Coppola est aux commandes de ce film mais on sent aussi deux références très nettes à deux univers : celui de Tim Burton avec des personnages comme Virginia ou les enfants, une esthétique noir et blanc gothique marquée par les contrastes de luminosité et le monde de David lynch avec les personnages présents comme le shérif et la mise en scène de la petite ville américaine qui rappelle par moment le traitement de Twin Peaks.
Cet univers ne fonctionne pas complètement : le rythme très lent, une fois le premier temps de surprise passé, rend le spectateur quelque peu extérieur. Val Kilmer qui joue le rôle de Hall n'apporte aucune dynamique et s'avère plus antipathique qu'autre chose même si Coppola le caractérise à de nombreuses reprises. Le souci c'est le côté flagrant de cette caractérisation avec une mise en scène et un jeu d'acteur trop voyants, qui, finalement, colle au monde d'épouvante mis en place.
Tout est excessif dans Twixt avec comme point de départ le fameux beffroi qui indique 7 ou 8 fois l'heure et dans la continuité les bouteilles d'alcool vidées et le traitement esthétique des personnages disparus. Rien d'étonnant, des lors, de croiser Edgar Allan Poe qui dans les rêves de Hall est son guide dans le monde du sommeil et de l'inconscient, hanté par le deuil.
L'utilisation du noir et blanc dans les séquences rêvées permet une mise en scène réellement fantomatique avec des êtres d'une blancheur lumineuse, dans le décor sombre de la forêt. On est dans le cinéma de la vision, le cinéma du rêve.
Pour décrypter Twixt, il faut mettre à plat plusieurs événements et plusieurs époques, mais aussi la frontière entre rêve et réalité, film et histoire du roman : « L'exécution du vampire ». Le film se concentre finalement autour de Hall qui n'arrive pas à faire le deuil de sa fille, morte par accident lors d'une promenade en bateau avec ses copains. Ainsi, Hall retranscrit cet horrible événement dans le livre qu'il écrit : il y a le lac, les jeunes qui vivent près du lac, conduits par Flamingo et jugés dangereux par les adultes, les enfants innocents qui sont assassinés et la remise en cause du modèle d'autorité à travers les figures du shérif et du prêtre. Par cette remise en cause, Hall indique son sentiment de culpabilité.
Le temps détraqué dans Twixt, c’est une ode à l’être cher, un dernier espoir de le retrouver en remontant le temps, de comprendre, le signe d’un monde qui ne tourne pas rond aussi.
Mon avis sur Twixt de Francis Ford Coppola
Plutôt qu'un pur film de genre sur les vampires et les fantômes, Twixt est en réalité un film sur la mort et le deuil, vécu par Hall, par Poe aussi et par Coppola, qui livre un film très personnel aux explications multiples. A la fois série B et grand film, Twixt est une étrange combinaison, qui associe au glauque la poésie, dans un monde où l’innocence et la beauté sont vouées à disparaitre.
Bande annonce Twixt de Francis Ford Coppola
Twixt de Francis Ford Coppola
Par Ariane le dimanche, avril 15 2012, 20:56 - Films à l'affiche
C'est l'un des films les plus complexes de ce début d'année : Twixt de Francis Ford Coppola est un film d'épouvante qui mêle passé et présent dans une petite bourgade américaine affublée d’un beffroi hanté et de personnages hors du commun.
Hall Baltimore (Val Kilmer) est un écrivain spécialisé dans les romans de sorcellerie, qui fait la tournée des petits patelins américains pour vendre son livre et signer des autographes. Il y rencontre le vieux shérif Bobby Lagrange, un drôle d'oiseau qui l'emmène de suite à la morgue pour lui montrer le cadavre d'une jeune fille qui pour lui fait écho à un massacre d'enfants perpétré il y a de nombreuses années. Le but du shérif est clair : pousser Hall à écrire une histoire avec lui, qui s'inspire de ces terribles événements.
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7.8/10
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