Je me lance : inscription, pseudo. Je poste cinq poèmes. Assez différents. J’attends. Je suis notée, tout comme j’ai noté des textes pour avoir le droit d’être à mon tour notée.
Bilan de la soirée : j’ai gagné 0,35 dollars, et disséminé 5 poèmes qui me tiennent à cœur dans les mailles du net.
Je réfléchis : deux options se présentent. Continuer de donner mes poèmes en pâture pour espérer être lue, et plaire, ou arrêter là le désastre, et ne pas transformer tous ces textes personnels en instrument de rentabilité minime visible aux yeux de tous !
0,07 dollars le poème. Ne vous méprenez pas si je vous dis que même un seul de ces poèmes vaut plus de 0,30 dollars (pas de prétention ici !), tout simplement parce qu’émotionnellement, personnellement, ils n’ont pas de prix. Ils sont un petit bout de mon passé ; de bons moments, de mauvais. Je les partagerai plutôt ici, sur ce blog, où je contrôle tout, y compris l’esthétique, sur ce blog où les visiteurs n’ont pas à me mettre de notes, et où je n’ai pas à finir par devoir proposer tout ce que j’ai pu écrire. Je sélectionne. J’en garde bien au chaud, pour plus tard sans doute, pour jamais peut-être. On écrit aussi juste pour soi, quelquefois.
Les conséquences d’internet sur le rapport à l’écriture sont aujourd’hui flagrantes. Positives, mais aussi négatives.
Aujourd’hui, tout le monde peut être lu. Celui qui aime écrire peut être lu. Une chance, une vraie.
Deux manières : le blog, et ces sites qui proposent une petite rémunération quand les textes postés rencontrent du succès.
« Publier » sur internet, c’est facile. Et je me demande si la première conséquence n’est pas une publication trop rapide dans la plupart des cas. Préparer un concours de nouvelles, c’est relire pendant des mois les mêmes phrases, les transformer, reformuler, suivre un texte, le porter, attendre.
Aujourd’hui, en un après midi, celui qui veut poster peut tout poster… Cinq ans d’écrits, dix ans d’écrits…
Qu’en diraient Mallarmé, Hugo ou Flaubert ?
Que devient le milieu de l’édition « livresque », face à cette montée d’une édition internaute ?
Autant de questions qui m’intriguent.
Sans Internet, je n’aurais aucun retour d’aucun écrit, ou presque. Un rêve, cet internet.
Mais je mets en garde, aussi, ceux qui comme moi commencent à avoir une petite pile de créations sous leur lit ou bien au chaud dans leurs ordinateurs : ne pas tout mettre en ligne… Ecrire c’est aussi écrire pour soi. Rien que pour soi, ou pour ses proches.
Ecrire un poème, une nouvelle, un roman, c’est avoir envie, aussi, plus tard, de les réécrire, de les transformer, et pourquoi pas, de les soumettre à une maison d’édition, lorsque l’on sent vraiment qu’ils ont atteint leur propre perfection.
27
mar.
Internet et ses auteurs : une belle histoire d'amour?
Par Ariane le jeudi, mars 27 2008, 16:26 - Mes aventures
Tel est pris qui croyait prendre… ou presque ! Hier sur le blog, je vois une publicité qui a l’air plutôt alléchante : être rémunéré pour lire des textes, et parce que les siens sont lus. Pour le lot de personnes qui écrivent un peu, beaucoup, passionnément, ou même à la folie, l’annonce ressemble à un rêve.
Commentaires
Ben comme tu dis, le gros problème, c'est que maintenant tous le monde peut etre lu.... et y'en a qui devrai pas ! Enfin je dis ca, c'est méchant, j'écris pas particulierement bien, mais y'a bien pire, et ca fini par polluer le net.
C'est vrai Strabz, le net est pollué... Fautes d'orthographe, manque de contenu, faute de contenu, etc, mais ça ne me dérange pas tellement : à chacun de faire sa petite sélection. Et, contrepoids, y a aussi des choses très bien sur le net! des blogs sympas, des articles d'universitaires gratuits, aussi
Pas évident comme thème.
Qu'en pensent les autres auteurs qui passent par ici ?
Je pense aussi que ce qui est dangereux (surtout pour toi qui a une charge émotionelle forte avec ces poèmes) c'est que tu dois vaguement perdre ton droit d'auteur dessus... Il faudrait bien vérifier quand même s'il n'y a pas de clauses cachées qui leur permettre de vous rémunérer... et de les rémunérés :/
Ecrire sur internet, une exercice plus complexe qu'il n'y parait au premier abords. On écrit sur un lieu publique mais en même temps on écrit pour soi. Je connait cela avec mon blog. Il faut rester dans la légalité parce que toutes informations peut être reprise et diffuser à l'extrême alors que la plupart des écrit personnels reste lut par un cercle de proche (que la notion de proximité soit physique ou internautique).
Ecrire sur internet est en effet beaucoup moins anodins qu'il n'y parait ! Actuellement avec la vague de procédurier qui sévit sur internet (d'abord au USA et maintenant en Europe) et qui attends le moindre "dérapages" pour nous assigner en justice, il faudrais avoir un juriste derrière nous à chaque fois que nous rédigeons sur notre espace d'expression personnel.
En tout cas merci Ariane pour ce billet qui à le mérite de lancer le débat et la réflexion.
A bientôt,
Pierre
C'est vrai Pierre, écrire sur internet, c'est écrire avec précautions maintenant.
Merci pour ce commentaire, tu as raison de souligner le paradoxe entre écriture privée et écriture publique. On a d'ailleurs souvent tendance à l'oublier, je crois, mais être lu par les autres, c'est dévoiler à ses lecteurs une partie de soi.
Oui, écrire, surtout quand c'est sur un sujet qui nous touche, et/ou un sujet personnel, on se dévoile forcément un peu ou beaucoup.
Après on peut écrire sans révéler de grandes choses et déjà en montrer beaucoup à ceux qui nous connaissent. Quand j'écris sur un sujet personnel, quand je parle de moi, il y as toujours un côté publique. Qui lui est accessible par tout le monde et un côté un peu plus privée ou quelqu'un qui ne me côtoie pas au quotidien et qui me connait bien ne pourras pas comprendre.
Je pense que tout écrit personnel comporte une ou plusieurs clef de lecture et que chaque lecteur va, avec son vécue, sa connaissance de l'auteur, interpréter et comprendre différemment.
Une dernière chose, il faut absolument écrire pour soi. Ne pas essayer de "plaire à tout le monde", c'est peine perdu et il y aura toujours quelqu'un à qui ça ne "plairas pas".
Pour terminer je cite ma meilleure amie : "Ecrire c'est comme hurler en silence".
Pierre
Je rejoins Pierre, j'apprécie beaucoup ce qu'il a écrit.
Il ne faut pas oublier les droits d'auteurs : certains n'hésitent pas à voler des photos ou des textes personnels et à s'en attribuer les droits.
Je ne comprends vraiment pas cette mentalité : certains sont volontiers amoraux, d'autres savent qu'ils font « mal » mais n'ont aucun scrupule...
Si j'avais plus d'argent, je déposerai mes textes sans hésiter chez Copyright Depot, ou me les enverrais à moi-même en recommandés...
Donc de ce point de vue là, Internet est assez traître en regard des milliers d'utilisateurs qui y ont accès.
Pour en revenir à cette méthode que tu as expérimentée, je dirais qu'elle reflète bien l'air du temps : tout d'abord, j'ai l'impression qu'écrire devient une mode, que beaucoup « écrivent pour écrire » et non « pour être ».
Ensuite, une autre tendance : les gens se sentent seuls et sont prêts à tout, quitte à lire des textes pour être payés... et chercher la reconnaissance (car c'est bien là la vraie raison, je gage que lire les textes des autres en ennuie la majorité) en proposant les leurs.
Mais cela me fait penser à ce qu'on voit sur Skyblog : les trucs du genre « Je mets 10/10 à ton sky' au classement, passe voir le mien et note-le ! »
Sous couvert de sympathie internétique, on cherche son propre intérêt et on regarde à peine le travail des autres, on le surnote sans le lire, sans le noter sincèrement, etc.
Oui mais, où est la sincérité, l'intégrité ? Peut-on accepter de se complaire là-dedans ?
Je ne comprends pas... j'ai l'impression que beaucoup sont prêts à se compromettre pour avoir la reconnaissance : désormais, l'art de la personne n'est qu'un prétexte pour elle afin de devenir célèbre.
Quand bien même son art et sa personnalité n'ont aucun mérite. Et là est bien le pire. Certaines gens savent qu'ils n'ont aucun mérite, que « c'est trop facile », qu'ils se mentent à eux-mêmes, mais qu'importe, tant qu'ils se donnent l'illusion d'être aimés et reconnus.
Avant, l'on jugeait sincèrement les choses, on ne les survolait pas en se perdant dans la flagornerie, et on ne partait pas d'emblée artiste, on le devenait avec une reconnaissance authentique, jaugée.
À présent, l'égalitarisme dans le nivellement vers le bas semble avoir inversé la tendance.
Mais à côté de cela, il restera toujours des personnes intègres, qui ont compris que l'art n'avait pas de prix.
Je pense d'ailleurs qu'avant de chercher à gagner sa vie via son domaine artistique, il convient de le partager comme une partie de nous sans aucune autre recherche de profit que l'enchantement du lecteur.
Ensuite, si la reconnaissance se fait via bouche-à-oreille, pourquoi ne pas chercher à aller plus loin ?
Toutes ces considérations faites, je ne te blâme bien sûr en rien, Ariane : tu as fait l'expérience et en as tiré les conclusions que tu penses être justes, n'est-ce pas là le plus important ?
En fait, je pense que cela cache une autre problématique : qu'est-ce qu'un artiste dans nos sociétés modernes ? quelle est sa place ? comment le « reconnaît »-on ?
@Esis : je suis totalement d'accord avec toi, nous sommes dans une société de consommation ou les gens attendent qu'on leur livre tout sur un plateau, que toutes les informations soient pré-mâché.
Sans vouloir faire de publicité, sur Narcissique blog (mon blog), on souhaite mettre en avant le fait qu'on écrit pour le plaisir d'écrire, sur des sujets qui nous intéresse voir nous passionne.
On sait qu'on va être lut par quelques dizaines de personnes, mais le but est d'abord de se faire plaisir en écrivant dans un cadre sécurisé (le fait d'être plusieurs assure le nombre d'article pour fidéliser un lectorat et si on se fait injurier dans les commentaires (comme ça arrive de temps en temps) on est plusieurs pour réagir).
Notre fonctionnement (multi-auteur), permet d'échanger, de se critiquer mutuellement et de s'enrichir tout en faisant un seul bloc pour l'extérieur.
En même temps en temps que responsable du blog, je m'occupe de toutes la partie technique et je me contente pas seulement de mettre en avant ce que j'écris j'apporte mon soutient et "mes visiteurs" aux autres rédacteurs et inversement.
Bref, on as trouvé une manière de s'exprimer sans trop de contrainte (à par le respect de la loi française et le respect de nos lecteurs), et on se fait plaisir.
Je pense pas qu'il soit utile de publier mes textes sur un quelconque site qui utilise le principe de l'UGC (User Generated Content) très en vogue sur le web actuellement (web2.0 inside) et qui va se faire 100 fois plus d'argent que se que je pourrait prétendre avec ces quelques centimes.
Bravo à toi Ariane, de t'être rendus compte que ce que tu écrivais n'avait aucune valeur marchande, et que cela avait de la valeur à tes yeux. Parce que c'est une partie de toi !
Bon j'arréte là mon commentaire,
Pierre
P.S.: merci Ariane pour les réactions qu'encourage tes articles.
Merci pour toutes ces réactions. Ce genre de sites me parait intéressant à expérimenter pour se rendre compte par soi-même de leurs qualités et défauts.