Pour un premier film, Fabrice Gobert s'en tire avec les honneurs : scénario original, casting juste et émouvant avec une bande de jeunes impeccables, BO rock-new wave qui colle à l'atmosphère étrange du film.

On est face à un film ovni au niveau du genre. Proche du slasher au début du film notamment (premières minutes de nuit, fête organisée, un cadavre entr'aperçu dans un bois), le film se rapproche ensuite du drame adolescent : la mélancolie plane, rappelant des films comme Virgin Suicides. Le mal être de cet âge est exploré, tout comme les désirs et les rêves (partir, l'amour). Classique, mais joliment mis en scène.

Fabrice Gobert ne cache pas ses références : si Twin Peaks s’invite ça et là (un bel ado, pendant de Laura Palmer disparaît dans un bois), Elephant est omniprésent : personnages qu’on suit dans leur vie quotidienne, quelquefois filmés de dos, thématiques de l’homosexualité et du jeu vidéo.
Le parallèle est si fort que l’originalité du film en prend sans doute un coup. Pas si grave : la fin est là pour rappeler que Simon Werner a disparu est bel et bien un film français, fier de prôner un réalisme au fait divers simplissime.

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Du réalisme, le film n’en manque pas : Fabrice Gobert dépeint avec justesse le monde de l’adolescence, celui où les copains sont tout, mais auxquels on ne dit pas tout, celui où les premières amours sont plus que jamais hors de tout contrôle.

Mais Fabrice Gobert laisse sur le coté de la route des propositions qui dans le film restent à l’état d’ébauche : la piste du mensonge de la caméra subjective avec des scènes que nous revoyons mais dans lesquelles un mot du dialogue peut changer (si légère qu’on pourrait presque se demander s’il ne s’agit pas d’une erreur dans le choix des scènes au montage), la thématique de l’homosexualité extrêmement diffuse. Ces différentes pistes, tout juste frôlées, laissent la désagréable sensation d'un éparpillement, avec un film qu'on aurait voulu plus long.
Paradoxalement, la fin de Simon Werner a disparu aurait pu être écourtée, la scène de fin reprenant des clichés vus et revus, dans une atmosphère qui n'a plus rien à voir avec les scènes précédentes.


Mon avis sur Simon Werner a disparu de Fabrice Gobert : 7/10
Fabrice Gobert est un nouveau réalisateur à suivre : avec des références comme Twin Peaks et Elephant, un maniement des genres et un scénario originaux, associés à un certain sens du casting, Simon Werner a disparu est un film étrange et intéressant sur l'adolescence.


Bande annonce Simon Werner a disparu de Fabrice Gobert