Le ton est donné ; il y aura une mise à mort, voire plusieurs, puisque les toréadors et les taureaux s’enchainent sur la piste (6 à Madrid, en deux heures), presque un coté industriel ou centre commercial.
Alors évidemment, le spectacle ne m’a pas amusée. Pas du tout. A coté de nous, beaucoup d’applaudissements espagnols, quand le picador blessait bien le taureau, et des huées presque générales quand il échouait. Mes mains de françaises avaient légèrement envie de faire l’inverse, et à quelques moments, au tout début, quand le taureau n’est pas encore blessé, j’ai espéré qu’il renverse l’un des hommes en piste (car ils sont plusieurs pour le tuer, quelle inégalité….), et qu’un homme au micro explique que l’animal a sauvé sa vie, et qu’on ne le tuera donc pas. Hélas, ça ne se passe pas vraiment comme ça… Aucun échappatoire, simplement, pour l’animal.

Au début, pour l’affaiblir, il y a deux picadors, c’est à dire deux hommes à cheval, encombrés d’une immense pique. Ils doivent blesser le taureau, pour faciliter le travail des suivants. Inutile de dire que j’ai crié une ou deux fois de peur que le cheval soit blessé ou tombe à terre sous le poids du taureau. Heureusement, le cheval est si carapaçonné qu'on se demande comment il réussit à mettre un pied devant l'autre. Le picador, j’y pensais pas, après tout, c’est lui qui a quand même choisi d’être ici, non ?

Troisième chapitre, après les picadors et les banderilles (hommes à pied qui font la même chose que l’homme à cheval, sauf que les piques sont plus petites), vient le tour du matador. A ce moment là, le taureau ne comprend déjà plus grand chose, il saigne, et redécouvre une nouvelle fois le leurre qui le conduit lentement vers la mort : ce n’est pas la couleur rouge du tissu qui le fait foncer vers celui-ci, mais plutôt le mouvement. Le matador agite donc son tissu et reste, lui, immobile. Pour le taureau, la menace, c’est donc ce petit bout de tissu. Il paraitrait même qu’au bout d’un moment (une vingtaine de minutes je crois), le taureau se rend compte de la supercherie. Il faut donc le tuer avant, bien sûr, pour conserver toute l’égalité entre l’animal et LES hommes, dont j’ai parlé ci-dessus…

Bref, l’art, le beau, je ne l’ai pas vu. J’ai vu des animaux en danger (les chevaux, parfois effrayés), j’ai vu des bonhommes arrogants qui se cambrent et se donnent en spectacle, et j’ai vu du sang, aussi, mais tout ça de très loin, heureusement, et voilà mon dernier conseil si un français veut voir une corrida : prendre les places les plus hautes possibles ; tout en haut, pour voir un peu l’architecture du lieu, et voir ce massacre de loin, très loin.
Autre solution : aller aux Etats Unis (Californie, Nouveau Mexique), où la mise à mort n’existe pas. On joue avec l’animal, on risque, mais sans piques et sans épées. Seul inconvénient: c'est un peu loin.


corrida 3
L'arène de Madrid, pas franchement remplie. Peut-être une explication: il paraitrait qu'on a vu des novices, et non de vrais matadors avec du métier.

corrida 4
Une troupe en piste.

corrida 2