Franck ouvre le bal dans Pusher. Il est un jeune dealer qui s'endette après un gros coup raté. Nicolas Winding Refn réussit à la fois le pari de créer un film qui s'assume, à la mise en scène coup de poing et réaliste tout en conservant une pointe d'ironie et de cynisme qui rend les situations souvent cocasses. Franck perd ainsi toute la drogue qu'il devait vendre car poursuivi par la police, la seule solution qu'il trouve est de se jeter à l'eau pour la faire disparaître.
Dans Pusher, les héros passent de sales quarts d'heure et le rendent bien aux autres personnages : la thématique de la vengeance est omniprésente. Sorti de garde à vue, Franck est poursuivi par Milo, le propriétaire de la drogue (et le personnage principale du troisième opus : L'ange de la mort).
Le spectateur est happé dans un milieu insalubre et malsain, qu'une musique rock très prononcée vient appuyer, jusqu'à une extrême stylisation, quelquefois à la limite de la faute de goût.
Tonny est le héros du second film : Du sang sur les mains. Il sort de prison et le retour à la réalité est rude : son père (un chef de gang) le déteste et lui préfère un jeune qui travaille avec lui. Tonny apprend aussi qu'il a eu un bébé. La maman est une prostituée qui n'a pas grand chose à faire de sa progéniture qui l'embête plus qu'autre chose.
Ce deuxième volet, tout aussi noir et sordide que le premier s'intéresse aux liens de la famille, souvent disloqués et inexistants. Cette famille, elle gravite autour de Tonny : son père, sa mère, la mère de son enfant, son enfant. Dans Pusher, les femmes sont des prostituées, des droguées, et les hommes des gangsters qui n'ont pas peur de dealer, voler ou tuer. La présence d'un bébé dans ce contexte malsain est à la fois une figure de pureté, d'innocence et d'étonnement.
Du sang sur les mains s'enfonce clairement un peu plus dans la sauvagerie humaine.
Mads Mikkelsen, qui joue le rôle de Tonny est la révélation du film : son personnage un peu bête se révèle attachant, comme plongé par erreur dans un monde de brutalité et de puissance qui n'est plus vraiment le sien. On sent déjà une petite touche de Bronson chez ce personnage : sa bêtise n'est jamais loin d'une certaine forme d'art ou de philosophie silencieuse.
Pusher 2 est de loin le plus abouti des trois films, poussant à son paroxysme les situations malsaines et une mise en scène stylisée et noire.
L'ange de la mort est le plus gore des trois. On retrouve Milo, le trafiquant de drogue du premier film. C'est le jour de l'anniversaire de sa fille et il n'a pas de temps à perdre : entre sa réunion avec d'autres drogués anonymes pour arrêter la drogue (un dealer qui fait une cure de désyntoxication autour de personnes qu'il fournit encore peut-être sans le savoir - quoi de plus cynique), le repas pour 50 personnes qu'il doit préparer pour sa fille, ses deals qui se complexifient et des jeunes qui rêvent de le rayer du paysage, la journée s'annonce un enfer. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu et c'est avec un mélange de pitié et d'émotion qu'on regarde la journée de Milo se dérouler.
Certaines scènes sont très crues : Milo assiste à la tentative de vente d'une jeune femme et de son passeport à bon prix, et la dernière demi-heure de film plonge dans le bain de sang. Sous l'emprise d'héroine et de speed, Milo fait appel à un ancien ami pour l'aider à se débarrasser de deux cadavres bien gênants. Le tout se passe dans son restaurant. La thématique de la cuisine est comme prise dans un flashback avec le dépeçage d'un corps humain. Il faut avoir le coeur bien accroché pour regarder L'ange de la mort en une seule fois.
Avec Pusher, Nicolas Winding Refn signe une trilogie maîtrisée dans laquelle la violence et les liens familiaux vont crescendo. Un petit bijou réaliste et dopé a fait sa place dans le film de gangster.
Bande annonce de la trilogie Pusher de Nicolas Winding Refn
Pusher, dur dur d'être un dealer
Par Ariane le mercredi, avril 20 2011, 23:34 - Sorties DVD
Avec Bronson puis Le Guerrier silencieux, Nicolas Winding Refn est devenu l'un des jeunes réalisateurs à suivre. Mise en scène de virtuose, scénarios et personnages qui réinventent les genres auxquels il s'attaque (film de gangster, film d'action, film de prison), acteurs typés et atypiques : on retrouve ce cocktail dans Pusher, une trilogie qu'il a réalisé en 1996, 2004 et 2005.
Ces trois films (disponibles en DVD) ont comme point commun le milieu de la mafia de l'est, spécialisée dans le trafic de drogue. Chaque film se concentre sur un personnage en particulier - qu'on peut croiser ou recroiser à certains moments de la trilogie - un homme à chaque fois, dans la combine du trafic de drogue et autres activités peu recommandables.
Commentaires
Bonsoir Ariane, je ne peux qu'aller dans ton sens. Cette trilogie m'avait emballée lors de sa sortie un été sur grand écran. J'en redemande des films comme ceux-là. (voir mon billet du 20/06/07) Bonne soirée.
@dasola : J'aurais bien aimé les voir sur grand écran !