Conduire à Paris. Mon activité favorite !
Tout commence un dimanche matin, dans le métro (il faut bien aller récupérer la voiture, garée près d’une station de bus où un clochard a élu domicile). Deux stations : quinze minutes. Il faut compter la panne de courant qui a immobilisé la rame plus de cinq minutes, et le changement de conducteur à la station d’après.
A coté de moi, des touristes enchantés. Les touristes, c’est comme les enfants : ils s’émerveillent de tout ce qui peut être nouveau, alors le métro ça leur plait, même si ça pue la pisse, même si ça rappelle presque à chaque station qu’il existe des gens à la rue et sans personne, même si c’est gris, gris, gris, et plein de vent.

Premiers pas dans la voiture : embrayage, accélérateur. J’ai fait vingt mètres, un vieillard en voiture m’insulte.
Ais-je commis une erreur ? Je m’interroge, je ne crois pas, mais on ne sait jamais.
Je ne réponds rien : surtout, ne pas s’énerver si loin du but.
Rendre le trajet paisible : mettre un peu de musique, tiens, mais que ça déconcentre pas…

Bois de Boulogne à vingt mètres : je crois que j’ai fait presque la moitié. Seulement, ça stagne. Des voitures de tous les cotés, un dimanche midi, c’est rare. Rare, mais c’est pour moi ! Le bois est paralysé : il doit avoir une course ou quelque chose. Des gens se trimballent avec des trucs Open Gaz de France, c’est peut-être ça.
Seule échappatoire : le périphérique… Ma deuxième bête noire après la place de l’Etoile, que j’ai choisi soigneusement d’éviter quelques minutes plus tôt.
Des fous qui roulent vite (chanceux : ils savent bien conduire, eux) et l’insertion qui demande une concentration extrême. C’est presque le moment de faire sa prière, mais je prends ma respiration, plutôt : lâcher le volant, à cet instant, serait critique.
Et là, je les vois, sur le pont : les coureurs, le marathon. Car marathon = bouchon. Je les pardonne, quand même, c’est pas tellement leur faute, il faut bien leur trouver un endroit pour qu’ils puissent courir, passion étrange…

Bonheur, enfin, d’être dans le bois : c’est tout droit, c’est tout simple, voilà Suresnes, le paradis, s’il n’y avait pas cet affreux cycliste qui me rattrape à chaque feu rouge et prend la moitié de la voie de droite (ma voie). Trois fois changer de file… Pour un vélo.

Plus que deux minutes et je suis arrivée. Je m’arrête gentiment pour laisser passer la voiture prioritaire (j’aime la priorité à droite, j’ai eu mon permis grâce à elle), et le conducteur n’avance pas. Je lui fais signe, c’est à lui. Il me fait signe à moi. Je fais signe à nouveau, il fait signe de plus belle. Alors je passe, parce que j’ai vraiment faim, et que derrière, il pourrait y avoir un bouchon, on ne sait jamais.
Conduire une voiture, finalement, c’est comme monter à cheval il y a quelques mois : on ne sait jamais trop si c’est priorité à droite, ou bien priorité à gauche.



Ma voiture préférée
Ma "voiture" préférée