I 3 histoires possibles pour un même film
Je me base ici sur un livre écrit par Hervé Aubron (Mulholland Drive de David Lynch, Dirt walk with me), pour proposer les trois interprétations possibles du film de David Lynch.
1 L’hypothèse du jeu
Le film est une énigme à rapprocher du Rubk’s Cube. David Lynch donne au spectateur un puzzle, qu’il va falloir reconstituer, réorganiser, pour comprendre l’enchainement des événements. Il faut donc reconstituer les corps, les rôles et les accessoires.
2 L’hypothèse mentale
Le film est une mise en images de la folie d’un esprit féminin, c’est-à-dire Diane, qui s’invente en Betty pour s’éloigner de sa sombre réalité. Diane se rêve donc en Betty, personnage lumineux et talentueux, qui va être instantanément remarqué par les studios hollywoodiens.
Le spectateur passe donc une partie du film à percevoir non pas la réalité, mais le scénario que Diane monte dans sa tête pour échapper à la réalité.
3 L’hypothèse ésotérique
Le film concerne les « apparitions spectrales ». Rita et Betty ne seraient en fait que des fantômes : la première est morte dans un accident de voiture, la seconde s’est suicidée chez elle.
Le spectateur regarde des fantômes évoluer et découvre comment ils sont devenus des fantômes.
Pour mieux comprendre cette hypothèse, il est intéressant de se référer à Sunset Boulevard, où l’intrigue consiste à expliquer comment la personne qui nous parle en voix off pendant tout le film a été retrouvée morte dans une piscine.
II Mulholland Drive : film expérimental ou film de la citation ?
On se reposera sans doute la même question avec les autres films de David Lynch.
Ce réalisateur est réputé expérimental et hermétique.
Il est vrai qu’un film qui commence avec des images floues et rapides d’un concours de danse, et se termine par le mot « Silencio » prononcé par un personnage bleu dans un théâtre rouge peut paraître impénétrable. On dit donc que David Lynch est un réalisateur expérimental d’œuvres très belles visuellement mais incompréhensibles.
Il y a, je pense, une autre façon de parler des films de David Lynch, en le considérant comme l’exemple parfait de l’auteur de cinéma postmoderne.
Un auteur de cinéma postmoderne, c’est un auteur dont la culture cinématographique va être un élément essentiel de son œuvre.
Prenons un exemple plus facile : si on considère Scream de Wes Craven, les références et les citations sont omniprésentes : dans le détail, avec un balayeur habillé comme Freddy, dans les références avec la citation d’une scène d’Halloween. Dans ce cas précis, les références servent à accentuer la peur, mais aussi à faire rire. Elles ne servent pas à déstabiliser le public.
Dans Mulholland Drive, au contraire, les références multiples brouillent les pistes, emmêlent la trame narrative.
Quelques exemples :
- La première scène du film et son dernier mot : « Silencio » sont probablement des références au film Le Mépris de Jean-Luc Godard, un film, comme par hasard, consacré au milieu du cinéma
- le cow-boy peut être considéré comme une réminiscence du court métrage de Lynch intitulé The Cow-Boy and The Frenchman.
La perspective est la même dans Eraserhead, film réputé hermétique. Les passages réservés à la fée du radiateur paraissent tout à fait incongrus : une jeune femme, défigurée, se dandine sur un théâtre entouré de néons en chantant une chanson comme une petite fille. Le spectateur pense, et moi avec : magnifique ! Surréaliste ! Mais inexplicable.
C’est plus tard, en découvrant le film What ever happened to Baby Jane de Robert Aldrich que j’ai compris qu’il s’agissait d’autre chose. Dans ce film, une vieille femme qui a fait carrière dans le music hall quand elle était enfant décide de reprendre des cours de chant pour remonter sur les planches. Lors de ses répétitions, des néons identiques figurent, son physique et sa voix sont évidemment similaires à la fée du radiateur, si bien qu'il est possible d'affirmer que David Lynch a vu What ever happened to Baby Jane.
Alors pour conclure cet article, une nouvelle façon de comprendre les films de David Lynch (sans occulter les autres, le but n’est pas d’être réducteur et de considérer ses films comme uniquement référentiels) serait de le faire à travers les films qu’il a vus et aimés.
Je ne prétends pas les connaître tous, et heureusement ! J’espère bien, encore, retrouver cette petite étincelle que j’ai eu devant Le Mépris ou What ever happened to Baby Jane où j’ai pensé soudainement à Mulholland Drive ou Eraserhead.
Nous voilà, avec David Lynch, dans le méta-méta cinéma, puisque pour le moment, les références de ses films concernent presque exclusivement le genre du métafilm (les films qui prennent pour thème et pour lieu le cinéma).
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Commentaires
Bonjour Ariane, merci pour ces trois explications possibles. Il faudrait que je revois le film à la lumière de ce que tu as dit car j'ai vu le film deux fois sans forcément comprendre l'histoire. J'ai perdu le fil au moment de la clé bleu qui ouvre une boîte si mes souvenirs sont exacts. Bonne après-midi.
je crois que vous devriez regarder "La Mort vous va si bien" de Robert Zemeckis (1992, Death Becomes Her).
Je pense que toutes les explications viendront plutot de là...
@aashena : C'est un peu dommage de dire que toutes les explications d'un film viennent d'un autre...
Si je tombe sur La Mort vous va si bien, je regarderai, et peut-être ce film là aussi a été une source d'inspiration pour David Lynch.
C'est très différent comme style "la mort vous va si bien" très loitain de Lynch même, mais c'est tellement farfelu comme hypothèse que ça pourrait fort bien être probable tellement Lynch l'est lui même

Enquête à mener ma chère Ariane, toi qui tente de cerner les méandres du génie de ce réalisateur
la mort vous va si bien est un film au moins COMPREHENSIBLE or la mullholand drive est inexplicable il y a trop d histoires differentes telles le cow boy ,l homme qui fais le cauchemar d'un "monstre" et le voit en vrai , le realisateur qui se fait tromper par sa femme (scene inutile) , la tante ruth, l homme qui tue un autre pour un livre noir (inutile puisqu'il ne se passe rien apres ca) enfin soit il y a trop de scenes soit j ai vraiment rien compris mais j'aimerais vraiment comprendre le pk du comment un jour!!! si quelqun a une explication de ce retournement de situation ca m aiderais pas mal:::
mais il ne faut surtout pas COMPRENDRE , il n'y a rien à comprendre ! Il faut se lever et applaudir pendant 1/4 d'heure comme à ..CANNES, sinon on est des NULS ...!
Bonjour, bonsoir tout d'abord.
Au sujet des citations de "la mort vous va si bien" je ne peut pas dire, ne l'ayant pas vu personnellement.
En revanche, il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'il y a dans "Mulholand drive" de nombreuse références à "Sunset boulevard" de Billy Wilder, film phare dans la lignée de ceux qui critiquent Hollywood...
"mais il ne faut surtout pas COMPRENDRE , il n'y a rien à comprendre"
Au contraire, tout est compréhensible, à partir du moment où on fait attention aux détails. En fait il faut au moins le voir 2 fois pour vraiment tout saisir, et là on comprend que seules les 30 dernières minutes avec Diane sont la réalité, et que tout ce qu'il y a avant n'est que le rêve d'une vie idéale, celle qu'elle aurait voulue. Et en revoyant le film sous cette optique, on comprend que tout ce qui est confus dans le rêve à pour origine la réalité. Toutes sortes de détails de la réalité apparaissent dans le rêve de Diane (les 2 vieux qui rigolent, coco, le cowboy, les billets, etc). L'exemple le plus important est celui du restaurant: dans la réalité, diane voit une serveuse s'appelant Betty, et dans le rêve, betty voit une serveuse nommée Diane. En tout cas, comme dans un rêve, la grosse première moitié du film part dans tous les sens, avec des éléments qui n'ont pas forcément de réponses, mais qui sont totalement justifiés car totalement caractéristiques du rêve.
Pour ce qui est de la réalité, elle est bien plus sombre, à l'opposé du rêve. Diane est totalement désespérée suite à sa rupture avec Camilla, la brune amnésique du rêve. A tel point qu'elle paye un tueur pour l'abattre. Les scènes de la réalité où diane a une clef bleue se situent en fait après qu'elle ait conclu le marché avec le tueur. Elle regrette, et ayant rêvé d'une bien meilleure vie où tout lui est favorable, elle comprend que la sienne est pathétique. Elle devient folle et se suicide.
Voilà. Alors c'est vrai, ce film est assez compliqué puisqu'il mélange rêve, présent et flashbacks, mais il n'est pas forcément nécessaire
de le comprendre directement pour l'apprécier à sa juste valeur. Rien que pour sa mise en scène, ses actrices, les émotions qu'il procure et l'atmosphère qu'il dégage, c'est un chef-d'oeuvre.
mais alors comment expliquer le fait que rita et betty voient un cadavre (qui serait celui de diane) dans la chambre alors que c'est censé être le reve de diane qui n'est pas encore morte ??
ce film c"est juste sans queue ni tête agréable a regarder mais ça reste surtout un gros délire de drogué
Et le cowboy dans tous ça et l'homme étrange derrière le restaurant
Black eye a bien résumé ce que beaucoup n'ont pas perçu.
En fait un plan au début nous révèle que pendant 1h30, nous ne verrons que le rêve de Diane. Il s'agit d'un plan subjectif sur des draps et un orreiller rouge (Diane s'apprêtant à se coucher, probablement sous calmants ou alcool car l'image est un peu floue, on comprend à la fin qu'elle est déjà au bord de la folie pour avoir commandité l'assassinat de sa bien aimée). Et à partir de là, tout se déclenche.
Diane apparaît dans son propre rêve comme une personne charmante, talentueuse (l'audition assez irréaliste puisque c'est un rêve où elle bluffe tout le monde), altruiste (elle aide Rita sans discuter), sociable (elle se fait des amis très facilement durant son voyage en avion) alors que Rita apparaît comme un être faible, diminué, amnésique, sans identité (elle choisit le prénom Rita en s'inspirant de l'affiche du film dans la salle de bain). Hors du rêve, c'est Diane qui est faible car follement amoureuse de celle qui l'abandonne pour le metteur en scène en vogue à Hollywood.
Elle hait donc cet homme et inverse également son image dans son rêve. Il est apathique, n'est autorisé à prendre aucune responsabilité, ne peut choisir son actrice (ce qui est d'ailleurs une belle critique du système hollywoodien où les producteurs sont rois), est trompé par sa femme qui, comble de l'ironie, lui reproche de rentrer plus tôt car elle est au lit avec le nettoyeur de piscine...
Bref, Diane inverse tous les rôles dans son rêve pour se donner celui de la future star aimée de tous et sans aucun défaut (cf la réference à Cendrillon).
Je pourrai écrire des pages et des pages là dessus, c'est mon film favori.
Diane est une actrice qui ne perce pas et qui s'accroche à celle qu'elle aime à la fois par passion et par volonté de réussir dans le cinéma. Mais elle est une mauvaise actrice (dans son rêve, Rita lit le texte n'importe comment, alors que dans la vraie vie, c'est probablement Diane qui n'y met pas le ton). Les séquences de bagarre étaillent cette idée: dans le rêve, les personnages qui se battent le font de manière assez grotesque, mais surtout, les bruits de coups sont dignes de ceux d'une mauvaise série, voire d'un film de série Z. Comme si Diane s'était nourrie de films de mauvaise qualité avant de décider de devenir actrice.
POur ceux qui ont raté l'indice du début (le plan sur l'oreiller rouge), lascène du théâtre donne une deuxième car tout y est clair! L'homme qui présente la chanteuse répète que tout est faux et la chanteuse le prouve: le sublime de sa voix n'est qu'un artifice (play back). Donc tout est faux dans ce rêve, car il s'agit d'un fantasme de Diane qui ne peut se retrouver en position de force que dans le sommeil.
Ainsi, les convulsions de DIane me semblent être une émotion, mais peut-être aussi les prémisses du réveil, car celle-ci pleure (je me suis déjà réveillé en pleurant, c'est instantané ou presqie) dans le théâtre. Une part d'inconscient semble lui rappeler l'importance de la clé bleue et elle parvient à y penser avant de se réveiller: la clé ouvre sur du vide, mais pour en parler plus, il faudrait que je le revoie :D). Cette clé qui signifie simplement que l'assassinat a été un succès et qui plonge Diane dans une folie furieuse.
Je pense d'ailleurs que le cadavre qu'elles découvrent dans le rêve n'est pas celui de Diane morte, mais le sien en train de dormir (regardez sa position quand elle se réveille) et que dans le rêve, elle a l'intuition de sa propre mort car elle ne peut pas vivre sans celle qu'elle aime à en tuer.
Ce n'est qu'une vue d'ensemble, il y aurait tant à ajouter et c'est déjà bien assez long. J'espère qu'il y aura des courageux.
Pour moi, le clochard derrière le mur renvoie au secret derrière la porte, ou plutôt à ce que la clé bleue ouvrira. Car elle est effrayée à l'idée d'apprendre la mort de Camilla. Dans le café, au moment de commanditer l'assassinat, elle perçoit des bribes de conversation et mélange tout cela dans son rêve.
Je me demande si le cow-boy n'est pas présent à la soirée où Camilla et le metteur en scène à succès vont annoncer leur mariage (d'ailleurs, la jalousie est décuplée par ce baiser avec celle qui, dans le rêve, portera le nom de Camilla). Un invité s'étant ou peut-être l'inverse du metteur en scène dans le rêve, viril, sûr de lui, pas effrayé... alors que le réalisateur fuit sa maison, fracasse la voiture des producteurs pour s'enfuir immédiatement, se réfugie dans un hôtel miteux...
Un invité s'étant fait remarquer*
Bravo à Benichou et Black eye. ce que vous dîtes tient parfaitement la route. En tous cas votre version rassemble tous les morceaux du puzzle dans ma tête et de tout devient soudainement clair!
Parcontre, GENE en traitant tout le monde de nul ... tu as prouvé que le (ou la ) nul était....
voilà! tout se cachait dans les détails! super film! fallait oser quand même...
Merci Elyas!
Et encore, nous n'avons pas tout dit, c'est le genre duf ilm sur lequel tu peux écrire 3 bibles facilement.
Je précise qu'il y a d'autres films compliqués que je ne cerne pas aussi bien, donc tout dépend de l'état d'esprit, de notre connaissance du style du metteur en scène, des discussions qu'on a pu en avoir...
Impressionnant, je viens de le voir et je me posais pas mal de questions. Les interventions de Black & Bénichou m'éclairent, mais il subsistent quelques incompréhensions. Peut-être est-ce fait exprès, peut-être pas. Une chose est sûre, s'il faut le voir 2 - 3 fois pour le comprendre, de quoi faut-il être composé pour pouvoir réaliser ce genre de film ?! Lynch est d'un autre monde. Chapeau
mais subsistent quelques incompréhensions *
Merci Bénichou et Black bien vu ...
j'aimerais rajouter que le monstre noir derrière le mur représente la culpabilité de Diane. La boite bleue représente sa conscience. D'ailleurs, la clé bleue déclenche une crise de conscience...
Le monstre tient la boite bleue à la fin du film : "c'est la culpabilité qui s'empare de la conscience de Diane".
Merci, vous m'avez rassurée; ce film m'a destabilisée : j'ai accroché du début jusqu'à la fin mais je me suis torturé l'esprit en me demandant si je n'avais pas loupé une étape, une séquence, un indice...Mais me voilà rassurée, je ne suis plus seule dans ce cas.
Effectivement, c'est un film d'une grande beauté plastique mêlé de personnages à la fois mystérieux (rita, l'homme handicapé, l'homme au cauchemar, le cow boy), hauts en couleur (coco, le réalisateur) et assez "banal" (Betty) et d'une grande puissance mentale car on est emporté dans la folie des personnages.
Je le reverrai une nouvelle fois, forte des ces tentatives d'explications : celle de la mort de Rita dans l'accident m'avait échappé mais je pense qu'elle est juste.
Merci pour vos comms, je viens juste de le voir et j'étais comme Val emportée mais perdue ^^
Merci pour ces explications!
Juste une question : si le "cadavre" de Betty et Rita que découvrent n'est que Diane endormie, pourquoi Rita est-elle aussi choquée ? (en se rappelant que c'est le rêve de Diane)
Et sans vouloir critiquer vos explications à la fois pertinentes et éclaircissantes, n'est-il pas un peu réducteur de ne considérer que cette hypothèse ? (les 3 points d'Ariane me semblent indissociables)
Merci
J'avoue avoir compris que dal au films à partir du moment où elle ouvre la boite... L'hypothèse de l'histoire du rêve de diane me semble un peu confuse mais c'est certainement l'hypothèse qui l'est le moins... Ce serait pour ça qu'elle finit par sortir la boite de son sac? Parce qu'elle sait qu'elle rêve et q'elle en a assez de faire semblant? Oui mais pourquoi à la fin du rêve elle disparaît laissant Betty? Si c'est son rêve pourquoi Betty en prend possession?
Film très très étrange... Moi qui croyait qu'après inception, il ne pouvait y avoir de film plus compliqué.... je me trompais lourdement!
Blackeye et Bénichou ont raison. Toutes les explications sont dans les détails du film. Il n'y a qu'à faire attention à la clé et au cendrier chez Diane pour tout remettre dans l'ordre. Je suis étonné que personne n'a évoqué les deux "petits vieux" qui poussent Diane à se suicider à la fin. La vieille femme sympathise avec "Betty" à l'aéroport au début du rêve de Diane. Mais on apprend dans la réalité que ce sont son oncle et sa tante qui lui donné de l'argent pour l'aider dans ses début à Hollywood (scène du dîner dans la maison de Mulholland drive). Argent qu'elle utilisera pour payer le tueur à gage qui tuera Camilla. Ils représentent à priori sa culpabilité. D'ailleurs, on les aperçoit aussi dans le générique dansant du début en compagnie de Diane.
J'ai lu vos analyses à tous, fortes intéressantes, mais une zone d'ombre persiste toujours pour ma part; en effet, on peut rattacher tous les personnages de ce puzzle à quelque chose sauf les deux personnes qui sont dans le café au début du film, où l'un évoque son rêve de cet homme derrière le muret. D'ailleurs on le reverra plus tard à l'endroit où il disait avoir aperçu dans son rêve son (petit?) ami en train de payer l'addition debout devant la caisse, mais cette fois lorsque betty engage le tueur à gage. Qui sont ces 2 hommes et que représentent-ils, ça je ne le sais pas
Et si les deux hommes en question étaient les fameux 2 inspecteurs, qui dans le rêve sont représentés aussi de manière sublimés, justement anodines, sans importance - alors que dans la réalité il sont si important qu'elle les hallucinent en gnomes (sortant de la boîte qui s'ouvrait avec la clé bleue) et sont les initiateur d'un moment de folie qui poussera Diane à se suicider.puis qu'ils sont tous deux les aspects sur lesquels Diane s'endort:: la raison et la conscience. (elle n'écoute ni sa conscience, ni sa raison, mais plutôt se passionne et se berce d'illusions)Celui qu'elle revoit à la caisse du petit resto quand elle commande le meurtre, il représente la raison. Son acolyte qu'on ne voit qu'une fois et qui ira vérifier avec lui derrière le muret, est la conscience. La raison(de Diane) s'étant endormie, elle a engendré un monstre qui l'attend au détour. La conscience l'entrevoit. C'est la conséquence d'avoir assassiné Camillia (Rita).
"Le sommeil de la raison engendre des monstres" - (Goya)
Très bonne remarque Aymen concernant la conscience et la culpabilité, j'approuve totalement!
Miss Little: je pense que Camilla/Rita prend possession du rêve car elle a totalement pris possession de l'esprit de Diane. La preuve, Camilla est présente dans le rêve pratiquement à 100% et à son réveil, le café n'est même prêt qu'elle revoit des scènes vécues avec elle. De plus, elle se retrouve seule dans le rêve, mais elle porte la perruque blonde! Je vois ça comme le constat que Diane (qui est blonde) l'a dans la peau au point de ne plus pouvoir l'oublier ni supporter ce qu'elle a fait. Camilla est en elle pour toujours, ce qui rend Diane folle.
Il est d'ailleurs intéressant de voir le contraste entre les deux scènes d'amour. Celle du rêve est extrêmement tendre, sensuelle et érotique. La seconde est brutale, Diane cherchant uniquement à dominer celle qui la mène en bateau. Cette volonté de dominer Camilla (elle la chevauche, a un visage agressif et, on l'imagine, tente de la masturber) se retrouve donc dans le rêve ou Rita dépend totalement de Betty.
Autre chose: En revoyant le film cet été (au moins pour la 5è fois), j'ai enfin réalisé à quel point les personnages s'endorment souvent ou sont simplement dans un lit. Ria s'endort sous la table de la cuisine, puis affirme qu'elle a seulement besoin de dormir après sa douche (c'est ce qu'à dû se dire Diane qui a elle aussi reçu un choc à la tête de par cette culpabilité et le constat d'échec qui lui fait réaliser qu'elle ne peut vivre sans Camilla), les deux femmes s'endorment ensemble dans le rêve, le metteur en scène trouve sa femme au lit avec le laveur de piscine, la chanteuse tombe sur scène (mais peut-elle tombe-t-elle endormie)...
Une chose me revient: le cow boy affirme que s'il ne revoit pas le réalisateur, c'est qu'il aura obéi aux studios. S'il le revoit, ça sera pour se faire punir. C'est à peu près le discours du tueur à gage qui lui dit qu'elle obtiendra la clef quand le travail sera fait (mais sans revoir l'assassin). En cas d'imprévu, ils auraient eu à se revoir.
Je n'avais pas du tout pensé à l'éventualité que les deux hommes du café seraient deux policiers, mais c'est tout à fait plausible.
En relisant les commentaires, je tiens donc à souligner que chaque scène est importante, y compris (voire surtout) celle où le réalisateur découvre sa femme avec un autre puisqu'on comprend que Diane fantasme cette homme comme un être faible.
Désolé, je pars dans tous les sens, mais j'écris ce qui me vient sans structurer.
Une chose est sûr, c'est que ceux qui frappent à la porte et qui font paniquer Diane jusqu'à la faire se suicider sont les deux inspecteurs (surement chargés de l'enquête sur la mort de Camilla) dont parlait sa voisine au réveil de Diane. Même si le spectateur voit un autre niveau de réalité (le couple de vieillards qui représentent la culpabilité de Diane).
Merci pour vos explications !!!
)
Le film passe de super nul à méga génial grâce à cela :).
Pour les 2 inspecteurs, je pensais que c'était les 2 policiers qui discutent dans le rêve après l'accident de voiture au début du film car elle se base sur des détails de sa vraie vie pour son rêve.
Enfin, un autre scène m'a marqué, c'est celle qui où le tueur parle avec une prostitué et demande si elle pas vu une nouvelle brune sur le trottoir. Je me demande si c'est pas une manière subtil de dire que Diane a du se prostituer à Hooliwood ( c'est tiré par les cheveux c'est vrai mais bon, je vois des messages cachés partout maintenant
S'il subsiste encore des questions sur ce film , je vous conseille vivement de consulter ce site qui est très clair et répond à (presque) tout
=========>http://lmsi.net/Mulholland-drive-La...
Bonne lecture!
Magnifique ce Lynch, même si on ne comprends pas toujours ses oeuvres, ses films sont tellement saisissants! ce mystère, ce suspens, et la musique leur donnent une aura caractéristique, ses films ressemblent à des rêves bizarres ou des cauchemars qui représentent probablement le subconscient du personnage principal , l'interprétation de ses films n'est pas chose aisée, c'est d'ailleurs le souhait du réalisateur, quoique j'ai lu des interprétations très intéressantes au dessus, mais pour ceux qui croient que Mullholand Dr est un délire de drogué, je leur conseille de voir Inland Empire, juste pour comparer un peu
, là encore confusion totale qui dure près de 3h mais perso, je ne m'ennuie pas une seule seconde! Mes films préférés restent The elephant man et Wild at heart.
Merci pour ces éléments de réponse, j'avais une intuition mais je n'arrivais pas à aller au bout... Donc j'imagine que l'accident n'a jamais eu lieu... Camilla a été abattue par les tueurs à gage, puis Diane s'est suicidée par culpabilité. L'accident elle en rêve parce qu'il aurait pu empêcher la mort de sa dulcinée/ennemie...et alors elles se seraient retrouvées à nouveau...en tant que rita et betty...dans ses rêves.
Pour ceux qui désire TOUT comprendre à propos de ce film, allez voir cette page :
http://lmsi.net/Mulholland-drive-La...
tout y est expliqué au moindre détail sans rien laissé filer.
Je sais pas si ce sont LES bonnes explications, mais elles m'ont semblées très logiques.
Moi perso, quand j'ai vu le film j'ai rien pigé, et il me semblait bizarre qu'un film aussi "insensé" ai été aussi bien noté par les critiques, donc je me suis mis a cherché et c'est là que j'ai trouvé ces explications et que le "brouillard" s'est dissipé.
Avant tout merci à tous les posteurs précédents qui ont pris le soin d'expliquer ce film.
Pour ma part j'ai bien aimé une partie de ce film, même si je cherchais à comprendre les tenants et les aboutissants.
Bref, j'ai bien aimé jusqu'à l'ouverture de la boîte bleue. Ensuite c'est un grand n'importe quoi !
Et au final j'ai pensé que ce film était vraiment un grand délire de réalisateur sans intérêt.
Pouvez-vous m'expliquer comment le spectateur est sensé comprendre le délire du réalisateur ? (les trois quarts du film qui sont un rêve)
En fait après avoir vu le film, je suis tombé sur votre forum, car je cherchais à comprendre le film.
Et au final je suis vraiment déçu.
Même Tarantino avec son Pulp Fiction a fait quelque chose sans queue ni tête, cependant à la fin du film on le comprend dans son ensemble. Là ce n'est pas la cas.
Bref, comment pouvez-vous comprendre un tel film ? C'est moi qui suis débile ou bien ?
Black Eyes et Benichou nous ont effectivement éclairés sur beaucoup de points obscures. Merci à eux.
Pour ma part, concernant le monstre, je penses qu'il s'agit à nouveau, comme à plusieurs reprises dans le rêve, d'un transfert de personnalité entre Diane et les personnes qu'elle rencontre dans la réalité qui entoure Camilla, et que l'homme décédé de crise cardiaque à la vue du personnage n'est autre que l'intuition de sa mort prochaine (le monstre symbolisant la mort, le mur représentant la frontière entre ces 2 mondes que sont la vie et la mort).
A la fin du film, juste avant son suicide, Betty (à travers les yeux de la caméra) franchit ce seuil fatidique, signalant que son sort est désormais scellé...
Je viens de voir ce film et j'ai vraiment adoré mais j'ai ensuite voulu lire des analyses et explications de ce film. Je pense finalement que certes c'est intéressant de lire les analyses mais mieux vaut le faire soit même parce qu'on ne sera jamais vraiment à côté de la plaque c'est notre ressenti et en réfléchissant puis en le revisionnant on en arrive soit même à une explication. Je ne comprends pas comment on peut dire comme je ne sais plus qui qu'en lisant l'explication il était passé du stade: ce film est trop nul à: ce film est génial. Alors il faudrait que quelqu'un donne du pain à bouffer et voilà tu le bouffe sans réfléchir et tu ne peux ps apprécier un film à sa juste valeur s'il n'y a pas d'explications rationnelles? Qu'est ce qu'on en sait en fait que ceci s'explique par cela et ceci est le symbole de cela? Ce n'est que de l'interprétation, recevable et bien vu évidemment, mais ce n'est que de l'interprétation. J'imagine que cela peut frustrer des gens qu'aucune "explication" ne soit donné dans le film même, mais c'est là tout le génie du réalisateur et cela donne de la profondeur au film. Bref mieux vaut se laisser porter si l'on ne comprend rien et puis voilà c'est pas grave si l'on ne trouve pas de solutions valables aux questions que l'on se pose et si l'on pense que ceci s'explique ainsi et bien personne ne peut nous contredire mais ce n'est pas une meilleure réponse qu'une autre.
J'ai vu plusieurs fois ce film et waouh quelle claque !!!!
Bien évidemment, il n'est pas fait pour les personnes fans des intrigues bien carrées, bien expliquées, mais pour celles et ceux qui aiment se torturer les méninges ! lol
Après ces quelques visionnages, j'en suis toujours arrivée à la même conclusion : le rêve de Diane mettant en scène la vie dont elle fantasme et qu'elle ne vivra probablement jamais.
Diane est une femme qui souffre. Elle souffre de ses échecs professionnels et de son rêve hollywoodien qui ne se réalisera jamais. Elle souffre de son manque de personnalité qui la fait passer pour une fille complètement banale, celle qu'on ne remarque pas. Elle souffre de son amour inconditionnelle et sans limite envers Camilla qui la considère ni plus ni moins comme un bouche-trou et qui prend un malin plaisir à l'humilier. Elle souffre de sa jalousie envers cette dernière qui représente la femme fatale que tout le monde s'arrache dans tout domaine, celle qu'elle aurait aimé être.
Camilla n'est pas seulement le grand amour de Diane mais elle est la femme parfaite selon elle. Son admiration la rend complètement esclave et soumise. Elle l'aime autant qu'elle la jalouse et autant qu'elle la hait. Diane est prisonnière de Camilla et le seul moyen de pouvoir s'évader, c'est de s'endormir et de rêver.
Elle fait parti du monde du cinéma, du spectacle et donc elle rêve en grand comme si elle réalisait un film, de façon crédible, avec des personnages issus de réelles personnes qu'elle connaît ou qu'elle a juste croisées et qui l'ont marquée pour une raison quelconque.
Bien évidemment, elle est la principale protagoniste de ce film, elle tient le rôle d'héroïne, le rôle que personne ne veut lui confier dans la vraie vie. Forcément, elle s'invente de multiples qualités qu'elle ne possède pas et dénigre voir humilie les personnes qu'elle déteste (le réalisateur has been cocu, la concierge obligée de ramasser des crottes de chien, Camilla/Rita amnésique, complètement soumise à elle et totalement paumée).
Elle essaie de structurer son rêve (situation initiale, élément perturbateur, péripéties, dénouement, situation finale), raconte quelques détails et anecdotes des quelques personnages pour le rendre plus réaliste et lui permettre de s'y perdre complètement. Mais cela reste malgré tout un rêve, comme on en fait tous, avec beaucoup d'informations en peu de temps, avec parfois des choses plus brouillons que d'autres.