Bora (interprété par Samir Makhlouf charismatique et fantastique) est un adolescent dont la vie se décompose entre la bande du quartier et sa famille : sa mère, prête à tout pour donner à ses enfants une chance de réussir dans la vie et son petit frère qui le suit comme son ombre.
Un jour, après l’arrestation musclée d’une jeune femme par la police, un groupe de jeunes se défoule sur une voiture à gyrophare dans laquelle vient d’entrer un médecin. Chacun y va de son projectile, et c’est finalement Bora, à qui on tend une bouteille enflammée, qui met le feu à la voiture. Tandis que ses amis s’enfuient, Bora accourt vers la voiture et sauve in extremis le médecin.

L’événement est tout de suite médiatisé, et avec un médecin tombé dans le coma, le syndicat des urgentistes menace de faire grève. La police, de son côté, tente le tout pour le tout pour retrouver l’incendiaire, le chargé de l’enquête étant le frère dudit médecin.

Tête de Turc est à la fois un drame social et un thriller sur la conscience, porté par des personnages et un casting à deux vitesses.
La famille de Bora sonne juste et émeut, grâce à la prestation de Ronit Elkabetz en mère dure et droite et de Léo Elbé en petit frère qui suit Bora comme son ombre.
Les personnages autour de cette famille sont hélas construits à gros traits : le gentil docteur compréhensif, le policier obsédé par la vérité et ses tragédies personnelles, et pire encore le mari justicier déconnecté de la réalité. Pascal Elbé évite les clichés sur la cité mais se perd dans la caricature des personnages secondaires. Certaines scènes ne trouvent pas le ton juste, particulièrement dans certaines relations entre adultes et entre Bora et sa copine.
L’absence des pères est par contre traitée avec discrétion et pudeur : en filigrane, le besoin d’aller vers la figure paternelle se dessine constamment, qu’il s’agisse du vrai père ou de l’adulte sur son chemin.

La mise en scène, trop appuyée, gêne : le début du film, avec une caméra sans cesse en mouvement, étourdit sans art et les fondus au blanc qui strient le film coupent son rythme sans raison véritable. A l’opposé, c’est quand la caméra se pose qu’une dynamique survient.

Le personnage de Bora, confronté à diverses pressions (police, mère, jeunes) doit faire face à un choix de conscience sans arrêt repoussé. Va-t-il réussir à se dénoncer et décevoir sa mère ? Choisira-t-il de salir sa conscience ? Pascal Elbé filme avec émotion ces hésitations, ces tentatives d’aveu sans cesse reportées ou non écoutées.


Mon avis sur Tête de Turc : 6/10
Tête de turc surfe sur la vague de l’effet papillon, à tort sans doute : la partie la plus réussie du film ne repose pas sur ce concept. Il s’agit plutôt d’avoir trouvé un ton juste et nouveau pour parler de la cité et de ses habitants. En d’autres termes : le drame social est plus réussi que le thriller.

Tête de Turc sort au cinéma le 31 Mars. Je remercie Way to Blue pour cette découverte en projection presse.


Bande annonce Tête de Turc de Pascal Elbé