamment sur le plan de la séduction, comme on le voit clairement avec l'éviction de Beth-, qui en conçoivent une amertume destructrice.
En dehors de cette analyse que je soumets à votre jugement, je tenais aussi à souligner le très joli travail autour des cheveux (élément déterminant, s'il en est, de la féminité). Quelqu'un le disait dans les commentaires précédents: "toutes les danseuses se ressemblent". Evidemment, cela participe à l'atmosphère particulière du film. Nina se dédouble en 2, puis en de multiples Nina dans les miroirs... cependant, je ne peux m'empêcher de voir ce tourbillon d'étoiles en chignon comme une infinité de doubles d'elle-même, au milieu desquelles elle se perd elle-même.
Ce chignon, strict, "parfait", est un idéal astreignant, qui doit faire mal à la tête, à force...!
Or, le lendemain de sa "folle nuit" avec Lily, on suit Nina qui arrive en retard à la répétition, la caméra est tout près de sa nuque et ses cheveux sont défaits, ils ont beau être ramassés à la manière d'un chignon, ils "débordent" de partout, rebelles... et manifestent, selon moi, la nature sauvage de cette jeune femme mal à l'aise avec un corps qui ne demande qu'à s'exprimer.
Pour ajouter une petite chose à mon précédent commentaire, j'ai lu que plusieurs personnes s'interrogeaient sur la réalité des plaies dans le dos de Nina.
Pour ma part, elle s'inflige réellement ces blessures, c'est, là encore; significatif chez une personne qui assume mal son corps, ses besoins comme ses transformations. D'ailleurs, je signale que les gens réellement atteints de ce genre de troubles du comportement qui attentent à leur physique (mutilations, scarifications, arrachage des cheveux...) savent très bien dissimuler les traces à leur entourage. On voit clairement Nina passer du temps à maquiller ses blessures.
Nina n'est pas schizophrène mais bel et bien paranoiaque (ou trouble délirant suivant le DSM IV TR). Un schizophrène présente un délire non systématisé, un morcellement du moi alors que Nina montre un clivage du moi, avec projection de son aggressivité sur sa persécutrice : Lily. Le délire est systématisé (que ce soit pour le thème de la persécution ou de la métamorphose) et la fixation anale (angoisse d'intrusion et de destruction, et non de morcelement, angoisse du schizoprène).
je voulais tout simplement vous faire savoir que je suis passé par tout ses malheur qu es la danse professionnelle , j ai été moi meme daanseur pro et je comprend tout a fait le dialogue le script de ce film si poignant mais si beauuu!!! bravo nathalie tu nous transporté dans la dance , la beautée, et je t en felicite , moi ancien danseur pro je n ai qu une chose a dire , chapeau bas ! bravoooo
Je tenais juste à préciser que Nina n'a jamais eu de relations sexuelles avec Lily. Lily le dit d'ailleurs lors de la scène suivante "je ne suis jamais venue chez toi" si on croit la théorie que Lily n'existe pas c'est aussi possible. En tout cas lors Lily fait soi-disant l'amour avec Lily c'est seulement à mon avis la réelle création (par l'acte justement) du cygne noir. Quelle crée seule (un côté vierge Marie) c'est une piste aussi mais pour moi Lily n'est jamais rentrée avec elle d'ailleurs les plans caméras nous le prouvent et c'est un pure fantasme poussé à son paroxysme qui fait naître son côté noir définitivement. A voir...
Nina fait soi-disant l'amour avec Lily (pardon)
Jai pris le temps de lire chacun des commentaires. Ce sont de très bonnes analyses. Seulement, je relève un point dont personne n'a parlé: l'absence du père de Nina. C'est clair que c'est voulu par le réalisateur. Non seulement il n'est pas la, mais on napprend jamais pourquoi. En lien avec cela, la première scène où Nina se masturbe, elle se retourne sur le ventre et bouge son corps comme un homme le ferait normalement. De plus, lorsqu'on voit sa mère présente, mais qui dort, on pourrait en déduire que Nina se faisait violer par son père, que sa mère le savait mais quelle se fermait les yeux devant la situation. Peut être est-ce pour cette raison quelle blame sa "fin de carrière" sur sa fille. Je pense aussi, comme certains l'ont soulevé, quelle est malade des le début du film. Peut-être que ces troubles seraient liés directement a une histoire d'inceste?... Les hommes, en général, effraient Nina . et le fait quelle aie des pulsions sexuelles envers Lily pourraient illustrer davantage cette théorie. Finalement, la seule fois ou elle accepte qu'un homme la touche est avec Thomas, qui traite étrangement Nina comme sa fille. La façon dont cela se déroule ressemble énormément a un viol. Elle se laisse faire probablement parce que, refoule dans son inconscient se cache une attirance envers la notion du"père"..qu'en pensez-vous?
Très belle analyse! La passionnée de danse que je suis a adoré ce film où se mêle grâce et magie. Je trouve que c'est un film qui fait une très belle éloge de la danse classique, malgré le côté noir qui lui est associé. Mais c'est surtout un film qui utilise la métaphore du ballet "Le lac des Cygnes", pour évoquer un fait de société, la maladie de la schizophrénie. La relation entre le cygne blanc et le cygne noir reflète à merveille les méfaits dont souffrent les malades de schizophrénie. De plus, c'est aussi un film réalisé avec une grande sensibilité et un jeu d'acteur renversant! Nathalie Portman est tout simplement envoûtant dans son double rôle!
merci à tous pour toutes ces analyses très riches!
Plus le film avançait, et plus j'étais persuadée que Nina avait tué sa mère: la mère est très statique, toujours habillée de la même manière, trop présente ... comme si elle surgissait de son imaginaire. Et l'image des mains ensanglantées, que Nina lave frénétiquement, revient souvent...
Je tiens à souligner plusieurs choses, même si cette analyse n'est pas mal du tout, elle n'est pas tout à fait complète à mon sens.
D'abord je pense que Lily n'est pas du tout une personne maléfique ou malfaisante mais c'est bien l'image que Nina a d'elle, quelques exemples : lorsqu'elle arrive dans les loges elle parle et est surprise que personne ne répondent, lorsque Nina est nommé c'est l'une des premières à la féliciter. De plus Lily est l'une des seules personnes qui s'inquiètent pour Nina et essaie de lui parler car elle comprend que ce rôle est dur pour elle.
Par rapport à Nina, je ne suis peut être pas la seule mais dès le départ, même en dehors du rêve, pour moi Nina a de gros problèmes de type psychose. Tout d'abord elle est anorexique (et on le voit très souvent), c'est à dire qu'elle n'a pas une image vrai d'elle même. Ensuite elle a des lésions dû à des grattages, là aussi c'est un symptôme psychiatrique, elle se gratte au sang sans raison (sa mère lui dit qu'elle a recommencé, sous entendu, elle a fait ça durant son adolescence ou bien avant le rôle). Pour en revenir à Lily, plus nous approchons de la fin, plus celle ci est transformé en personnage mauvais. Certes, elle a peut être couché avec le maitre mais c'est une pratique apparemment courante d'après les dires de Beth, et encore, je pense qu'il s'agit plus d'une hallucination de la part de Nina puisqu'il n'y a plus personne dans les lieux (logiquement si on entend quelqu'un dire 'je travaille encore' on ne va pas s’exhiber en couchant avec quelqu'un au même moment) surtout que le maitre essaie quand même d'avoir Nina dans son lit.
Un moment aussi, on voit le prince blanc et Lily, Lily lui touche l'entre jambe, là aussi je ne vois pas d'autre explication qui font qu'elle voit en négatif tout ce que Lily fait : le cygne noir a emporté son amour, le prince blanc. Par contre lorsque Nina danse lors de la représentation je ne sais pas si vous avez vu mais le danseur du prince noir lui fait un grand sourire : pour moi là aussi ça veut dire qu'elle est devenu le cygne noir puisque lui même qui n'avait pas plus de plaisir à danser que ça est conquis.
Voilà mon avis, je pense qu'il faut voir se film des dizaines de fois pour tout comprendre
On trouve ici toutes les caractéristiques du profil psychologique d une personne souffrant d anorexie mentale:
- lien avec la mère fusionnel et destructeur
- rapport avec la nourriture compliqué et torturé
- dedoublement de la personnalité (ce que certains voient considerent ou compare à de la schizophrénie)
- sexualité inexistante
-refus de grandir
- perfectionnisme
Et j'en passe
Excellentes analyses ci-dessus ! Beaucoup de questions intrigantes, beaucoup de symbolique. En gros un très beau film, subtil (pour une fois).
Un point qui n'a été soulevé par personne, et qui contribue à déstabiliser le mental de Nina, est les mensonges de Thomas vis-à-vis de Nina. Il lui ment à propos de la nomination du rôle-phare, ainsi qu'après que Lily a tenté de réconforter Nina (quand elle a pleuré), en lui reprochant d'avoir pleurniché. Il joue un rôle plus qu'ambivalent.
Mais meurt-t-elle à la fin ? Dans ce film il y a beaucoup de suspense et c'est ça qui fait son charme.
Je n'ai pas lu tous les commentaires, mais certains, très intéressants. L'analyse de ce blog également d'ailleurs. Je viens de regarder ce film. J'avoue avoir apprécié, mais je suis un peu restée sur ma faim... Bizarrement.
D'après moi (je ne sais pas si quelqu'un d'autre l'a dit ici), le personnage de Lily n'existe pas réellement... Mais seulement dans les hallucinations de Nina. Nina est une enfant, et recherche son côté sombre, et je pense qu'elle s'est inventée Lily pour s'en inspirer. Comme lorsque qu'un enfant s'invente un ami imaginaire par exemple.... Mais là ça serait plutôt un ennemi imaginaire pour le coup.
Dans la scène où Lily embarque Nina en boîte, Lily donne un t-shirt noir à Nina, qu'elle enfile aux toilettes. Je pense que Nina devient un cygne noir après cette scène. S’enchaîne ensuite la scène de sexe entre elle et Lily... qu'elle s'imagine, où le tatouage de Lily s'anime pendant l'acte et où les "pouvoirs" du cygne noir entrent en elle.... Je pense que Lily n'existe donc pas réellement.
Nina voit Lily la première fois dans le métro, au tout début du film. Elle a d'ailleurs l'impression de se voir elle même dans un reflet au début. C'est ensuite qu'elle comprend que ce n'était pas elle quand Lily descend du métro (et ensuite elle la revoit au conservatoire). Ceci pourrait expliquer aussi pour Nina voit souvent son visage quand elle regarde Lily. Lily ne serait que son côté sombre, inventé, et donc, elle même au final.
Qu'en pensez-vous ?
Je m'attendais à une fin plus étrange.... Tout le monde me disait "tu verras, la fin de ce film est dingue, car on a l'impression pendant tout le film de certaines choses alors qu'au final c'est pas du tout ça". Et je n'ai pas eu cette impression... Je m'attendais un peu à cette fin... Je pensais réellement à un moment donné que Nina était en fait morte depuis un certain temps, ce qui expliquerait pourquoi sa mère pleurait souvent dans sa chambre en regardant les portraits de son mur par exemple, et je pensais qu'à la toute fin on verrait peut-être Lily à la place de Nina comme reine des cygnes.... car c'était elle depuis le début, et non Nina.... Enfin je ne sais pas !
En tout cas, un film qui fait réfléchir est forcément un bon film
Pour en rajouter sur le personnage de Lily, Nina est jalouse d'elle avant même de la connaître et pire, de la voir danser. Elle représente un danger immédiat pour Nina. Lily est une "Nina améliorée" : plus femme, plus sûre d'elle, plus séductrice... cela confirme ma théorie que Lily n'existe que dans la tête de Nina.
J'ai vu aussi des commentaires sur la maman de Nina, et je suis assez d'accord sur le fait qu'elle est sûrement décédée. Elle voit les marques de sa fille, que personne ne voit, elle la voit comme un enfant et souvent l'appartement semble vide et d'un coup elle surgit... quand Nina la voit près d'elle lors de sa première maturation pourrait être aussi une explication : la peur que sa mère décédée la voit faire ça... non ?
Et pour finir, Nina blesse souvent sa mère physiquement et pourtant elle revient la scène d'ensuite sans aucune blessure (doigts coincés dans la porte, poussée plusieurs fois à terre ou sur des chaises...).
Et la scène finale où Nina regarde sa mère, elle est comme "dans la lumière" avec les larmes aux yeux... un peu comme si elle la regardait du paradis. Étonnant qu'elle soit dans la salle alors que quelques heures avant elle était réfractaire au fait que Nina aille au théâtre ce soir là. Elle avait même retiré sa poignée de porte pour ne pas qu'elle y aille.
Ça m'a fait cassé la tête tout ça haha si quelqu'un a des remarques à faire sur mes romans, avec plaisir
Pas mal, par contre pour shutter island on a pas du tout la même analyse, Scorsese ne laisse planer aucun doute quant à l'identité du personne principal, c'est un fou !! Le doute est à la fin, est ce que la thérapie mise en place par les docteurs a fonctionné ? Il semble que oui
Une explication de plus !!
La perfection n'existe pas chez l'être humain, cela veut dire que personne n'est parfait, or, pour être parfait, il faudrait se décuplé, elle veut tellement la perfection qu'elle se "force" a réveiller le cygne noir qui est en elle, or elle a déjà le cygne blanc, le signe blanc et le cygne noir sont deux personnalités différentes, et opposé en plus, pour un être humain, avoir deux personnalités opposé signifie que l'on est pas tout seul dans sa tête, en gros on est schizophrène, donc vouloir être parfait est impossible, ou bien cela mère à la folie !
En fait, à la fin, bien que Nina soit le cygne blanc, ce n'est pas cette partie d'elle qu'elle tue puisqu’elle en a besoin pour son rôle et qu'elle a enfin réussi à intégrer les deux rôles. Dans l'hypothèse où elle ne serait pas morte, la mort du cygne blanc symboliserait donc le passage de la pureté de l'enfance à la force apportée par la maîtrise des deux côtés de sa personnalité qui lui permettrait de poursuivre son rôle. Par contre, dans l'hypothèse où elle serait morte, la mort serait bien celle du cygne blanc sur lequel a triomphé le cygne noir. Cette situation étant le résultat de son ambition qui l'aura rongée jusqu'à ce que la maladie prenne le pouvoir sur elle, elle n'est pas vivable, d'où la mort de Nina. Cette mort représente donc l'aboutissement du rêve de Nina, posséder son propre moment de gloire, au prix de sa santé et de sa vie.
Ton analyse est parfaite et m'a bien aidée à mieux cerner le film. Cela dit je m'étonne toujours des personnes qui doutent de la fin de Shutter Island. Pour moi elle est claire au possible : le personnage principal est devenu fou à la suite du meurtre de ses enfants par sa femme puis par le meurtre de sa femme par lui même. Cela l'a amené à se créer une personnalité héroïque pour oublier ces horreurs. La dernière tentative des médecins pour le ramener à la raison fonctionne finalement. Mais en prenant conscience de ce qu'il a fait, le personnage principal préfère faire semblant de retomber dans son délire pour mourir et ne pas affronter la réalité. La dernière phrase qu'il adresse à son médecin en est d'ailleurs la preuve ultime : " que préférez-vous ? Etre un un héros mort ou un monstre vivant ?" (Pas tout à fait la bonne phrase mais c'est dans ce goût là).
En tout cas tu es très claire dans ton explication et finalement l'intrigue de Black Swann me semble maintenant simple.
Pour moi ce film et l'interprétation que j'en v
fais est exactement le monde d'une femme perverse narcissique et de son noyau pervers et "incestuel" familiale et la relation fusionnelle avec sa mère. Tout au long du film, les scènes démontrent avec génie le monde d'une personnalité perverse: la comorbidité avec le corps qui doit etre parfait quitte a le mutilé, l'emprise d'une mère fusionnelle qui dénit la propre existence de sa fille qui doit etre parfaite, de la , la souche de la personnalité perverse anti-oedipienne où la séduction, la manipulation, la psychose blanche du pervers narcissique qui démontre les principales émotions de cette personnalité comme les fantaisies, le désir d'etre admiré à tout prix et surtout pour etre validé par la mere, trouble d'identité et de différence entre elle-même et les autres qui sont seulement son extension d'elle-même et non des entités distinctes. De la les scènes du miroir et de ses doubles qu'elle voit, mégalomanies de succès et privilèges, la relations morale sadomasochiste typique de la perversion narcissique et le clivage du moi de la le black swan et le white swan.
Pour moi ce film et l'interprétation que j'en v
fais est exactement le monde d'une femme perverse narcissique et de son noyau pervers et "incestuel" familiale et la relation fusionnelle avec sa mère. Tout au long du film, les scènes démontrent avec génie le monde d'une personnalité perverse: la comorbidité avec le corps qui doit etre parfait quitte a le mutilé, l'emprise d'une mère fusionnelle qui dénit la propre existence de sa fille qui doit etre parfaite, de la , la souche de la personnalité perverse anti-oedipienne où la séduction, la manipulation, la psychose blanche du pervers narcissique qui démontre les principales émotions de cette personnalité comme les fantaisies, le désir d'etre admiré à tout prix et surtout pour etre validé par la mere, trouble d'identité et de différence entre elle-même et les autres qui sont seulement son extension d'elle-même et non des entités distinctes. De la les scènes du miroir et de ses doubles qu'elle voit, mégalomanies de succès et privilèges, la relations morale sadomasochiste typique de la perversion narcissique et le clivage du moi de la le black swan et le white swan. La relation avec Lily typique perverse ou détruire l'autre a tout prix pour éviter de sombrer dans la depression abyssale; ce que les pervers narcissiques font la plupart du temps, une relation amoureuse qui finit par la destruction de l'autre en faisant un transfert de tout les blessures psychiques en l'autre et tout ca dans le déni du vrai