Le job est bien payé, le successeur de McMara part donc en avion vers l'île américaine battue par les vents où le premier ministre, sa femme et ses conseillers les plus fidèles vivent, reclus dans une maison en brique aux baies vitrées immenses, gardant en sécurité et farouchement Adam Lang et l'unique exemplaire de ses mémoires.

The Ghost Writer est un vrai casse tête international, une torture politique dont on croit toujours distinguer qui manipule qui, en se trompant, systématiquement.
La vraie complexité du scénario ne perd néanmoins pas le spectateur puisque la suite des événements et de l'enquête s'enchainent avec une belle aisance. C'est plutôt à la sortie du film que les questions se posent, The Ghost Writer invitant à penser les rapports entre les pays occidentaux d'une manière plus mystérieuse et fantomatique. Qui est fantôme dans The Ghost Writer ? La réponse à cette question est la clé du film.

Le film de Polanski a quelques ressemblances avec Shutter Island : une île dans les deux cas, à chaque fois inhospitalière au possible. Dans The Ghost Writer, il pleut dès que le héros met un pied dehors et les nuages menaçants ne laissent jamais le soleil apparaître. Tout semble arrêté, hors du temps, sur une île qui a tout de l'île maudite.

Les personnages ne sont pas plus solaires : l'ancien premier ministre, accusé de crimes contre l'humanité reste insaisissable, sa femme bafouée et affaiblie est en pleine dépression, sa maitresse blonde, efficace, mais rigide et froide. Même les domestiques, omniprésents, tels des fantômes qui poursuivraient le successeur de McMara sont travaillés avec une étrangeté et une complexité qui resserrent encore davantage l'étau. De la même manière, la ressemblance entre Adam Lang et son nègre ramène au premier plan la thématique du fantôme, Polanski jouant habilement à la distiller sur l'ensemble des personnages.

Si The Ghost Writer privilégie l'épaisseur et l'opacité de la narration et des personnages, le film n'est pas dénué d'humour, mettant au premier plan un humour noir et grinçant, dans les scènes de nuit entre le nouveau nègre et Ruth la femme de Lang ou encore dans les réflexions des personnages, le ministre Rycart s'interrogeant par exemple sur la peur qu'a le nouveau nègre d'être noyé : les nègres ne sont pas comme des chatons que l'on noie les uns à la suite des autres...

Mon avis sur The Ghost Writer de Polanski : 8/10
The Ghost Writer est un thriller sur le mensonge et la manipulation dans les hautes sphères politiques. Le statut de nègre, interrogé à plusieurs reprises par le film, devient alors encore plus fantomatique : s'agit-il d'écrire en tenant compte simplement des indications de l'homme qui est le sujet du livre ou s'agit-il d'enquêter sans se faire voir pour proposer une version plus vraie et plus dangereuse aussi ?
Enfin, n'oublions pas la réceptionniste, qui malgré peu de répliques, occupe dans The Ghost Writer une place très à la mode !


Bande annonce The Ghost Writer de Polanski