L’incarnation du bon est devenue le mal : Sang Hyun – au prénom explicite – boit le sang comme du petit lait et, peut-être pire encore, est envahi de pulsions sexuelles irréfrénables. Il ne peut alors résister à Tae Joo, une étrange jeune fille à l’existence morne, qui vit entre un mari benêt et une mère directive. Les scènes d’amour sont particulièrement réussies, mêlant dans une même étreinte la soif de désir amoureux et le désir du sang.

Thirst, ceci est mon sang, est dans le sentiment. Exacerbé. Il y a le rire, ou encore les tortures de l’esprit : Thirst est un drame vampirique.
Mais étrangement, le spectateur reste comme imperméable aux sentiments, aux émotions. Ce ne sont pas les personnages qui nous vampirisent, mais plutôt l’esthétique, soignée et maîtrisée.
Park Chan-Wook est à la recherche de l’ultra symbolique, un dénominateur commun du film de vampire, souvent poussif, exercé ici dans tout son art. Thirst (la soif) est obsédé par l’élément liquide. Le sang est une rivière, qui laisse ensuite sa place à un lac et enfin à la mer : la soif, c’est cette part insatiable de nous qui nous pousse jusqu’à nos plus grandes limites, qui nous projette dans l’infini. C’est aussi le meurtre.

Park Chan-Wook livre ici un récit initiatique, non dénué d’humour noir, le mari de Tae Joo, avec son sourire niais constant, y participant grandement.
La thématique du vampire attiré par une femme, largement employée dans le film de vampire, est traitée avec une belle originalité : au sein d’une famille coréenne, le nécessaire respect de Tae Joo à tous, décortiqué dans les scènes de Mah Jong, crée une sorte de vampirisme annexe, dont la jeune femme est victime, n’attendant qu’une chose : vampiriser elle-même.

Thirst, ceci est mon sang, est long, trop long. Mais la dernière demi-heure du film, instaurant au sein du film de vampire une pincée de road movie poétique, saura rassasier les spectateurs restés sur leur faim.


Note Thirst, ceci est mon sang, Park Chan-Wook, 6/10
La distance entre le spectateur et les deux personnages principaux est trop importante pour se laisser aller véritablement à l’histoire et aux sentiments. Thirst se regarde, mais sans jamais vampiriser.


Bande annonce Thirst, ceci est mon sang